Acteurs du Grand Paris (ex-club de la communication du Grand Paris) a visité, vendredi 9 juin 2017, les infrastructures impressionnantes de Port 2000 après une réception à la mairie et à la sous-préfecture. L’occasion de constater in situ les opportunités de l’axe Seine. Et d’évoquer les obstacles à son développement.
François Lobit, sous-préfet du Havre, aux éclats de rire tonitruants, tout comme Olivier Morzelle, directeur départemental des territoires et de la mer (DDTM) de Seine-Maritime, savent mêler convivialité et franchise. En recevant la délégation d’Acteurs du Grand Paris, en visite au Havre vendredi 9 juin 2017, ils ont clairement exposé, après une brève présentation du territoire, les obstacles qui jonchent encore l’axe Seine et expliquent son développement très relatif.
« Napoléon évoquait déjà la Grande rue de la France qui allait de Paris au Havre en passant par Rouen », a souligné le sous-préfet du Havre. François Lobit a rappelé qu’Antoine Rufenacht, ancien maire du Havre, nommé commissaire au développement de la vallée de la Seine, avait beaucoup œuvré pour remettre le projet à l’ordre du jour. Aujourd’hui, « malgré l’ampleur du travail du préfet Philizot, délégué interministériel au développement de vallée de la Seine, force est de constater qu’un portage administratif a succédé à un portage politique », a remarqué le sous-préfet.
Comme l’a évoqué dans un large sourire Luc Lemonnier, nouveau maire du Havre, la nomination d’Edouard Philippe au plus haut niveau de l’Etat « évitera à l’avenir de devoir rappeler au Premier ministre l’importance de ce dossier ». Mais il y a du pain sur la planche, comme l’ont constaté les membres de la délégation conduite par Thomas Hantz, directeur des relations avec la presse et les entreprises de la Société du Grand Paris et président d’Acteurs du Grand Paris, et Nathalie Lemaitre, directrice de la mission Grand Paris de RTE, vice-présidente du club.
Améliorer la desserte ferroviaire
A l’heure où chacun ici a compris que le Canal Seine-Nord Europe, qui reliera les ports du Nord de l’Europe au bassin parisien – de Compiègne (Oise) au canal Dunkerque-Escaut (Nord) – se fera bien, il semble urgent d’accélérer l’axe Seine. Ce qui passe en premier lieu par l’amélioration de sa desserte ferroviaire. Aujourd’hui, 80 % des conteneurs qui arrivent en bateau au port du Havre le quittent par la route (fer 15 %, fleuve 5 %), contre 56 % pour la route aux Pays-Bas (fer 5 %, fleuve 39 %). « C’est LE problème du Havre », a martelé le sous-préfet Lobit.
Le Grenelle de l’environnement fixe à 25 % la part de la route en 2022… Soit un objectif élevé. La concurrence du fret avec le réseau voyageur, la prégnance du syndrome Nimby (Not in my backyard) font des ravages en la matière. A l’instar de la modernisation de la ligne Serqueux-Gisors, qui délesterait l’actuelle ligne Paris-Le Havre, sans cesse reportée. La ligne Mantes-la-Jolie-Paris serait la plus saturée d’Europe. Résultat des courses, un coût de transport des marchandises Le Havre-Paris égal à celui entre Shanghai et Le Havre.
Certes, tout n’est pas noir pour autant. Port 2000, qui permet d’accueillir les plus grands Panamax (porte-conteneurs) au monde, traite 2,5 millions d’équivalents 20 pieds (EVP) par an. S’il pourrait en accueillir davantage, jusqu’à 3 millions à isopérimètre, « il est certain que sans cet équipement, nous serions sortis du marché », résume Pascal Galichon, directeur environnement du port.
Haropa, groupement d’intérêt économique qui réunit en son sein les ports du Havre, de Rouen et de Paris a porté ses fruits. La concurrence vive qui opposait Rouen au Havre a cessé, remplacée par une offre globale appréciée et une efficacité accrue. Au Havre les conteneurs. A Rouen, qui est également un port maritime, les céréales. « La célérité et l’excellence des douanes françaises est également appréciée », comme l’a rappelé Baptiste Maurand, directeur général adjoint du Grand port maritime du Havre. Mais le port du Havre doit élargir son hinterland, sa zone de chalandise, pour rester dans la course et gagner des parts de marché, sa compétitivité s’accroissant avec la distance de desserte. Le Grand Paris jusqu’au Havre n’est pas qu’un slogan.