Tribune – V. Montandon : « Le PLU parisien plus dogmatique que bioclimatique »

« A Paris, le foncier de demain est celui d’aujourd’hui. L’enjeu majeur est de le transformer grâce à la coopération de toutes les forces vives parisiennes ! », estime Valérie Montandon, conseillère de Paris et de la MGP, conseillère régionale d’Ile-de-France, vice-présidente du groupe Changer Paris au Conseil de Paris.

« Notre capitale est l’une des plus denses d’Europe. Alors que pendant la période 1977 à 2001, chaque opération d’aménagement était équilibrée et comprenait au minimum 30 % de surface d’espaces verts comme en témoignent les parcs de Bercy (12e arr.), Georges Brassens (15e) ou encore Belleville (20e), le bilan de l’ère socialiste fut bien modeste en comparaison. Les espaces verts sont restés à l’état d’incantations, d’images de synthèses ou de promesses farfelues comme les forêts urbaines.

Il est temps de réparer les dérapages du passé, pas totalement achevés, pour préserver les espaces verts et limiter la formation d’îlots de chaleur urbains. L’extension de l’obligation de pleine-terre à la parcelle et la limitation de la hauteur des bâtiments à 37 m sont de bonnes nouvelles, et la pression constante exercée par le groupe Changer Paris n’y est pas étrangère. Les projets de la TEP Ménilmontant (11e), de la place Mazas (12e), de la tour Bruneseau (13e) ont ainsi été abandonnés ou révisés grâce à la mobilisation sans faille des élus de la droite et du centre, pour mettre fin à ces projets trop minéraux, qui allaient bétonner davantage notre ville.

Encourager des transformations réalistes

Mais si les nouvelles réglementations doivent traduire une réelle volonté de préserver les espaces de respiration, elles doivent aussi favoriser la rénovation et la transformation du bâti existant, afin de le rendre plus vertueux en matière environnementale. Il est également nécessaire de répondre aux nouveaux usages et besoins des habitants.

Valérie Montandon. © DR

Or, les mesures annoncées en la matière auront les effets inverses de ceux recherchés ! Les réhabilitations et restructurations des bâtiments tertiaires obsolètes seront ainsi totalement découragées par des contraintes extrêmement fortes comme le pastillage ou l’obligation de création de 10 % d’habitat notamment social. La mairie anéantira ainsi tous les efforts à faire en matière de rénovation énergétique, de modernisation et de transformation de bureaux en d’autres fonctionnalités. Le « pastillage » soulève aussi les questions de l’atteinte au droit de propriété, de son caractère opaque et de son impact négatif sur l’économie parisienne avec une estimation de 200 000 emplois menacés.

Afin que ce nouveau PLU s’avère véritablement favorable au climat, il est donc essentiel d’encourager des transformations réalistes qui accélèrent les efforts en matière de mixité des usages et de transition écologique du bâti.

Tout d’abord, le PLU doit pleinement exploiter les potentialités offertes par la réversibilité des immeubles de façon volontariste et non timorée, afin de pouvoir s’adapter rapidement aux mutations urbaines et aux nouvelles demandes. L’introduction de nouvelles hauteurs de plafond fixées à 3 m par exemple, de largeurs de plateau minimales ou de faux plafonds dimensionnés pour accueillir de multiples points d’eau pourraient notamment y contribuer. L’optimisation de la durée de vie d’un bâtiment grâce à l’anticipation de sa réversibilité augmente sa valeur et réduit conjointement son impact carbone.

La majorité municipale doit également s’appuyer davantage sur les entreprises, qui innovent chaque jour pour répondre aux changements de modes de vie et aux objectifs bas carbone. C’est aux politiques d’aider les différents acteurs à trouver de nouveaux usages, à réhabiliter le bâti existant et non à les contraindre au point de les décourager. Le parc de bureaux représente seulement 13,5 % du parc immobilier parisien total et sa vacance très faible est de l’ordre de 3 %, incitant à ce dialogue avec notre tissu économique afin d’optimiser leurs espaces souvent sous-utilisés les soirs et les week-ends et d’en faire bénéficier les riverains. De nouveaux modèles sont à inventer grâce à un partenariat gagnant-gagnant, des mesures incitatives, des permis flexibles et un environnement propice à l’innovation et à l’expérimentation.

« Le bilan rose-rouge-vert est mauvais »

Paris n’a pas vocation à devenir une ville dortoir : notre capitale doit retrouver sa diversité sociale et économique par la création de nouveaux programmes mixtes, alliant espaces verts, commerces, activités, artisanat et tous types de logements pour loger notamment les travailleurs et les jeunes actifs tout en leur offrant les services et les équipements essentiels à leur bien-être.

Alors pourquoi le premier adjoint à la maire de Paris en charge de l’urbanisme et la municipalité ont-ils capitulé aussi vite et sacrifié le secteur économique et par ricochet les salariés et les habitants ?

Parce que s’il y a une chose que toutes les composantes de la majorité ont en commun, c’est bien le renoncement à améliorer le cadre et la qualité de vie des Parisiens, à l’image de leur gestion de l’espace public, de la sécurité ou de la propreté que le groupe Changer Paris n’a cessé de dénoncer ces dernières années.

Le bilan rose-rouge-vert est mauvais, 12 000 habitants quittent Paris chaque année depuis dix ans. Les élus de la majorité ne tablent plus sur l’amélioration du cadre de vie à Paris et misent sur le logement social comme une assurance-vie-réélection. Et le prochain PLU, pastillé de l’adjectif « bioclimatique », sera leur cheville ouvrière.

Élus de la droite et du centre, nous nous battrons donc pour que le développement durable de Paris soit bien plus qu’une incantation dogmatique, mais une réalité dans ce nouveau plan local d’urbanisme, afin d’œuvrer à l’amélioration du cadre de vie de tous les habitants en s’appuyant sur l’ensemble des forces vives parisiennes ! »

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