L’office HLM de Bobigny travaille sur son plan de sauvetage

L’office public de l’habitat de Bobigny, qui gère 4 000 logements, va demander une hausse de 5 % du montant des loyers à ses locataires et mobilise ses partenaires face à une situation financière alarmante. Une douzaine de plaintes ont été déposées au tribunal administratif contre l’équipe en place sous la précédente municipalité.

L’OPHLM de Bobigny (Seine-Saint-Denis) se trouve face à une crise financière sans précédent. « Nous sommes confrontés à un autofinancement négatif de 60 % », résume Mohamed Aïssani, le président de l’office. Soit un déficit de 12 millions d’euros, colossal pour un office qui gère quelque 4 000 logements.

La nouvelle gouvernance de l’office avait dû patienter quelques mois avant d’accéder aux responsabilités, suite à la défaite de l’ancien maire, l’UDI Stéphane de Paoli, face à son rival communiste Abdel Sadi. Elle a donc découvert l’étendue des dégâts en arrivant aux affaires… Pour faire face à ces difficultés exceptionnelles, l’organisme va demander, pour 2022, une augmentation de loyers de 5 % à ses locataires.

L’hôtel de ville de Bobigny. © Jgp

Mohamed Aïssani, le président de l’office de l’habitat de Bobigny. © Jgp

La nouvelle municipalité renégocie actuellement son protocole avec la Caisse de garantie du logement locatif social (CGLLS) et devrait percevoir prochainement 3,5 millions d’euros à ce titre. « Une somme dont la CGLLS avait suspendu le versement, car la précédente équipe n’avait mis en œuvre aucune des contreparties exigées, ni l’augmentation des loyers demandés, alors de 1,2 %, pas plus que la rationalisation des frais de fonctionnement », indique le président de l’office. L’OPHLM va céder des baux commerciaux pour renflouer également ses caisses et geler les salaires au cours des deux prochaines années.

Une enquête de l’Agence nationale de contrôle du logement social (Ancols) est en cours, tandis que la nouvelle équipe de l’OPHLM a déposé une douzaine de plaintes auprès du tribunal administratif de Bobigny pour détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêt et faux et usage de faux notamment.

Jouer sur les provisions de charges

8,5 millions d’euros de travaux non réalisés et 3 millions de travaux impayés figurent parmi les irrégularités dénoncées. « On peut citer 900 000 euros de travaux payés mais jamais effectués pour la réfection des halls d’immeubles de la cité Berlioz, indique Waly Yatera, maire adjoint à l’habitat, 669 000 euros pour les mêmes travaux non-réalisés à la cité Paul-Vaillant-Couturier ou 765 000 euros à la cité Salvador Allende ».

L’OPHLM va tenter d’alléger l’effort demandé aux locataires en jouant sur les provisions de charges. « L’office provisionnait un montant de charges excessif auprès des locataires, aboutissant à ce que 1,6 million d’euros leur soient remboursés à ce titre en fin d’année, ce qui est exorbitant pour un organisme de notre taille », indique Mohamed Aissani.

La municipalité de Bobigny a soutenu l’office à hauteur de 1,5 million d’euros en 2020 et 2 millions d’euros en 2021. La Banque des territoires étudie, de son côté, les modalités d’un rééchelonnement de la dette de l’office, dans le cadre d’un dialogue renoué avec ses dirigeants. L’OPHLM intégrera, dès 2023, la Société de coordination Habiter Est Ensemble, avec les offices de Bagnolet, Bondy et Montreuil.

De son côté, Jonathan Berrebi, l’ex-président de l’office, a déposé plainte, dès novembre 2020, pour « dénonciation calomnieuse » contre l’office et son successeur.

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