A l’occasion de la journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes, les travaux du casier pilote de la Bassée ont été officiellement inaugurés par le président de la métropole du Grand Paris et de l’Etablissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs, Patrick Ollier, et Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Le chantier devrait s’achever en 2024.
C’est sous un ciel gris et pluvieux que les travaux du casier pilote Seine Bassée ont été officiellement lancés à Châtenay-sur-Seine (Seine-et-Marne), jeudi 13 octobre 2022, par Patrick Ollier, le président de l’établissement public territorial de bassin (EPTB) Seine Grands Lacs et de la métropole du Grand Paris (MGP), et Christophe Béchu, le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires. Accompagnés de nombreux élus locaux et nationaux ainsi que des entreprises partenaires, tous deux ont lié ce chantier à la journée internationale pour la réduction des risques de catastrophes naturelles et plus particulièrement à la sécheresse et aux inondations.
Abaisser la Seine de 15 cm
Concrètement, ce casier pilote a deux fonctions : continuer d’alimenter la Seine si son débit diminue et éviter qu’elle ne déborde, en cas de crue, dans les communes de la métropole parisienne grâce à un système de pompage vers une zone endiguée de 360 ha. Cette installation devrait permettre de retenir 10 millions de m3 d’eau et de réduire la hauteur du fleuve de 15 cm.
Lors de son discours, Patrick Ollier, président de l’EPTB, n’a pas manqué d’évoquer le cheminement de ce projet : « 40 ans les amis ! En 1982, l’Etat engageait une réflexion pour réduire les risques d’inondations en Ile-de-France. Vous rendez-vous compte du temps que cela a pris pour concerter et passer à l’action ? » Sur les 114 millions d’euros d’investissement, l’Etat en finance la moitié, la métropole du Grand Paris 30 % et l’EPTB Seine Grands Lacs 20 %.
L’EPTB et la MGP main dans la main
Ce premier espace endigué va compléter les quatre lacs-réservoirs construits en amont de l’Ile-de-France près de Troyes (Aube), Saint-Dizier (Haute-Marne) et dans la Nièvre. Comme le projet Seine Bassée, ils sont tous gérés par l’EPTB Seine Grands Lacs dans lequel sont représentés des élus de ces différentes collectivités territoriales. Le syndicat mixte a été largement mis à l’honneur par celui qui le préside depuis un an. « Il y a eu des oppositions fortes et fermes. Il a fallu créer une confiance avec les élus et les citoyens dans les capacités de l’EPTB à mener ces travaux », explique Patrick Ollier. Et pour cela, cette institution a pu compter sur le soutien de la MGP et de l’Etat, sur la concertation et sur les mesures compensatoires d’accompagnement.
Ces dernières sont financées avec la taxe de gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations (Gemapi), compétence de la métropole du Grand Paris. Elle a notamment permis d’indemniser les agriculteurs propriétaires de terrains inondables et une entreprise de pousseur fluvial installée sur le site du chantier. C’est aussi avec les fonds de cette taxe que Patrick Ollier s’est engagé auprès de Stéphanie Banos, la maire de Châtenay-sur-Seine, à reconstruire le « city stade », détruit au bénéfice du futur casier pilote.
10 millions d’euros pour l’environnement
Le point d’orgue de l’officialisation du chantier a été la coupe par le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, du ruban tricolore relié à un radeau pour la préservation des sternes, une espèce d’oiseau marin blanc à tête noire. En effet, le projet Seine Bassée n’a pas pour seule vocation de protéger Paris des inondations. Il vise aussi à restaurer un habitat naturel détérioré depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale par l’agriculture et l’exploitation de la carrière. Pour réaliser cet objectif, 10 millions d’euros seront alloués à la valorisation de la biodiversité sur 120 ha.
« Nous voulons recréer un habitat favorable pour que des espèces qui se trouvent déjà sur le site puissent se développer et retrouver la place qui était la leur », détaille Zineb Taha, cheffe de projet chez Ecosphère, le bureau environnemental engagé dans les travaux. Côté flore, 50 000 arbres et 100 000 roseaux seront plantés. Côté faune, l’EPTB s’engage à ce que le chantier soit respectueux de l’environnement. Par exemple, les horaires ont été adaptés en fonction des chauves-souris et le transport des 500 000 m3 de remblais se fera par voie fluviale, en provenance notamment des chantiers du Grand Paris express.
« L’Etat sera attentif au succès du projet », a lancé le ministre, qui compte l’ériger en exemple pour d’autres collectivités. Patrick Ollier, lui, a un objectif : achever ce projet pilote pour les Jeux olympiques en 2024 et faire réaliser, après évaluation, en 2035, huit autres casiers dans le territoire de la Bassée.