Isabelle Manescau – Jamais blasée

Après plus de 20 ans à la tête de l’agence Maast, Isabelle Manescau affiche toujours un enthousiasme sans limite pour l’architecture. Avec un savoir-faire et une « échelle artisanale » à défendre.

« Jamais blasée ». C’est ainsi qu’Isabelle Manescau décrit en premier lieu son rapport avec son métier. Sans se cantonner à sa vie professionnelle, on pourrait d’ailleurs bien la définir ainsi. Car l’architecte a beau « être charrette » comme on dit dans le milieu, avec deux documents à rendre pour le soir-même, le sourire et l’enthousiasme sont au rendez-vous. La passion aussi. Alors, rien d’étonnant à ce que l’une des caractéristiques principales qu’Isabelle Manescau accole à ses ouvrages soit « la générosité ». Et l’architecte de détailler. « Un bâtiment c’est avant tout des habitants. Nous essayons de proposer un maximum de générosité dans les espaces, dans les usages, tout en préservant l’intimité de chacun. Et l’immeuble n’est pas un objet. S’il est aussi une œuvre esthétique, nous travaillons avant tout à l’insérer dans son contexte, ce qui rejoint l’urbanisme. » Un savant équilibre, donc. Entre le collectif et l’individu, entre l’originalité et la cohérence.

Isabelle Manescau

Isabelle Manescau. © JGP

Ce savoir-faire « quasiment artisanal », l’architecte le développe depuis 1990, date à laquelle elle fonde l’agence Maast en compagnie de son camarade d’école, François Marzelle. Une petite structure qu’elle défend bec et ongles, qui formerait un gage de qualité. « Ici, chaque membre est au fait des différents projets car nous les élaborons dans un premier temps ensemble et le suivi est régulier. Rien à voir avec une grosse agence qui donnera le projet à un stagiaire. Cela ne nous empêche pas de concevoir de gros projets comme pour la ZAC Clichy-Batignolles [Maast y réalise un immeuble de 140 logements ndlr]. » L’implication, au quotidien. Et l’émerveillement, toujours, au démarrage du chantier. « C’est un moment incroyable, tout d’un coup, tout le travail intellectuel se concrétise… Bon, c’est aussi le moment où toutes les galères apparaissent », s’amuse-t-elle à la table de réunion de son agence.

Une table où les architectes de l’agence Maast doivent passer du temps. Car le travail en équipe est aussi une valeur cardinale d’Isabelle Manescau. « L’émulation » est sacralisée. La promesse d’un enrichissement intellectuel.

L’émulation en équipe

Une émulation qu’elle a pu retrouver en tant que candidate pour le site de Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) à l’occasion de l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris ». « C’était l’opportunité d’aller au bout des réflexions dans un cadre où l’innovation était le maître mot. On a pu donner libre cours à notre imagination en équipe, de manière transversale pour un projet pluridisciplinaire, c’était assez nouveau », explique-t-elle. L’équipe n’a cependant pas emporté la décision finale. La déception était au rendez-vous, forcément. Mais Isabelle Manescau n’est pas du genre à se laisser abattre. « C’est le lot quotidien dans ce métier, on apprend à encaisser », livre-t-elle. Et à rebondir. A enchaîner les concours comme elle l’a fait pendant les dix années précédant la création de l’agence. La « mercenaire de concours » a ainsi remporté l’Europan et le prix de la Première Œuvre avec son camarade et associé. Ce qui a permis de lancer Maast et de la spécialiser dans le logement.

Le logement, l’habitat. On comprend que cela est important chez cette fille d’officier qui a passé son enfance à déménager. Qui a fait de Paris son nid mais adore voir ailleurs, en vacances. « Toujours en ville, c’est indispensable », lâche-t-elle dans un rire. Se balader dans les rues de San Francisco, Londres ou New-York, « c’est ma récré », confie celle qui réalise encore son rêve d’enfant. Toujours émerveillée.

Sur le même sujet

Top