Législatives – Interview croisée Aurélien Taché vs Victorien Lachas 

Aurélien Taché (ex-LREM), qui porte désormais les couleurs de la Nupes, affrontera Victorien Lachas (Ensemble !) dans la 10e circonscription du Val d’Oise. Les deux candidats ont répondu aux mêmes questions. Interview croisée.

Aurélien Taché – député sortant ex-LREM devenu Nupes – est en tête dans la 10e circonscription (Cergy Nord, L’Hautil moins la commune de Neuville-sur-Oise) avec 32,85 % des voix au premier tour devant Victorien Lachas (23,46 %). Climat, solidarité, Grand Paris, les deux challengers ont répondu aux questions du Journal du Grand Paris.

Aurélien Taché et Victorien Lachas. © DR / jgp

Pourquoi faudrait-il voter pour vous ?

Aurélien Taché (Nupes) : Parce que je crois que, malheureusement, Emmanuel Macron a fait la preuve de son échec, depuis cinq ans qu’il est aux responsabilités. Il n’y a pas eu d’améliorations dans la vie quotidienne et concrète des gens, et notamment là où je suis élu, à Cergy-Pontoise. Les salaires n’ont pas augmenté. Le prix de la vie par contre, lui, a augmenté, les loyers aussi. Les transports et les services publics ne se sont pas améliorés. Avec la Nupes, et avec Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, tout cela va changer.

Victorien Lachas (Ensemble !) : Parce que nous vivons des période troublées. Par conséquent, il me semble important que le président de la République ait une majorité stable. Il me semble également important, pour renouer un lien de confiance entre les citoyens et leurs représentants, d’avoir à l’Assemblée des élus locaux impliqués. Le député est bien un élu national, mais il doit rester un élu de proximité. Un élu qui connaît ses habitants, son territoire. Ce qui n’est pas forcément le cas du député sortant.

On reproche à la majorité sortante son inaction climatique. Quelle est votre position sur la transition écologique ?

Aurélien Taché : Effectivement, le gouvernement d’Emmanuel Macron a été condamné par la justice à deux reprises pour inaction climatique. En effet, des engagements pris lors de la signature de l’Accord de Paris ne sont pas respectés par la France. Cela pose un vrai problème. Il n’a pas tenu davantage son engagement d’interdire le glyphosate et les pesticides, qui pourtant empoisonnent nos enfants et nos familles. Avec nous, tout cela sera évidemment tout de suite mis en œuvre. Nous nous engagerons par ailleurs sur une trajectoire qui permet de respecter l’Accord de Paris. Je rappelle que cela évitera le réchauffement terrible que l’on connaît par exemple aujourd’hui. Sans quoi ce qui se passe aujourd’hui va devenir la situation normale, conduisant à des sécheresses, à des déséquilibres très forts dans notre pays. Pour éviter cela, il faut en finir avec un certain nombre d’énergies polluantes. C’est ce que nous proposons.

Victorien Lachas : La majorité présidentielle et le précédent gouvernement ont beaucoup fait sur le sujet climatique. Sûrement pas assez, parce que l’on vit une période d’urgence climatique. Mais c’est sous la mandature précédente que les émissions de gaz à effet de serre de la France ont le plus baissé. Et ce n’est pas le gouvernement qui a été condamné pour inaction climatique, mais l’État, cela résultant de plusieurs années de politiques antérieures. Face à l’urgence climatique, la prise de conscience doit être globale, et pas seulement le fait d’un parti politique. Tout le monde doit faire des efforts. J’ajouterais que le gouvernement d’Elisabeth Borne est un des seuls en Europe à avoir placé la transition écologique et énergétique à un tel niveau de décision. Le fait de rattacher ces portefeuilles directement au Premier ministre représente un choix fort, reflétant notre volonté d’agir plus et plus vite.

Pour certains, Emmanuel Macron a été « le président des riches », notamment du fait d’avoir favorisé le développement des inégalités et d’envisager une réforme de la retraite qualifiée d’injuste. Qu’en pensez-vous ?

Aurélien Taché : Pour notre part, nous proposons une retraite à 60 ans, ce qui est tout à fait possible économiquement. Il suffit de regarder les projections concernant les caisses de retraite. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est le conseil d’orientation des retraites, qui n’est pas une officine à la solde de Jean-Luc Mélenchon. Des experts très sérieux expliquent que le régime demeure à l’équilibre en restant avec un départ à 62 ans durant encore 15 ans. Si l’on passe à 60 ans, il faudra évidemment que de nouvelles cotisations rentrent. Ce sera le cas avec ce que l’on propose en termes de mesures pour l’emploi, pour en finir avec les délocalisations, et avec tout ce qui fait que des grandes multinationales, même françaises, ne jouent pas toujours le jeu. Vous verrez qu’il n’y aura strictement aucun problème.

L’argent public résulte d’un choix : celui de le prélever ou de ne pas le prélever. Nous proposons de le prélever. Auprès des entreprises du CAC 40, de ceux qui gagnent plus de 15 millions d’euros. Ce qui permettra de financer les différentes mesures sociales que nous proposons. Cela n’est absolument pas révolutionnaire. Il s’agit seulement d’une volonté de rééquilibrage. Ne vous inquiétez pas, les Français que vous croisez sur les marchés, ou ailleurs, sont très très très majoritairement pour que l’on fasse cela.

Victorien Lachas : Sur la retraite, si l’on a l’objectif d’allonger la durée de la cotisation, nous allons laisser les partenaires sociaux dialoguer entre eux, pour savoir quel est le bon âge de départ. Nous devons avoir beaucoup plus confiance dans le dialogue social. Plus globalement, nous suivons toujours la même logique : protéger-libérer. Libérer les énergies, ce qui permet de recréer de l’emploi, en nombre. On espère, dans les prochaines années, atteindre une situation de plein emploi, comme dans plusieurs pays européens. On a déjà le taux de chômage le plus faible depuis des années, un nombre d’apprentis multiplié par deux durant le quinquennat écoulé. Voilà quelques exemples de notre volonté de donner sa chance à tous.

Rappelons aussi que parmi les premières décisions du précédent quinquennat figure la revalorisation de beaucoup d’aides. L’allocation adulte handicapé (AAH), le minimum vieillesse, les minima sociaux ont été revalorisés. La politique appliquée profite à tout le monde, et en particulier aux moins favorisés. Lorsque l’on met en place des mesures de soutien au pouvoir d’achat, elles vont d’abord bénéficier aux plus fragiles. Notre projet est caricaturé comme étant de droite. En réalité, c’est un projet qui essaie de prendre soin de tout le monde. Idem quand on assure une prise en charge des soins dentaires, de l’optique ou l’audition à 100 %. Cela bénéficie aux catégories les plus défavorisées.

Quelles sont vos convictions relatives à la nécessité d’une réforme du Grand Paris ?

Aurélien Taché : Je suis vraiment pour que l’on ait une construction du Grand Paris la plus intégrée possible, mais étendue aussi au Val d’Oise. Le bon périmètre, en fait, c’est celui de la région Ile-de-France. Aujourd’hui, la ville de Paris capte l’essentiel des richesses, alors même que ce sont les travailleurs des périphéries qui la créent. Il faut rééquilibrer cela sur le plan institutionnel. Vous avez un département de Seine-Saint-Denis qui est plus pauvre et un Val d’Oise qui se bat pour s’en sortir. Nous devons mutualiser davantage et avoir une plus grande péréquation des moyens à l’échelle régionale.

Victorien Lachas : Le président de la République s’est engagé en 2017 à ne pas bouleverser le millefeuille institutionnel, qui avait déjà subi sous le quinquennat précédent de gros chocs, avec les lois Maptam et NOTRe. Est-ce qu’aujourd’hui il faut faire évoluer la gestion de la région Ile-de-France, la gestion du Grand Paris ? Je pense que oui. Les députés LREM Guillaume Gouffier-Cha et Pacôme Rupin avaient d’ailleurs porté une proposition de loi pertinente à ce sujet, il y a quelques mois. Elle reste selon moi d’actualité.

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