M.-C. Cavecchi : « Le Département est utile, c’est la collectivité de proximité par excellence »

Marie-Christine Cavecchi décrit ses priorités et revient sur les tensions avec l’Etat, en matière de financement des compétences sociales notamment. La présidente du conseil départemental du Val d’Oise détaille les projets d’investissement d’une collectivité à la démographie galopante.

Quelles sont vos priorités ?

Je le savais déjà, mais j’ai constaté encore davantage, en accédant à la présidence, à quel point l’institution fonctionne bien, avec des directions et des services très performants, dévoués. Cela dit, ma priorité c’est l’insertion, l’action sociale, cœur de métier des Départements. Les collèges constituent également une de nos compétences majeures et nous sommes engagés dans l’accompagnement du dynamisme démographique des communes et la qualité des conditions d’éducation. L’aide directe aux projets des communes me semble, elle aussi, et très logiquement primordiale. Enfin les routes représentent également un enjeu majeur pour le quotidien des habitants.

Marie-Christine Cavecchi

« 3 milliards d’euros d’investissement privé, c’est une chance unique pour l’est du Val d’Oise qui concentre les difficultés économiques et sociales », estime Marie-Christine Cavecchi à propos du projet EuropaCity. © JGP

Où en sont les actions de défense des départements franciliens ?

Le sujet du Grand Paris semble en dessous de la pile des dossiers du gouvernement. La dernière action que nous avons menée pour montrer une nouvelle fois les capacités d’action utiles des Départements a consisté à proposer un fonds d’investissement commun à l’ensemble des Départements d’Ile-de-France. L’idée de ce fonds serait de soutenir des projets qui nous intéressent collectivement, notamment en direction des deux départements les plus pauvres que sont la Seine-Saint-Denis et le Val d’Oise. Les Yvelines et les Hauts-de-Seine créent une maison de l’autisme ensemble, c’est un bon exemple de mutualisation.

Vous défendez l’idée d’une métropole régionale ?

On peut, en effet, imaginer une métropole à l’échelle régionale et non étriquée sur la petite couronne. La Région pourrait, par exemple, organiser le logement sur toute l’Ile-de-France, veillant à une meilleure répartition. Aujourd’hui, les établissements publics territoriaux – qui se sont ajoutés aux communautés d’agglomération – font de l’aménagement du territoire chacun dans leur périmètre. Les Départements exercent, au contraire, des compétences de proximité qui ont un impact immédiat sur les habitants, mais ils sont aussi capables de contribuer puissamment au rééquilibrage des territoires.

Vous soutenez EuropaCity ?

Naturellement, car ce projet génèrera de nombreux emplois sur le territoire. 3 milliards d’euros d’investissement privé, c’est une chance unique pour l’est du Val d’Oise qui concentre les difficultés économiques et sociales ! J’estime qu’EuropaCity se montre relativement souple dans la conception de son projet. Ses dirigeants comptent accueillir les réserves muséales du centre Pompidou, dans le cadre d’un projet culturel et scolaire qui bénéficiera à tous les habitants du département. C’est une excellente chose.

Quel regard portez-vous sur le report du calendrier de la ligne 17 ?

Trois ans de retard – de 2024 à 2027 – pour la seule gare du Grand Paris express dont le Val d’Oise bénéficiera, ce n’est pas acceptable. D’autant qu’il faudra attendre 2030 pour que la ligne 17 rejoigne Roissy. On nous dit que ce report provient de difficultés financières, puis que les ressources humaines formées pour faire avancer les chantiers sont également limitées. Sauf qu’en même temps, l’Etat soutient le projet du CDG express pour lequel il a annoncé qu’il accordera un prêt substantiel d’1,7 milliard d’euros !

Quelles spécificités pour le Val d’Oise dans le Grand Paris ?

Nous souhaitons notamment développer le tourisme, international certes mais aussi à destination des Franciliens. Le Val d’Oise, aux deux tiers rural, est un département très atypique. 80 % de la population réside sur 20 % du territoire. Il est souvent décrit comme une petite France, la zone dense à l’est et le Vexin français à l’ouest. Le futur de Paris, c’est le Val d’Oise.

Vous poursuivez le développement de votre campus international ?

Je souhaite, en effet, mener le campus universitaire international de Cergy-Pontoise à son terme. Il s’agit d’un projet liant l’université publique et des grandes écoles privées, ces dernières dans le cadre d’une Comue, créée en 2012 avec des établissements tels que l’Essec ou l’Ecole internationale des sciences du traitement de l’information (EISTI). Cette communauté s’étend jusqu’à Versailles. Nous voulons figurer, dans dix ans, parmi les 100 premières structures universitaires au plan mondial. Au service de ce projet ambitieux, le campus vient de décrocher un financement de 8 millions d’euros par an au titre de l’Idex (Initiative d’excellence). Nous créons actuellement, par ailleurs, un lieu nommé « La turbine », qui ouvrira en 2019, où l’on va pouvoir accueillir des entrepreneurs, des start-uppers, des étudiants mais aussi du public.

Quelle est votre politique en matière d’insertion ?

Le Département dénombre 31 800 bénéficiaires du RSA au 30 septembre 2017. Notre objectif est de les aider à quitter le plus rapidement possible cette situation précaire grâce à un accompagnement sur mesure avec nos associations, entreprises et partenaires. Nous examinons aussi la question de savoir si tous souhaitent réellement trouver un emploi. Les bénéficiaires du RSA qui ne souhaitent pas travailler se voient supprimer temporairement leurs indemnités. Au bout de trois mois, nous réexaminons leur situation et signons avec eux un contrat leur précisant leurs droits et leurs devoirs. Nous avons mis en place, par ailleurs, le dispositif EVA (entrée dans la vie active) qui s’adresse à des jeunes entre 16 et 25 ans ayant un projet professionnel et pour lequel ils ont besoin d’un coup de pouce.

Comment se porte votre budget ?

Grâce à un pilotage très précis et très rigoureux, nous avons pu augmenter l’investissement du département cette année en poursuivant notre désendettement, grâce à des économies de fonctionnement substantielles, que je souhaite poursuivre. Notre budget d’investissement s’élève à 240 millions d’euros en 2018, dont 137 pour des investissements physiques, de routes, de collèges, de construction et d’entretien de bâtiments. L’aide sociale représente 48 % de notre budget de fonctionnement.

Quels sont vos grands projets d’investissement ?

Nous réalisons aux côtés de la Région un grand plan d’investissements routiers, notamment pour faire sauter les bouchons. Dans ce plan, un investissement de 5 millions d’euros pour le contournement de La Chapelle-en-Vexin sur la RD14 en direction de Rouen. Un grand réaménagement au niveau de la patte d’oie d’Herblay. Nous allons également créer une nouvelle sortie d’autoroute sur l’A15. L’opération-phare est l’avenue du Parisis à l’est du Val d’Oise, pour desservir le triangle de Gonesse. Le total de toutes ces opérations du plan route s’élève à 164,8 millions d’euros. Nous allons construire un collège, en 2018, à Cormeilles-en-Parisis, où s’élèvera un nouveau quartier en bord de Seine. Un autre collège est programmé pour 2019 au Plessis-Bouchard. La population du Val d’Oise a augmenté de 500 000 personnes en 20 ans. Nous accueillons 4 000 collégiens de plus chaque année dans nos collèges. Nous allons aussi construire une nouvelle maison de l’enfance, qui représente un investissement de 11 millions d’euros. Elle ouvrira en 2021.

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