Site stratégique à l’ouest du Grand Paris, la place de la Boule va devenir, à l’horizon 2025, un véritable pôle de transit métropolitain avec une large place rendue à la circulation piétonne et aux transports en commun.
L’existence de la place de la Boule remonte au moins au XVIIe siècle : « Historiquement, c’était la place où l’on changeait les chevaux du roi, lorsque ce dernier venait du Louvre pour se rendre au château de Saint-Germain-en-Laye. Elle avait déjà cette forme très ronde », raconte Julien Sage, adjoint au maire de Nanterre en charge de l’urbanisme. Si, pour le reste, sa physionomie n’a plus grand chose à voir avec l’époque de Louis XIV, elle a conservé son caractère stratégique : ce carrefour routier majeur, traversé par trois départementales (D990, D913 et D131), est l’une des principales portes d’entrée de l’ouest parisien sur La Défense. C’est un « lieu typiquement métropolitain », poursuit Julien Sage : ce lieu de trafic majeur est en effet implanté au cœur d’un tissu urbain mixte à dominante résidentiel, où se côtoient zones pavillonnaires, grands ensembles d’habitat collectif et parcelles d’activités.
C’est ici, par ailleurs, que va s’implanter la future gare de la ligne 15 ouest du métro du Grand Paris express (GPE) en 2025, tandis que le site sera également accessible par la ligne 1 du tramway qui sera prolongée à l’horizon 2030 jusqu’à Rueil-Malmaison. « Ce sera l’une des rares gares du Grand Paris située dans un contexte urbain constitué, souligne Julien Sage. On n’accompagne pas l’arrivée de la gare par la construction d’un nouveau quartier comme à Saint-Denis Pleyel par exemple. »
Requalification du quartier
En revanche, ces projets s’inscrivent dans une requalification du quartier impulsée par la ville de Nanterre, après des décennies où la place de la Boule a été « beaucoup malmenée », rappelle l’élu, notamment avec les autoponts construits dans les années 1970 pour enjamber le carrefour. Leur démolition, engagée au tournant des années 2000, a marqué le début de la reconquête de l’espace public, avec la réalisation de constructions nouvelles le long des avenues Georges-Clemenceau et Joffre – deux des artères qui débouchent sur la place – puis le lancement d’un programme mixte de logements, de commerces et d’équipements (l’écoquartier de la ZAC Sainte-Geneviève) sur le site d’une ancienne usine, située à deux pas de ladite place.
Aujourd’hui, sur la base du nouveau PLU approuvé en décembre 2015 et de la mise en place d’une orientation d’aménagement et de programmation (OAP) sur ce secteur, les actions engagées se poursuivent afin d’anticiper l’arrivée du métro et du tramway et la réduction des flux routiers, mais aussi pour réorganiser ce carrefour en véritable place urbaine. Les habitants de leur côté ont mis en avant, lors des concertations, le peu de lisibilité des circulations douces, la pollution et les nuisances sonores dues à l’intensité du trafic automobile sur les grands axes, et une densité commerciale faible.
« Trouver une centralité »
C’est dans ce cadre-là qu’un site de 7 600 m2 a été soumis à l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris ». Situé à l’angle des avenues Georges-Clemenceau et Joliot-Curie et formant une sorte de flèche dont la pointe donne sur la place de la Boule, il accueille aujourd’hui un immeuble France habitation de 289 logements – connu sous le nom de barre Aotep – qui doit faire l’objet d’une démolition en 2019 et d’une reconstruction partielle. « Quand l’appel à manifestation d’intérêt est apparu sur le Grand Paris, cela permettait de donner de la visibilité à ce site assez contraint. », explique Julien Sage. Parmi ces contraintes : le démarrage concomitant du chantier de la future gare du Grand Paris express.
Sur le plan de la programmation elle-même, la ville souhaitait un projet immobilier mixte comprenant 10 000 m² de bureaux, 8 500 m² de logements et 2 500 m² de commerces et de services, avec un bâtiment « signifiant » à l’angle des deux avenues, un cheminement traversant reliant les deux artères et un espace vert de pleine terre. « La contrainte la plus importante était de trouver une centralité à cette place qui est, en réalité, plus un rond-point », témoigne l’architecte Xavier Gonzalez du cabinet Brenac & Gonzalez, associé à un autre architecte (Matthieu Poitevin) et aux paysagistes de l’Atelier Roberta. Les concepteurs du projet lauréat, dont le mandataire est le promoteur Ogic, ont donc repensé la place non pas au sens traditionnel avec un seul centre, mais au contraire avec plusieurs polarités. « Nous avons cherché à réunir les deux rives entre l’avenue Joliot-Curie qui accueillera le tramway et la sortie du futur métro, et notre îlot, mais aussi apaiser cette avenue avec des ralentisseurs » décrit Xavier Gonzalez cherchant à donner « une impression d’unité, un peu comme sur la place de la République, et ensuite penser au rond-point pour l’insérer à ce processus ».
Cascade de verdure
Le marqueur fort du projet lauréat est un immeuble surmonté d’un toit végétalisé et dont un flot de verdure mêlé à une fontaine tombe en cascade le long de la façade. « En faisant des recherches, nous avons découvert qu’au début du XXe siècle une fontaine devait être construite sur cette place et ne l’a jamais été, raconte l’architecte. Cette cascade végétalisée est le symbole de la régénération de la place de la Boule du XXIe siècle. L’eau a aussi quelque chose d’apaisant et dégage une image d’écologie que l’on voulait porter pour renforcer l’idée de la bulle. »
La végétation de ce site, qui devrait utiliser des matériaux aux « propriétés dépolluantes expérimentales », se décline partout (en pleine terre, sur les façades, les passerelles et les toits). Dans cette « Bulle d’air » – nom du projet –, qui constituera une nouvelle entrée vers le centre historique de Nanterre, est également prévue une programmation pensée pour le public avec notamment des services en lien avec le bien-être et la santé, une salle d’escalade, un café de coworking et café librairie. Le tout réuni au sein du « refuge urbain » décrit par Xavier Gonzalez.
Les membres lauréats
Mandataire : Ogic (promoteur)
Concepteur(s) : Brenac – Gonzales (architecture) ; Caractère spécial – Matthieu poitevin (architecture) ; Atelier Roberta (paysage)
Investisseur(s) / Promoteur(s) : Ogic (promoteur) ; La Compagnie de Phalsbourg (investisseur commerces / co-promoteur de l’opération globale)
Exploitant(s) : La Compagnie de Phalsbourg (gestionnaire commerces) ; Bureaux à partager (co-working et partage de bureaux) ; Arkose (block parc – escalade) ; Anticafé (café-coworking) ; Un jardin sur les toits (ferme spiruline)