Le directeur général de la Société de livraison des ouvrages olympiques Nicolas Ferrand s’est vu remettre jeudi 4 juillet le Grand prix du Grand Paris de la personnalité de l’année 2024 décerné par le club des Acteurs du Grand Paris en partenariat avec Le journal du Grand Paris. Frédéric Dabi, directeur général opinion de l’Ifop, a livré son analyse de la situation politique.
Après que Maria Breidy, secrétaire générale des Acteurs du Grand Paris et directrice de la communication du Ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques a décrit le fonctionnement du jury, composé des membres de l’association, c’est Laurent Tricot qui a présenté le lauréat du Grand prix de la personnalité Grand Paris 2024. Le directeur régional Ile-de-France de Total énergies a rappelé que Nicolas Ferrand était polytechnicien, diplômé du MIT de Boston, passé par le ministère des Transports puis de l’Equipement, avant d’être directeur de l’Etablissement public d’aménagement (EPA) de Saint-Etienne, puis directeur général de l’aménagement urbain de Rennes Métropole et enfin directeur général des établissements publics de Marne-la-vallée. « Il est surtout depuis 2017, le directeur général exécutif de la Solideo, la Société de livraison des ouvrages olympiques », a-t-il poursuivi, supervisant à ce titre, pendant sept ans, la réalisation de la totalité des ouvrages requis pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
« A 51 ans, Nicolas Ferrand, ingénieur habité et passionné, a orchestré un défi que beaucoup pensaient impossible : livrer dans les temps les ouvrages pour les JO de Paris, a souligné Laurent Tricot. Du coup, vous avez privé les Français et la presse française de leur sujet favori. Vous n’avez pas laissé une seule opportunité à qui que ce soit de spéculer sur d’éventuels retards et sur les risques ou les enjeux qu’ils auraient pu avoir sur le démarrage des Jeux olympiques. Vous avez réussi à livrer l’intégralité des ouvrages au Comité d’organisation de Paris 2024 en respectant le planning prévisionnel initial, dans les délais et avec la qualité attendue ».
Hommage aux 30 000 compagnons
« Je suis un peu ému pour une raison qui n’est pas dans ce que je vais vous dire, mais parce que c’est sans doute ce soir l’une des dernières fois que je m’exprime en public comme directeur général de la Solidéo, a déclaré le récipiendaire. Ce prix récompense un petit peu Nicolas Ferrand et beaucoup, beaucoup, les 30 000 compagnons, ingénieurs, architectes, promoteurs, financeurs, élus, préfets, fonctionnaires, j’en oublie, qui ont pendant cette année travaillé, œuvré pour sortir ce programme assez extraordinaire de 70 objets, pour un montant de 4,5 milliards d’euros », a poursuivi Nicolas Ferrand.
« On est le premier pays à livrer l’intégralité du programme, l’intégralité des 70 objets dans le timing initialement prévu, c’est à dire six mois avant les Jeux et dans les budgets initialement prévus, Il n’y a pas eu un euro de plus et pas eu un euro de moins. Si, il y a eu 39 millions d’euros publics de moins que j’ai rendus hier », a fait valoir Nicolas Ferrand. Le directeur général de la Solideo s’est également félicité de l’unité politique dans laquelle le projet olympique a été conduit. « Toutes les délibérations ont été prises à l’unanimité, sauf une, celle sur les voies réservées sur le périphérique ».
« L’élan d’aller plus loin dans le développement des villes »
« On espère avoir donné l’élan, avoir donné l’envie pour que vous tous, vous ayez envie d’aller plus loin dans le développement de la ville, dans le renouvellement de la ville. Parce qu’on est profondément convaincu que depuis près de 900 ans, la culture européenne, la civilisation européenne, ce qui nous fait comme société, ça s’est passé en ville et que notre avenir s’y joue ».
« Notre ADN, c’est de créer ces espaces de dialogue, de coopération, de discussion et d’échange entre les secteurs public et privé qui font la force et la vitalité, je le crois, et j’en suis sûr, de la région Capitale, a souligné le président des Acteurs du Grand Paris Thomas Hantz. Soyons fiers que notre pays dispose du génie urbain, de la capacité à faire de la ville ». Il a également saisi l’occasion pour saluer les partenaires annuels de l’association, Yuman immobilier, Crédit agricole, Action logement, Vinci immobilier et Total énergies. « Il y a quelque chose de fort grand dans ce Grand Paris, c’est au fond la capacité de la France à proposer des choses qui nous dépassent », a-t-il conclu.
Frédéric Dabi : « Une séquence insensée et inédite »
« On est sur une séquence que je qualifierais d’insensée et inédite, a estimé le directeur général opinion du groupe Ifop Frédéric Dabi lors de cette soirée. Insensée parce qu’il faut revenir à l’origine du problème, si je puis dire. L’origine, c’est quoi ? C’est cette dissolution qui a suscité dans toutes les générations, toutes les familles politiques, une incompréhension totale. Et vous vous souvenez de la phrase de François Mitterrand devant le cercueil de Pierre Bérégovoy : “Je cherche à comprendre”. Et les Français n’ont pas compris. Ils ont trouvé cette décision irréfléchie, irresponsable, ultra-risquée ».
Le spécialiste de l’opinion a indiqué que les dernières enquêtes, réalisées il y a quelques jours, révélaient un taux de pessimisme inégalé des Français pour leur avenir et celui de leurs enfants de 83 %.
Le dirigeant de l’Ifop a indiqué que les Français considéraient majoritairement que le président de la République « ne les écoute pas, ne les comprend pas, ne les connaît pas ». Il a décrit l’évolution de la composition de l’électorat du Rassemblement national, composé désormais de salariés, de dirigeants d’entreprises, et plus seulement d’ouvriers sans diplôme des communes moyennes. 41 % des salariés et 25 % des cadres supérieurs ont voté pour le RN dimanche 30 juin.
« On est à minuit moins une, dans le sens où le RN aura sans doute le premier groupe à l’Assemblée nationale dimanche soir », a poursuivi le sondeur, prédisant « une chambre introuvable qu’on n’a jamais vue, une quatrième-républicanisation de notre cinquième République qui avait cet avantage de dégager des majorités si fortes ».
« Qu’est ce que l’on vit depuis 2021-2022 ?, a-t-il conclu. Une guerre des trois blocs qui ne se font aucun cadeau. On imagine des élus socialistes et écologistes gouverner avec la Macronie. C’est peut-être ce qui se passera mais en tout cas cela créera une impression délétère auprès des Français, d’une confiscation du résultat de leur vote. Je pense qu’avec un gouvernement de coalition, plus que jamais, le RN apparaitra comme l’alternative ».