Covid-19 : les « makers » s’organisent pour produire des visières de protection

Des réseaux de makers, indépendants ou regroupés au sein de fablabs, bricoleurs numériques équipés d’imprimantes 3D produisent des visières de protection en plexiglass à l’intention des professionnels de santé franciliens.

La modernité au service de la solidarité face à l’épidémie. Des dizaines de « makers », ces bricoleurs numériques équipés d’imprimantes 3D, produisent actuellement des visières de protection par centaines, et livrent les hôpitaux franciliens mais aussi les Ehpad, hôpitaux psychiatriques, centres d’accueil pour handicapés, libéraux (médecins, dentistes, auxiliaires de vie, aides-soignants)…

Le service de pneumo de l’hôpital Cochin à Paris reconnaissant. © DR

« Anthony Seddiki a joué les précurseurs et a mis en réseau ces artisans d’un nouveau genre, adeptes du « do it yourself », sur la base d’un modèle en « .stl », conçu à Madrid, et validé par les personnels soignants madrilènes, indique Jane Seneor, coordinatrice de l’initiative en Essonne (chaque département dispose de son propre réseau). Nous avons créé ce groupe il y a une semaine. Vendredi, il comptait 3 makers, ce matin plus de 150, tous bénévoles. A ce jour, nous pouvons produire a minima 753 visières/jour, poursuit-elle. Avec plus de matière première et des prêts d’imprimantes 3D pour ceux qui ont cassé les leurs, nous pourrions en produire plus de 1 000/jour. Hier soir, nous avions 3 600 nouvelles commandes… », ajoute-t-elle.

150 makers essonniens

« Ces 150 makers essonniens se sont auto-saisis et organisés, font tourner leurs machines h24 et ont créé un réseau de collecte, fabrication et distribution en 48 h, qui livre tous les services publics, souligne Vianney Delourme, d’Enlarge your Paris, qui soutient l’initiative. Ils sont d’une solidarité exemplaire mais aussi illustrent ce que nos villes peuvent avoir de vraiment smart. C’est la résilience en actes. »

Ces protections, qui ressemblent à des masques de soudeurs, en plexiglass, protègent l’intégralité du visage, notamment les yeux des personnels, les muqueuses constituant une des portes d’entrée du virus. Ces visières permettent de porter également des lunettes, des charlottes et des masques, garantissant ainsi une protection complète. Ces équipements, lavables, se composent d’un serre-tête, d’un bouclier frontal et d’un élastique de maintien.

Le CHU du Kremlin-Bicêtre et Cochin livrés le 31 mars

Concrètement, des établissements hospitaliers passent commande auprès des représentants du réseau, qui dispatchent ensuite leur fabrication au plus près des futurs bénéficiaires, ces derniers pouvant également se rendre directement sur les lieux de production pour les récupérer.

Plusieurs centaines de visières de protection ont ainsi été livrées – gracieusement – mardi 31 mars aux personnels du Centre hospitalier universitaire du Kremklin-Bicêtre ainsi qu’à l’hôpital Cochin. CentraleSupelec a mis en place une semblable production à l’intention des établissements de l’AP-HP, mais cette filière est actuellement à cours de stock, délivrant des protections plus sophistiquées mais aussi plus longues à produire.

Masques livrés au Centre hospitalier sud francilien. © DR

Les visières de protection portées par les infirmières du Centre hospitalier sud francilien. © DR

« A l’échelle parisienne, une structuration s’est mise en place à l’initiative de plusieurs lieux (dont Volumes) et makers parisiens au travers du réseau Fab City Grand Paris, indique Michaël Araujo, designer partner à Volumes coworking. L’idée étant de coordonner cette fabrication distribuée avec les besoins de l’AP-HP ainsi que d’autres structures (Ehpad, centres de consultation…) et personnels en contact avec le public. Mais aussi de faciliter au travers du réseau l’approvisionnement de matériaux et les financements pour ces mêmes matériaux », poursuit-il.

Appel à la solidarité

Les animateurs de ces réseaux font aujourd’hui appel à la solidarité, confrontés qu’ils sont à des ruptures de stock. Ils cherchent notamment une usine capable de procéder à la découpe laser des rouleaux de PET en feuilles au format A4 utilisées pour les protections. Des feuilles transparentes PVC cristal, d’une épaisseur comprise entre 200 et 250 microns sont également recherchées, de même que des bobines de PLA et de PETG d’1.75 et de 2.85 mm. Des élastiques (150-200 mm de diamètre) sont aussi nécessaires et recherchés, de même que des transporteurs pour le dispatch du matériel.

 

Une cagnotte Leetchi recueille les dons.

Plus d’infos sur l’initiative : 3d4care.org et visieresolidaire.org

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