Après avoir connu les dessous du Grand Paris, les cabinets ministériels, Hélène Peskine est désormais secrétaire permanente du Plan urbanisme construction aménagement (Puca). Avec une obsession : construire, être utile.
Un bouquet d’estragon repose sur la table. Il sèche, paisiblement, au 16e étage de la Grande arche de La Défense. « Ça fait une touche de nature… J’ai un peu de mal avec cet environnement très minéral », confie Hélène Peskine. Un peu de nature, aussi, sur les murs de son bureau. Une dizaine de posters viennent ainsi chanter une ode à la biodiversité. Ils rappellent les précédentes fonctions de l’occupante des lieux. Quelques mois auparavant, Hélène Peskine parlait à l’oreille de Ségolène Royal, ministre de la Transition écologique.
En tant que conseillère d’abord, puis en tant que directrice adjointe de cabinet. Avec un vaste chantier : porter la loi sur la transition énergétique puis en assurer l’application à travers ses décrets. Sans oublier la COP21, grâce à laquelle elle avait l’impression de « changer le monde ». Et c’est auprès d’un autre ténor de la politique que la ministre est venue la chercher. Pendant deux ans, Hélène Peskine parlait à une autre oreille, celle de Claude Bartolone. Avec lui, elle fait entrer la transition énergétique à l’Assemblée nationale. Une tâche complexe alors que, au sein du PS, deux lignes s’affrontent au sujet du nucléaire. On est là au cœur de la politique. Et l’on sent bien qu’elle adorait cela. « J’ai toujours été demandeuse de faire de la politique », explique celle qui se décrit comme un « bébé Mitterrand ».
Encartée très tôt au PS, Hélène Peskine affiche des valeurs et des convictions politiques chevillées au corps. Le regard tourné vers les plus fragiles. Par choix, la Parisienne se dirige en Seine-Saint-Denis pour y occuper son premier poste. Elle se souvient ainsi des files interminables de personnes qui attendent, chaque matin, devant son lieu de travail qu’est la préfecture. « Ça marque », lâche-t-elle en suspens. Tout comme les émeutes de 2005. Elle est alors architecte et fraîchement diplômée des Ponts et Chaussées. Ses engagements, son parcours, Hélène Peskine ne les explique pas par la filiation. Même si elle se souvient, petite, de la fascination provoquée par son oncle architecte lorsqu’il déroulait ses plans dans la maison de vacances familiale.
Grand Paris maintenu
Transport, aménagement, urbanisme, environnement, Hélène Peskine traite pléthore de sujets et occupe autant de postes. Elle participe ainsi à l’élaboration du schéma directeur de la région Ile-de-France (Sdrif) avant d’être mandatée, par le préfet, pour piloter les études techniques d’impact du Grand Paris express. Et c’est notamment cette expertise qu’est venu chercher Claude Bartolone. « Il voulait voir se prolonger le projet car il en voyait tous les bénéfices, principalement pour la Seine-Saint-Denis, explique l’urbaniste. Le problème, c’est que le projet était très marqué Sarkozy alors beaucoup ont voulu l’enterrer. » La question est politique. « On a obtenu que le Grand Paris soit maintenu », glisse-t-elle dans un sourire.
Hélène Peskine savoure ces victoires acquises en coulisse, elle aime le jeu politique. La politique surtout, celle qui sert les autres. Rien d’étonnant, alors, à ce que celle qui relit aujourd’hui les discours de Jaurès ait rêvé, enfant, d’être maçon. Construire et être utile. « Ne jamais rompre avec l’utilisateur final », analyse-t-elle. C’est l’esprit de la loi qu’elle a porté avec Ségolène Royal. Et c’est, sans aucun doute, celui qu’elle incarnera avec le Puca. Et notamment à travers les « démonstrateurs industriels de la ville durable », appel à projets organisé par son agence interministérielle. Un dossier qu’elle maîtrise déjà sur le bout des doigts. Le cœur à l’ouvrage.