F. Mourey (GRDF) : « Le gaz vert, un pilier de la transition énergétique francilienne »

Florence Mourey, directrice adjointe clients territoires de GRDF en Ile-de-France, revient sur la place du gaz vert dans la transition énergétique. De la méthanisation à la performance des équipements hybrides gaz, elle évoque les solutions mises en place pour décarboner les usages.

GRDF accompagne la transition énergétique en Île-de-France, notamment avec l’essor du gaz vert. Quelle place occupe aujourd’hui ce gaz renouvelable dans le mix énergétique francilien ?

En Ile-de-France, le gaz est la première énergie consommée : 40 % des besoins en chaleur sont couverts par du gaz. C’est particulièrement vrai dans des zones denses comme le cœur métropolitain, en particulier pour le chauffage. Pour réussir la transition énergétique de la région, il faut décarboner production et consommation de gaz. Pour y arriver, nous misons sur trois leviers : consommer moins, mieux et vert. Au plan national comme en Ile-de-France le réseau de gaz se décarbone, l’objectif étant, d’ici à 2050, que 100 % du gaz consommé soit vert.

Florence Mourey © Franck Dunoau

Concrètement, comment GRDF s’engage-t-il pour atteindre ces objectifs de décarbonation ?

Nous travaillons avec les territoires sur plusieurs fronts. D’abord, nous sommes convaincus qu’il est essentiel de consommer moins, notamment avec des mesures de sobriété énergétique. Ensuite, nous accompagnons la mise en place de solutions gaz plus performantes, comme les systèmes hybrides, qui combinent pompe à chaleur (PAC) et chaudière à gaz, afin de consommer mieux et de réduire la facture énergétique des clients. Enfin, pour consommer vert, il faut développer la production de gaz vert sur le territoire francilien.

J’en profite également pour souligner que GRDF s’est engagé à réduire l’empreinte carbone de ses propres activités. Cela passe notamment par l’utilisation de nouvelles techniques sur nos chantiers, par exemple la pose de polyéthylène enrubanné (PE), permettant d’éviter 8TeqCO2 par kilomètre de conduite posée.

A ce sujet, qu’en est-il de la méthanisation en Ile-de-France ?  Comment se développe cette technologie sur notre territoire ?

En Ile-de-France, on dénombre actuellement 60 méthaniseurs qui injectent du gaz vert dans le réseau de gaz. Ces installations produisent environ 1,2 TWh de gaz vert chaque année. Ce chiffre est loin d’être négligeable. Il correspond à la consommation en gaz de 310 000 logements neufs ou quasi 5 000 bus roulant au bioGNV. A l’horizon 2030, nous estimons que la région pourrait produire jusqu’à 5 TWh de gaz verts grâce à la méthanisation et à d’autres procédés comme la pyrogazéification et la gazéification hydrothermale. Le développement de la filière des gaz verts est crucial pour renforcer la souveraineté énergétique de la région.

Et quel rôle joue GRDF en Ile-de-France dans le développement des gaz verts ?

Rappelons tout d’abord que GRDF ne rachète pas le biométhane produit par les méthaniseurs, il s’agit du rôle des fournisseurs d’énergie. GRDF, en tant que principal gestionnaire de distribution de gaz, joue un rôle de l’amont à l’aval. En amont, nous sommes très présents pour renseigner et accompagner les porteurs de projet sur la méthanisation. Nous animons la filière en lien avec d’autres acteurs, notamment avec la Région au sein de Prometha, le collectif d’animation de la méthanisation en Ile-de-France.

D’un point de vue technique ensuite, nous réalisons les études d’ingénierie de faisabilité du projet en termes d’injection de gaz. Ensuite nous réalisons le raccordement de l’unité de méthanisation. Enfin, en aval du méthaniseur, nous assurons l’odorisation du gaz puis l’exploitation et la maintenance du réseau de distribution et restons en lien avec les producteurs de biométhane.

Quelles sont les perspectives pour le gaz vert dans la mobilité, et notamment dans les transports en commun ?

Le bioGNV, produit à partir du gaz vert des méthaniseurs, se révèle particulièrement compétitif dans le secteur du transport lourd. Le bioGNV est à ce jour très largement développé dans le secteur des bus et cars et des véhicules de propreté urbaine, mais aussi dans le transport routier de marchandises. Par exemple, Ile-de-France mobilités (IDFM) s’est engagé à ce que 70 % de ses bus roulent au bioGNV d’ici 2029. Ce carburant est non seulement plus économique que le diesel, mais il permet également de réduire considérablement les émissions de CO2 et de particules fines, contribuant ainsi à améliorer la qualité de l’air.

Quel rôle joue le gaz dans la décarbonation des bâtiments ?

Le gaz a un rôle fondamental à jouer dans la décarbonation des secteurs résidentiels et tertiaires publics et privés. Les solutions hybrides, associant pompe à chaleur et chaudière à gaz, constituent une alternative efficace pour réduire la consommation d’énergie et les émissions de CO2. Ces systèmes, qui peuvent être installés à moindre coût que des solutions 100 % PAC électriques, permettent d’optimiser l’usage du gaz vert tout en restant compétitifs. Nous accompagnons également le secteur industriel sur les mêmes problématiques.

Quels sont les principaux investissements à réaliser sur le réseau de distribution pour accompagner la transition énergétique ?

Contrairement à l’électricité, où des investissements importants sont nécessaires pour moderniser le réseau, le gaz bénéficie déjà d’infrastructures adaptées à cette transition. C’est le constat que formule la Commission de régulation de l’énergie dans son rapport « Avenir des infrastructures gazières aux horizons 2030 et 2050, dans un contexte d’atteinte de la neutralité carbone » d’avril 2023. En effet, les investissements nécessaires sont principalement concentrés sur la modernisation du réseau et le raccordement des unités de méthanisation, pour que le gaz vert soit distribué au sein des communes.

La transition énergétique ne se fait pas sans coûts, mais vous insistez sur le fait que le gaz vert reste compétitif. Pouvez-vous nous en dire plus sur les efforts de GRDF pour maintenir cette compétitivité ?

C’est effectivement un enjeu majeur pour tous les opérateurs du monde de l’énergie. La transition énergétique a un coût et il s’agit de le maitriser pour assurer une transition juste. C’est pourquoi GRDF travaille activement à la performance de ses propres activités pour maintenir un coût compétitif du gaz vert dans la part de la facture des consommateurs qui correspond à la distribution de gaz, notre activité.

Quelles coopérations avec les collectivités territoriales en Île-de-France pour atteindre ces objectifs ?

Rappelons que nous assurons une mission de service public pour le compte des collectivités qui sont propriétaires du réseau et nous en confient la prise en charge via un contrat de concession. Avec ces communes ou les syndicats d’énergie dans lesquels elles se sont regroupées, comme le Sigeif ou le SDESM par exemple, nous travaillons main dans la main pour décarboner leurs territoires, en particulier en les accompagnant dans la mise en place de solutions énergétiques hybrides, ou en leur offrant des conseils sur la réduction de la consommation d’énergie. Nous sommes convaincus qu’en consommant moins, mieux et vert grâce à l’essor des gaz renouvelables, nous réussirons ensemble la transition énergétique de la région Ile-de-France.

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