Jusqu’à présent peu mise en avant, la préfecture d’Ile-de-France prend toute sa part dans l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques. De la cérémonie d’ouverture au plan baignade en passant par la formation à la sécurité privée et la territorialisation de l’événement, tour d’horizon des compétences préfectorales avec le préfet Marc Guillaume.
La préfecture d’Ile-de-France et l’ensemble des services de l’État dans la région sont mobilisés depuis 2020 sur les JOP 2024. Ils le sont désormais de manière encore plus forte… Des centaines de personnes de l’appareil d’Etat y travaillent. « Les JOP 2024 sont l’élément majeur de l’activité de la préfecture d’Ile-de-France du fait de la multiplicité des actions à mener pour leur bonne organisation », convient Marc Guillaume, préfet de la région d’Ile-de-France et de Paris, pour Le journal du Grand Paris.
Pour ce faire, une organisation spécifique a été mise en œuvre avec un référent qui anime le travail pour chaque événement, de manière à ce que chaque direction compétente (Haropa port, VNF, la DRIEAT, etc. ) ait un point d’entrée. Car chaque site d’épreuve nécessite des autorisations administratives. Par exemple, la sous-préfète Cindy Léoni est depuis septembre 2022 la référente pour la cérémonie d’ouverture du 26 juillet sur la Seine. « Une aventure considérable se prépare pour organiser le trajet des bateaux sur le fleuve dans lesquels plus de 10 000 athlètes vont monter », reconnait d’ailleurs le préfet Marc Guillaume.
Sécurité privée : déjà 4 500 embauches et 3 500 personnes en formation
Le comité d’organisation des JOP 2024 avec ses partenaires Entreprises fluviales de France (E2F) et la Communauté portuaire de Paris ont identifié fin avril les 116 bateaux pour participer à cette cérémonie. Mais c’est sans compter notamment ceux dédiés à la sécurité ou à la retransmission, soit au total entre 140 et 170 bateaux qui navigueront sur le fleuve. La préfecture est pleinement impliquée puisqu’il lui revient de permettre cette cérémonie en retenant les zones d’embarquement et de débarquement, délivrant les autorisations de circulation sur la Seine, vérifiant les compétences des capitaines de navire, listant les bateaux logements à déplacer… La sécurité de la manifestation est de la compétence de la préfecture de police.
La préfecture de région se charge de la formation et de l’embauche des personnes nécessaires à la sécurité privée, pour l’accès aux sites d’épreuves ou pour la sécurisation de diverses activités liées aux JOP. Au total, 13 000 recrutements sont nécessaires pour assurer ces fonctions. Aussi, demandeurs d’emploi et étudiants sont sollicités pour bénéficier d’une formation gratuite et rémunérée qui leur permettra aussi de trouver un emploi au-delà des Jeux. La méthode mise en œuvre avec Pôle emploi et la Drieets (direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités) depuis septembre 2022 fonctionne bien puisqu’en mars 2023, 4 500 embauches avaient déjà été réalisées et 3 500 personnes suivaient une formation.
700 millions d’euros de crédits d’État pour le plan baignade
« Les jeunes font aussi partie des cibles de l’Etat qui s’est fixé un objectif de recruter 2 000 à 3 000 étudiants susceptibles de travailler dans la sécurité privée », souligne Marc Guillaume. Dans ce cadre, 300 jeunes bénéficiant du Prij (plan régional d’insertion pour la jeunesse) ont été reçus à la préfecture début avril afin de découvrir les métiers dans ce domaine, rencontrer les professionnels du secteur et échanger sur les formations. Le préfet a tenu à les encourager à s’inscrire à une formation sur la sécurité privée qui « leur permet d’être au premier rang de l’évènement le plus important que notre pays aura organisé ». L’Etat a dégagé pour la formation 45 millions d’euros de crédits fléchés vers le plan régional d’investissement dans les compétences, pour que la Région finance des formations à son attention (achat de plus de 20 000 places de formation à la sécurité privée).
Mais la feuille de route de la préfecture de région concernant la préparation des JOP 2024 ne s’arrête pas là puisqu’elle comprend également les actions pour permettre la baignade dans la Seine. « Cet incroyable chantier consistant à mener à bien la dépollution de la Seine compte parmi l’héritage des Jeux », rappelle Marc Guillaume, indiquant que l’Etat finance, par le biais de l’Agence de l’eau Seine-Normandie, plus de la moitié du budget dédié à ce plan, soit 700 millions d’euros sur un total de près de 1,4 milliard.
Des tests events dans la Seine à l’été 2023
Parmi les actions prévues, figurent, notamment, la mise à niveau des deux usines de Seine Valenton (Val-de-Marne) et de Marne aval à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis), l’adaptation des réseaux publics pour lesquels 300 millions de travaux sont budgétés et, enfin, la mise aux normes des milliers de branchements privés en amont de Paris pour que les eaux usées ne soient plus rejetées dans la Seine.
« Dès lors que l’on aura réussi à moderniser les infrastructures, l’amélioration de la qualité de l’eau sera pérenne et permettra que l’on se baigne dans la Seine et dans la Marne, assure le préfet d’Ile-de-France. Dès cet été, des tests events pourront se tenir dans le fleuve. Pour chacune des épreuves des JOP, des tests ont lieu in situ pour s’assurer que tout est bien au point et corriger si nécessaire ».
L’objectif est que les épreuves de nage du triathlon et de natation marathon se tiennent dans la Seine à l’été 2024 entre Invalides et la Tour Eiffel. Après les JOP, l’autre objectif est de disposer d’endroits de baignade ouverts au public. Pour cela, seule la dépollution ne suffira pas, il faudra concevoir des sites dédiés, à l’instar des piscines fluviales imaginées par la ville de Paris, ce qui nécessite de traiter les problèmes de sécurité et de partager l’usage de l’eau avec les bateaux et les autres usagers.
Une fête autant populaire que sportive
Si les JOP 2024 sont avant tout un rendez-vous sportif mondial, ceux de Paris se veulent aussi une fête populaire régionale. La mobilisation populaire fait ainsi partie des défis à relever par la préfecture d’Ile-de-France pour garantir la réussite des Jeux parisiens. « Il s’agit par exemple de veiller à ce que dans chaque département d’Ile-de-France, y compris ceux où il n’y a pas de sites d’épreuves, soient prévues des zones de célébration de manière à ce que des milliers de personnes puissent se rassembler sur ces sites et bénéficier d’écrans géants », précise Marc Guillaume. Elles seront en accès libre et co-financées par l’Etat, la Région, la métropole du Grand Paris et les collectivités territoriales. A la Villette, une grande zone de célébration pourra accueillir plusieurs dizaines de milliers de personnes, idem pour le parc Georges Valbon à La Courneuve (Seine-Saint-Denis), à Chelles et à Nanterre par exemple.
L’Ile-de-France compte par ailleurs, dans 119 communes, 216 centres de préparation aux Jeux représentant plus de 300 équipements sportifs et 61 disciplines olympiques et paralympiques, tous recensés dans un catalogue mis à disposition des 206 comités nationaux olympiques et 184 comités nationaux paralympiques du monde entier pendant l’Olympiade 2020-2024. « La présence des athlètes des fédérations sportives internationales au sein des CPJ pour s’entraîner avant le déroulement des Jeux revêt une grande importance », ajoute le préfet d’Ile-de-France. En outre, « Les olympiades cultuelles ont déjà commencé et l’idée est de répartir les manifestations dans l’ensemble des territoires ».