Coronavirus : les collectivités à l’heure de la mobilisation générale

Au lendemain de l’allocution présidentielle, les collectivités territoriales d’Ile-de-France ont pris de multiples mesures, dès vendredi 13 mars 2020, pour assurer la continuité du service public, soutenir le système de santé et faciliter la vie de leurs agents, tout en luttant contre la propagation du virus.

Des comités de crise se sont réunis vendredi 13 mars dans les collectivités d’Ile-de-France, pour actualiser les dispositions déjà mises en œuvre et organiser l’application des nouvelles mesures de lutte contre le coronavirus, à commencer par la fermeture, dès lundi 16 mars, de l’ensemble des établissements scolaires. Il s’agit pour les élus locaux et leurs équipes d’assurer la continuité du service public, d’accompagner la fermeture des établissements scolaires, tout en facilitant la vie de leurs agents et en réduisant la propagation de l’épidémie.

Le siège de la région Ile-de-France, à Saint-Ouen. © Jgp

Le télétravail, déjà instauré dans de nombreuses collectivités, semble largement étendu. C’est par exemple le cas à la Région, où tous les agents y sont invités, sauf nécessité absolue de service. « Les locaux ne seront accessibles qu’en cas d’extrême urgence », précise-t-on dans l’entourage de Valérie Pécresse. Les services de la paie, des agents comme des fournisseurs, ceux de l’informatique ou de la sécurité des bâtiments, font l’objet d’une attention particulière pour assurer un fonctionnement minimal. L’ensemble des réunions internes au conseil régional a par ailleurs été annulé.

Extension du télétravail

Télétravail étendu également au sein de l’établissement public territorial Paris Est Marne et Bois (PEMB), où François Roussel-Devaux, directeur général des services, note néanmoins que les agents expriment majoritairement le souhait de continuer à venir travailler au sein de leurs services. Comme à PEMB, chaque direction générale de Grand Orly Seine Bièvre (GOSB) détermine la pertinence des demandes de télétravail, en fonction de la situation des agents et des nécessités du service. Ainsi, à GOSB, une attestation est demandée aux agents ayant des enfants prouvant que les deux parents ne sont pas mobilisés en même temps pour la garde de leur progéniture. « L’idée est que les parents alternent les périodes de garde de leurs enfants », indique Bruno Partaix, DRH de GOSB.

Au conseil départemental de Seine-Saint-Denis, les 2 889 agents qui ont des enfants et qui sont donc impactés par la fermeture des crèches et des établissements scolaires pourront être placés en arrêt maladie ordinaire directement par l’employeur et sans certificat médical, ou trouver les meilleures modalités pour la poursuite de leur activité professionnelle, indique la collectivité. « Les agents départementaux travaillant dans les crèches et les collèges de Seine-Saint-Denis sont amenés à maintenir leur activité selon des modalités à définir, hormis en cas d’obligation de garde d’enfant ou de situation de fragilité » précise-t-on également.

Les espaces numériques de travail à la rescousse

Les collectivités locales, Région et Départements au premier chef, rappellent qu’elles ont mis en place des espaces numériques de travail, qui pourront être le vecteur de tout ou partie de l’enseignement à distance. La Région souligne, par exemple, qu’elle a accéléré le virage numérique des lycées dès la rentrée 2019. 50 % des lycées sont « passés au numérique » et 190 000 tablettes et ordinateurs distribués aux élèves, « ce qui facilitera le télé-enseignement » fait-on valoir au conseil régional.

Le lycée Henri IV à Paris. © Jgp

Dans les collèges, les plateformes numériques mises en place par les Départements en partenariat avec la direction départementale de l’Éducation nationale et la direction académique au numérique éducatif faciliteront également l’enseignement à distance. En s’appuyant sur les services proposés par le ministère de l’Éducation nationale via le dispositif « Ma classe à la maison » piloté par le Centre national d’enseignement à distance (Cned), comme le souligne le département du Val d’Oise.

« La direction académique des services départementaux de l’Education nationale du Val d’Oise organise, grâce à la mobilisation de l’ensemble des équipes pédagogiques, une continuité pédagogique, dès lundi 16 mars, pour maintenir un lien pédagogique, entretenir les connaissances déjà acquises par les élèves tout en permettant l’acquisition de nouveaux savoirs », souligne Hervé Cosnard, directeur académique de la direction des services départementaux de l’Éducation nationale dans le Val d’Oise.

Solidarité et soutien aux acteurs de la santé

Les collectivités territoriales se mobilisent également pour assurer le bon fonctionnement du système de santé. La région Ile-de-France apporte, par exemple, son soutien aux acteurs de santé et de solidarité par la mise en place d’un fonds d’équipement d’urgence de 10 millions d’euros pour les médecins et les infirmiers libéraux. La mise à disposition du personnel d’Ile-de-France prévention santé sida (30 personnes sur 40) pour aider l’agence régionale de santé et les structures d’urgences sociales de même que la mise à disposition de l’État de certains lycées franciliens pour la garde des enfants des personnels de santé a été décidée.

En Essonne, les enfants des personnels soignants des hôpitaux de Longjumeau, Corbeil-Essonnes et Étampes pourront être hébergés pendant la journée de travail dans les locaux des collèges dans lesquels ils sont inscrits. Le département de Seine-et-Marne, avec l’union des maires, va recenser les personnes qualifiées et volontaires pour garder des enfants, afin d’épauler les soignants et autres professions indispensables à la continuité du service public sur le territoire.

En Seine-Saint-Denis, des discussions sont en cours entre le Département et les autorités sanitaires et préfectorales afin de déterminer si des ouvertures partielles de crèches doivent être mises en place pour assurer l’accueil de jeunes enfants du personnel public assurant des missions essentielles (professions médicales et sociales, etc.). Le conseil départemental des Hauts-de-Seine propose une solution de garde d’enfants aux professionnels de santé du territoire afin de faciliter leur mobilisation.

Maintien des accueils en PMI

Si les Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) sont fermés aux visites par décision de l’ARS, l’Essonne indique que les visites des aides à domicile ne sont pas suspendues. « La responsabilité de choisir le service d’aide à domicile relève de chaque famille », indique le Département.

En Essonne toujours, les maisons départementales des solidarités, les établissements médicosociaux, ou la maison départementale des personnes handicapées continuent d’accueillir le public, avec toutes les précautions d’usage. Idem en Seine-Saint-Denis, où les accueils type PMI, services sociaux, MDPH… « sont maintenus au minimum pour les situations d’urgence et les fonctions sanitaires principales ».

Les Ehpad (Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) sont fermés aux visites par décision de l’ARS. © Jgp

En matière de solidarité, un inventaire des denrées a été effectué dans les collèges de l’Essonne par le conseil départemental, indique ce dernier. Les denrées périssables actuellement stockées dans les cantines (fruits, légumes, laitages) vont être distribuées à quatre associations : Restos du cœur, Croix-Rouge, Secours populaire et Société Saint-Vincent-de-Paul.

Le conseil départemental de Seine-et-Marne a décidé de réactiver le dispositif « Seine-et-Marne entraide », qui avait vu le jour lors des inondations de juin 2016. Cette cellule d’aide et de conseil aux collectivités fonctionnera en lien avec l’union des maires de Seine-et-Marne (UM 77) et les services de l’Etat. Une enveloppe financière, d’un montant initial de 200 000 euros, pourra être mise en place pour venir en appui à des collectivités seine-et-marnaises dépourvues de services sociaux qui seraient confrontées à des situations d’urgence et en feraient la demande.

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