Jean-Marc Nicolle : Pionnier de l’interco

Le Kremlinois Jean-Marc Nicolle est un autodidacte de la politique qui a gravi un à un les échelons territoriaux. Depuis quelques années, il suit la cadence métropolitaine comme délégué spécial au Grand Paris à la Région.

Il n’est certes pas né au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne), mais il y a fait ses premiers pas. En politique notamment. Il y endosse le costume de premier adjoint au maire depuis 1995. Il a alors 29 ans, une décennie de militantisme derrière lui et la peur de ne pas être taillé pour le job. Rapport à un bagage qu’il considérait trop léger. Car l’élève assidu – qui affiche une longue carrière de délégué de classe – arrête ses études après un bac professionnel dans le bâtiment pour « travailler, être dans le concret, l’opérationnel ». Il finit par accepter la proposition du nouveau maire : Jean-Luc Laurent. « Quand je me suis engagé en politique, je me suis aussi engagé derrière un homme », rapporte celui qui gravite déjà dans le milieu associatif kremlinois.

Jean-Marc Nicolle, maire adjoint au Kremlin-Bicêtre, conseiller régional Ile de France et délégué spécial au Grand Paris.

Jean-Marc Nicolle. © DR

S’il n’a pas reçu la politique en héritage – « des parents ouvriers, concernés mais pas engagés » –, il s’est trouvé un parrain : Jean-Luc Laurent, aujourd’hui député-maire du Kremlin-Bicêtre et président du Mouvement républicain et citoyen (MRC). A ses côtés, il mène, dans sa ville, sa première campagne. En 1986. A l’époque, tous deux roulent pour le PS. Mais les positions du gouvernement socialiste – la guerre du Golfe puis la signature du traité de Maastricht – auront raison de son adhésion au PS. Chevènementiste, il participe à la création du Mouvement des citoyens puis du MRC. Il y prend vite des responsabilités. Et tout va crescendo. Lui qui comptait gravir les échelons de la RATP où il entrait comme conducteur de métro dans les années 1980…

Mutualiser

« J’ai appris la politique sur le terrain. Et je n’ai pas fini d’apprendre ! Chaque dossier a sa particularité. Evidemment, avec l’âge, on en sait plus mais jamais assez pour ne pas creuser », insiste-t-il. Il assure que ce leitmotiv lui permet de garder une certaine fraîcheur, tout comme ses permanences hebdomadaires au Kremlin-Bicêtre. Bien ancré dans le réel, il tente de « prendre du recul par rapport au pouvoir. Je m’extrais du microcosme politique dès que je le peux. » Une discipline parfois difficile à tenir, admet-il. D’autant qu’en 2000, à sa fonction municipale s’ajoute l’intercommunale. Un échelon auquel il tient. Il est d’ailleurs de ceux qui ont créé la communauté d’agglomération du Val de Bièvre, qu’il présidera de 2008 à 2011. « La mutualisation, le partage, la rationalisation de la dépense… Je crois beaucoup à tout cela et aux dynamiques de territoire que cela impulse. L’élu n’est plus seul. »

2010, l’homme a 46 ans, une expérience significative de la chose politique : le costume n’est plus trop grand. Il se lance dans la campagne régionale et gagne. Depuis 2012, le nouveau conseiller régional est aussi délégué spécial au Grand Paris auprès du président de la région Ile-de-France. « Cet échelon, qui n’est pas toujours bien pris en compte, doit être garant de l’équilibre entre les territoires qui sont dans la métropole et ceux qui n’y sont pas, définit-il. Il va falloir apprendre à travailler avec cette nouvelle donne territoriale. Le niveau de complexité est énorme : une capitale, huit départements, une métropole de six millions d’habitants, sans compter l’échiquier politique et ses quelques leaders nationaux. Ça ne facilite pas l’apaisement… » Cet amateur d’œnologie au palais flatté par « ces médoc qui savent aborder les années », estime qu’il « faut savoir attendre les grands vins… comme les grands projets ». Attendre mais pas sans agir ! Comprenez… il n’a pas l’intention de remiser tout de suite son costume de conseiller régional au placard.

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