A première vue, Boucle Nord de Seine part avec davantage de handicaps que d’atouts. Issus pour la plupart de communes isolées, ses élus vont devoir apprendre à partager une vision commune du développement territorial. Un passage obligé pour désenclaver ce territoire et l’arrimer à La Défense, même si les futures infrastructures de transport y contribueront largement.
Boucle Nord de Seine (Hauts-de-Seine) se présente d’emblée comme un établissement public territorial (EPT) atypique, puisqu’il chevauche deux départements du fait de l’intégration d’Argenteuil (Val-d’Oise). Cette intégration d’une commune rongée par d’énormes problèmes financiers et principale ville de l’EPT, avec ses quelque 105 000 habitants, a dès le départ rendu complexe la cohésion de l’ensemble. Mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, les élus locaux sont bien décidés à relever le défi et, au final, à transformer la contrainte d’un mariage forcé en opportunité. Nicole Goueta, maire de Colombes et présidente (LR) de l’EPT Boucle Nord de Seine, a, d’entrée de jeu, fixé les contours de la coopération intercommunale : « Nous souhaitons en faire une coopérative de maires très souple, et respecter l’identité de chaque commune. La présidence en est d’ailleurs tournante chaque année ».
qui vient d’être publié (plus d’info).
Patrice Leclerc, maire (PCF) de Gennevilliers et vice-président à l’aménagement, met de son côté en avant une volonté déjà affirmée de travailler ensemble, concrétisée par la mise en œuvre, en 2014, d’un contrat de développement territorial (CDT) avec quatre villes : Gennevilliers, Asnières, Colombes et Bois-Colombes. Reste désormais à le transformer en projet de territoire : « il devrait être formalisé et écrit d’ici à juillet, c’est du moins notre objectif », annonce l’élu.
Désenclaver les villes
Outre la cohésion interne, l’enjeu de Boucle Nord de Seine est de désenclaver ses villes en s’arrimant à ses voisins, et notamment au très convoité territoire de La Défense, « dont nous avons été arbitrairement coupés alors que notre territoire en est le prolongement naturel », déplore Nicole Goueta. Jean-Yves Durance, président de la Chambre de commerce et d’industrie des Hauts-de-Seine, croit d’ailleurs « beaucoup aux potentiels du territoire de Boucle Nord de Seine, une zone remarquablement située, très proche de La Défense ».
Pour ce faire, le déploiement des infrastructures de transport jouera un rôle déterminant. « Nous travaillerons au désenclavement de nos communes en collaboration avec le Syndicat des transports d’Ile-de-France, le département des Hauts-de-Seine et la Société du Grand Paris », promet la présidente. « Ainsi, le prolongement du tramway T1 – qui s’arrête pour l’instant à Asnières et doit desservir les quartiers nord de Colombes – sera terminé pour 2023, en souhaitant vivement que Paris obtienne les Jeux olympiques de 2024 qui impliqueront cette portion de notre territoire. »
A l’instar de l’ensemble des EPT des Hauts-de-Seine, Boucle Nord de Seine fonde également beaucoup d’espoirs sur l’arrivée de la ligne 15 du métro du Grand Paris express, qui contribuera à irriguer ce territoire du nord du département, mais pas avant 2030. Quatre gares y seront implantées à Bois-Colombes, Asnières, et deux à Gennevilliers. L’une se trouvera dans un quartier exclusivement social où est engagée une opération de renouvellement urbain. L’autre gare de Gennevilliers se situera au niveau d’une zone d’activités – sur des terrains que la ville a rachetés à Aubert & Duval – et sur laquelle elle projette de regrouper plusieurs centres de formation d’apprentis (600 à 700 élèves) et de créer un pôle de développement de l’économie collaborative.
Enfin, « le raccordement de Colombes au métro, via les lignes 13 et 15, est sérieusement envisagé mais doit être formalisé », ajoute la présidente, Nicole Goueta. « Le développement économique de notre territoire sera ainsi accéléré grâce à une attractivité renforcée par ces nouvelles liaisons est-ouest et nord-sud. » Assurer l’essor économique, mais aussi maintenir et développer une activité productrice est bien le troisième challenge à relever par ce nouvel ensemble. « Les activités économiques ne doivent pas être renvoyées hors de la métropole à cause de la pression foncière », redoute le maire de Gennevilliers.
Besoin d’aide
D’autant que ce territoire recèle encore des friches industrielles pouvant devenir des lieux de développement, notamment à Argenteuil ou Clichy, sans oublier le port de Gennevilliers. Pour Patrice Leclerc, toute la question est de savoir si la métropole du Grand Paris sera capable d’assurer le développement économique de chaque territoire, et notamment de ceux qui sont défavorisés car « même si l’ouest de Paris est considéré comme une zone riche, des villes telles Clichy, Asnières et Gennevilliers ont besoin d’aide pour se développer ».