Louis-Pierre Samain – Entremetteur territorial

Avec AncRHage, Louis-Pierre Samain entend « connecter les salariés avec le territoire de leur entreprise », dans un souci de bien-être au travail.

Louis-Pierre Samain se décrit comme « un entremetteur », un terme « pas très politiquement correct », concède-t-il dans un sourire. On imagine d’ailleurs mal ce quadra aux propos nuancés et au look sage manœuvrant en coulisses pour fomenter quelques intrigues amoureuses. S’il provoque des rencontres, elles sont d’une autre nature : son truc à lui, c’est de « connecter » des salariés avec le territoire où ils travaillent. Avec ce postulat : le second peut constituer un levier de bien-être pour les premiers.

Louis-Pierre Samain

Louis-Pierre Samain. © DR

C’est ce qu’il promeut avec AncRHage, société qu’il a créée début 2017 en conciliant son expérience dans les ressources humaines et son « intérêt pour les territoires en mutation », à l’image de ces quartiers et villes de Seine-Saint-Denis qu’il s’est « mis à explorer de manière systématique » depuis son emménagement à Pantin, en 2014. Une commune découverte au hasard de ses pérégrinations cyclistes. « J’ai eu un vrai coup de cœur », confie-t-il.

Le territoire comme levier de bien-être au travail

Ce Belge débarqué en 2005 à Paris, à la faveur d’une mission pour la banque internationale qui l’employait alors à Bruxelles, retrouve dans la banlieue du nord-est parisien un « environnement urbain qui [lui] correspond, plus contrasté et mélangé qu’à Paris ». Un peu comme la capitale du plat pays qui, elle non plus, « n’est pas évidente à appréhender et à aimer au premier abord », explique-t-il.

« Dans le domaine du bien-être au travail, on pense généralement aux espaces intérieurs, mais on oublie parfois que les salariés peuvent rencontrer du stress par rapport à l’environnement urbain, d’autant plus lorsque leur entreprise s’implante dans un territoire en déficit d’image », poursuit Louis-Pierre Samain de sa voix posée. L’enquête qu’il a menée auprès de 300 salariés de sociétés installées à Saint-Denis, Aubervilliers, Saint-Ouen et Pantin a confirmé qu’en majorité, ceux-ci pratiquaient très peu leur quartier de travail, que ce soit pour des achats, des services administratifs, des sorties, etc. « Ce qui ressortait de manière la plus importante était le fait qu’ils avaient l’impression d’être dans un désert. »

Susciter des rencontres

Il a donc voulu aller à l’encontre de ces représentations en accompagnant des entreprises ou des institutions (le conseil régional d’Ile-de-France par exemple, dont le siège a été transféré courant 2018 à Saint-Ouen) qui font le choix de quitter Paris pour s’installer en Seine-Saint-Denis où se concentre pour l’instant leur activité.

Balades thématiques (sur le patrimoine, la photo, le sport…), rencontres avec des acteurs du territoire (habitants, associations, responsables de lieux culturels, restaurateurs…), afterwork dans un bar…, l’objectif est de proposer des prestations sur mesure. Ces activités peuvent être organisées en amont d’un déménagement ou s’inscrire dans la politique RH de l’entreprise (plan de sensibilisation au handicap, démarche RSE, etc.). « Toutes les occasions sont bonnes pour pratiquer le territoire », résume-t-il.

Louis-Pierre Samain ne se pose pas pour autant en béni-oui-oui du 9-3 : « Je ne suis pas là pour dire la “banlieue c’est sympa”. Je donne des outils pour susciter des rencontres, montrer qu’il y a des opportunités. Après, ça prend ou ça ne prend pas ». Lui en est convaincu : le Grand Paris doit aussi se construire à échelle humaine, avec ceux qui y vivent et y travaillent.

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