L. Girometti : « Ce serait une erreur de baisser la garde sur les enjeux écologiques »

Laurent Girometti détaille le calendrier de reprise des chantiers et revient sur les conditions de l’arrêt des travaux. Pour le directeur général d’EpaMarne-EpaFrance, personne n’a rien à gagner à engager aujourd’hui des batailles juridiques. Il faudra veiller, à l’avenir, à ce que les standards de qualité ne soient pas bradés au nom de la reprise, estime-t-il également.

Quel est votre calendrier de reprise des chantiers ?

Nous avions, d’une part, des chantiers actifs, qui s’étaient arrêtés, ainsi que des chantiers non encore démarrés, qui vont bien devoir commencer, portant le total à 59 chantiers, si l’on additionne ceux d’EpaMarne, d’EpaFrance et de notre filiale, la société publique d’aménagement d’intérêt national (SPLA-IN) M2CA (Marne et Chantereine Chelles aménagement).

Laurent Girometti. © Jgp

Dès la parution du guide de l’Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP), nous avons écrit à l’ensemble des entreprises titulaires de marché pour les sensibiliser et leur demander de nous faire part de leurs intentions de reprise ou de leurs éventuelles impossibilités. Pour définir le calendrier de la reprise, nous avons basé notre analyse sur les facultés à reprendre des entreprises, liées à la plus ou moins grande complexité des ouvrages concernés, sur le degré de co-activité, entraînant la cohabitation de plusieurs entreprises, en prenant en compte également les urgences opérationnelles.

Certains travaux ont, par exemple, un impact sur l’espace public, avec des abords à réaliser en parallèle de livraison de logements par des promoteurs, ou parallèlement à des chantiers mis en œuvre par des collectivités pour des groupes scolaires. Sur cette base, nous avons classé nos opérations en plusieurs ensembles. Un premier, qui regroupe une dizaine de chantiers, pour lesquels nous nous sommes donné un objectif de redémarrage pour fin avril-début mai ; un deuxième, d’un peu plus de 20 chantiers, que l’on espère redémarrer mi-mai ; et enfin un troisième, qui redémarrerait plutôt en juin.

C’est un travail collectif ?

Nous avons naturellement élaboré ce calendrier en lien avec les coordonnateurs de sécurité, de prévention et de santé, les maîtres d’œuvre, les entreprises ainsi que les collectivités territoriales concernées. Nous travaillons à la réouverture des premiers chantiers.

Comment s’est déroulé l’arrêt des chantiers ?

Les ordres de service d’arrêt de chantiers ont été émis par les maîtres d’œuvre, garants de la cohérence technique des travaux, en accord avec nous. C’est d’ailleurs également par ce canal qu’ils redémarreront. De nombreuses questions peuvent se poser autour de l’application des cahiers des clauses administratives générales (CCAG), de la reconnaissance du cas de force majeure, de l’ouverture et des conditions d’un droit à indemnisations. Nous nous les sommes posées. Mais nous avons considéré que la situation est suffisamment grave et compliquée pour ne pas tomber dans le juridisme et dans des arguties pas toujours de bonne foi. Nous avons préféré que les choses s’arrêtent en bon ordre, et puissent redémarrer de façon maîtrisée. Nous avons considéré également que nous allions avoir affaire, au sein des entreprises, à des interlocuteurs de bonne foi.

Dans ces périodes extrêmement troublées, personne n’a rien à gagner à engager des batailles juridiques. Notre intérêt commun est de faire avancer les choses. L’histoire nous dira si nous avons raison. Mais aujourd’hui, le dialogue avec les entreprises se passe bien, dans un esprit de responsabilité, avec l’objectif de reprendre ce qui est possible, tout en garantissant naturellement la santé des salariés.

Comment voyez-vous aujourd’hui l’aménagement de demain ?

Tout l’enjeu sera de ne pas tomber dans des baisses de qualité, sous prétexte de reprise. Il faudra, par exemple, continuer à aménager en préservant des espaces non-imperméabilisés, être vigilants sur la qualité des constructions. Ce serait une erreur de baisser la garde sur les enjeux écologiques, qui ne vont pas disparaître du jour au lendemain. Nous avons plutôt intérêt, au contraire, à mettre en avant les enjeux d’une ville « courte distance », accessible, agréable, avec les espaces de respiration nécessaires.

Cette crise va interroger la mobilité professionnelle, celle des gens qui travaillent d’une manière générale, entre ceux qui sont contraints de se déplacer, ceux qui peuvent s’en dispenser. Ces différents thèmes, sur lesquels nous travaillions déjà avant la crise, se trouvent plutôt confortés.

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