Rafika Rezgui – Une enfant de la République

Elue dès le premier tour des municipales face au maire sortant Les Républicains, cette femme de gauche savoure sa victoire à Chilly-Mazarin. Et promet de faire respirer sa ville.

Le regard vif et noir, la démarche alerte, Rafika Rezgui rayonne. Ce bureau de maire de Chilly-Mazarin, elle le connaît, elle l’a déjà occupé de 2012 à 2014 lorsqu’elle perd contre Jean-Paul Beneytou, Les Républicains, de 130 voix. « C’était une défaite lourde que j’ai vécue comme une injustice », confie-t-elle. Mais aujourd’hui, au terme d’une campagne longue et acharnée, elle retrouve avec joie cette fonction qui correspond à ses aspirations : œuvrer concrètement pour l’intérêt général de toutes et tous.

Rafika Rezgui, maire de Chilly-Mazarin. © Mairie de Chilly-Mazarin

Née à Cannes dans une fratrie de cinq enfants, de parents tunisiens, elle n’est pas issue d’un milieu favorisé. Un père menuisier, une mère au foyer. « Je suis la fille de notre modèle républicain. J’ai le sentiment d’avoir beaucoup reçu, j’ai donc envie de donner à mon tour. » Elle fait des études de droit international de l’environnement à l’université de Nice jusqu’au doctorat. Petite frustration – elle n’a jamais soutenu sa thèse. C’est que, entretemps, elle a eu l’opportunité de rejoindre l’équipe de François Lamy, député PS de l’Essonne. En 2001, il conquiert la ville de Palaiseau. « J’étais au cœur du dispositif de campagne, puis nommée directeur de cabinet. J’ai vécu la transformation des engagements électoraux en réalisations concrètes », se réjouit celle qui se dit femme d’action.

En 2007, elle décide de quitter ses fonctions pour préparer son retour en tant qu’élue, et rejoint la direction du réseau mobile et fixe de Bouygues telecom. Avec toujours cette impression d’être dans la dimension opérationnelle, d’œuvrer pour la transformation des territoires. Un an plus tard, elle est sur la liste de Gérard Funès, maire PS de Chilly-Mazarin depuis 1977, personnalité charismatique et respectée au-delà de son camp. Il lui confie la délégation adjointe aux solidarités et à l’enfance, « un cadeau ». Et lorsqu’en 2012 il se retire de la mairie, à la faveur du non-cumul des mandats, il la propose comme son successeur. « J’ai été élue par mes collègues, un grand bonheur. » Elle s’empare de la réforme des rythmes scolaires de François Hollande et la conduit courageusement, l’instaurant dès la rentrée scolaire 2013. Mais un an plus tard, subissant probablement l’impopularité du président socialiste, elle perd la mairie.

Rester fidèle aux Chiroquois

Dans l’opposition, elle garde son cap, rester fidèle aux Chiroquois. Cependant, elle ne parvient pas à empêcher le nouveau maire, Jean-Paul Beneytou, de commettre ce qu’elle considère comme une lourde faute : la destruction, en 2015, de la Maison des jeunes et de la culture. Viennent ensuite l’augmentation de la taxe d’habitation, des tarifs des cantines scolaires et, enfin, l’adoption, en 2018, d’un Plan local d’urbanisme bétonneur sans aucune concertation avec les habitants. Celle qui ne s’énerve jamais, selon ses collaborateurs, en veut à son prédécesseur, d’autant plus qu’il vient de démissionner du conseil municipal : elle aurait aimé qu’il rende des comptes.

Son programme à elle, Rafika Rezgui l’a bâti avec les Chiroquois. Son équipe de campagne a frappé à plus de 5 000 portes pour recueillir leurs aspirations. « Chacune de mes propositions repose sur des échanges avec les citoyens. » Désormais, elle s’applique à les mettre en œuvre, en commençant par la révision du PLU. En 2021, sera instauré un conseil local de la transition écologique, instance de prospective pour l’aménagement d’une ville durable. Car Rafika Rezgui veut rester fidèle à son slogan de campagne : pour une ville qui respire.

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