Dans l’Essonne traversée par l’A6, Villabé est un emplacement stratégique pour le déploiement de l’avitaillement en carburant alternatif au diesel destiné aux véhicules lourds. Hyliko y implante une plateforme destinée à devenir une véritable vitrine pour le déploiement de l’hydrogène dans la mobilité lourde, avec le soutien des élus locaux.
En service depuis cet été, la station hydrogène Hyliko de Villabé (Essonne) alimente régulièrement cinq poids lourds convertis à l’hydrogène (moteur électrique alimenté par une pile à combustible). Un démarrage en douceur pour ce site qui doit devenir, à terme, le pôle majeur de la société dédié à la mobilité lourde en Ile-de-France. Le terrain de 1,7 ha abrite également un atelier d’entretien et doit accueillir d’ici moins de trois ans une unité de production d’hydrogène à base d’électrolyse. « Nous étudions l’implantation d’un autre site poids lourds dans le nord de Paris. Mais Villabé restera notre principale plateforme », affirme Ovarith Troeung, directeur général de la société Hyliko.
« Nous avons joué un rôle de facilitateur, ce qui a permis de faire sauter les blocages ou d’accélérer le dossier. Nous avons décidé de jouer un rôle moteur dans la décarbonation des mobilités », souligne Karl Dirat, maire de Villabé et vice-président en charge des espaces publics et des travaux de Grand Paris Sud (Essonne/Seine-et-Marne). Villabé se situe à un emplacement stratégique, à la fois en Ile-de-France et en Europe. Les deux stations-service classiques installées le long de l’A6 sont les plus importantes de France pour la distribution de gazole, le potentiel est donc bien là. Et les politiques de décarbonation soutenues par l’Union européenne et le gouvernement français misent sur les grands axes routiers. « L’intervention de la municipalité nous a permis notamment d’accélérer le raccordement de la station au réseau Enedis », témoigne Denis Héchard, directeur du réseau Hyliko.
Concours financier de la région Ile-de-France
Près de 60 000 km ont déjà été parcourus par les poids lourds alimentés à Villabé par la pompe à 350 bars qui permet de faire le plein en une vingtaine de minutes. A terme, la station sera également dotée d’un point de charge à 700 bars, de façon à répondre à l’évolution de la demande. Sur un total à investir approchant les 10 millions d’euros, le projet bénéficie d’une enveloppe de 400 000 euros de la région Ile-de-France. « Notre région constitue pour la mobilité hydrogène un territoire de visibilité et de massification », souligne Thomas Hemmerdinger, chargé de projet énergétique et hydrogène au sein de l’Agence régionale énergie climat (Arec). Une mise en avant renforcée pendant la période des Jeux olympiques et paralympiques.
Pour consolider son modèle, Hyliko se positionne sur l’ensemble de la chaîne, en assurant également la transformation de la motorisation et de la chaîne cinétique des véhicules (rétrofit), que la société propose ensuite en location longue durée. La société, qui attend les résultats de l’appel à projet lancé en 2023 par l’Ademe, a d’ailleurs conclu un partenariat avec le constructeur Safra pour utiliser ses ateliers. Hyliko table ainsi sur une capacité de production de 50 véhicules par an. Pour le moment, l’entreprise compte parmi ses clients des transporteurs (Bert&You, Groupe Berto, Labatut) ainsi que des distributeurs (Lidl, Carrefour, PointP).
Sur les 1 500 véhicules hydrogène recensés en Ile-de-France, la plupart sont des taxis (Toyota et Hyundai) et des utilitaires (Renault et Stellantis). Pour la mobilité lourde, le potentiel de croissance de l’hydrogène est concentré sur les usages intensifs ou off-road, comme les véhicules de chantier ou encore les véhicules à plateau de chargement et les camions frigorifiques. Bien entendu, le prix du kilo d’hydrogène joue un rôle déterminant dans le coût d’usage et il ne pourra baisser qu’avec la hausse de la production et le maintien des subventions.