Mipim Proptech : les acteurs franciliens se frottent aux nouvelles technologies

Pendant deux jours, les professionnels de l’immobilier tiennent salon au Palais des Congrès de Paris, les 20 et 21 juin 2018, pour se préparer à leur transformation digitale. Pour sa 1re édition européenne, le Mipim Proptech a réussi son pari de faire se rencontrer sociétés innovantes et acteurs de l’immobilier.

Visiter virtuellement un appartement, découvrir une application de suivi de chantier, se familiariser avec la blockchain, ou encore visionner la maquette 3D d’une opération d’aménagement à Rueil-Malmaison, telles sont les diverses expériences proposées aux professionnels de l’immobilier dans le cadre de la 1re édition française du Mipim Proptech. Initié par la société Reed Midem, ce rendez-vous a vocation à faire se rencontrer acteurs traditionnels et sociétés innovantes de l’immobilier. Une gageure et une urgence tant le secteur est en retard, comme le confirme une enquête réalisée par les consultants James Dearsley et Eddie Holmes, fondateurs de Proptech consult (Royaume-Uni).

« Le marché de l’immobilier semble le dernier secteur à avoir engagé sa transformation digitale et beaucoup de chemin reste à parcourir », insiste James Dearsley.

Résistance au changement

Si 82 % de la centaine de professionnels sondés assurent que les technologies digitales vont avoir un impact majeur sur leur activité, « plus d’un tiers remettent ensuite en question la capacité actuelle des dirigeants à positionner leur entreprise pour qu’elle puisse s’adapter à ces changements », explique James Dearsley. Cependant, deux tiers jugent leur direction « prête à changer de modèles économiques et à faire évoluer leurs métiers ».

Sarah Rozenfarb, directrice de la stratégie et des nouveaux développements de Reed Midem. ©JGP

Les ressources humaines sont le principal obstacle au changement cité par les professionnels interrogés, avec en particulier une pénurie de compétences techniques et une résistance générale au changement. Plus de 85 % des personnes sondées jugent de plus les technologies numériques « pertinentes » pour leur activité, mais un quart n’a toujours pas engagé de stratégie officielle en la matière. Deux tiers des entreprises s’associent avec des partenaires externes pour faciliter la digitalisation de leurs modèles économiques. C’est tout l’intérêt du Mipim Proptech.

« Délivrer du contenu éducatif et disruptif »

Pendant deux jours, les 20 et 21 juin, quelque 1 500 participants venus de 45 pays dont une cinquantaine d’exposants ont en effet la possibilité de mettre en relation leurs besoins pour les uns et leurs technologies de pointe pour les autres. « On est là pour délivrer du contenu éducatif et disruptif via par exemple des retours d’expériences de transformation digitale réussie », prévient Sarah Rozenfarb, directrice de la stratégie et des nouveaux développements de Reed Midem.

Des chantiers de construction à la commercialisation, les innovations présentes au Mipim Proptech rayonnent large. L’autrichien PlanRadar propose par exemple une application permettant d’assurer le suivi d’un chantier. « Lorsqu’il visite une construction en cours, l’architecte ou le chef de chantier travaille à partir d’une modélisation 2D et relève sur un smartphone ou une tablette tous les problèmes en les localisant, explique Rudolf Pistora, directeur des ventes. Il peut également prendre une photo, des notes et envoyer le tout à un ou plusieurs interlocuteurs pour leur demander d’intervenir. »

Rudolf Pistora, directeur des ventes de PlanRadar. ©JGP

Alors qu’il fallait jusqu’à présent 7 h pour accomplir la visite et le rapport correspondant, PlanRadar fait gagner un temps considérable en associant les deux actions et se targue de compter plus de 2 000 clients dans 29 pays.

Plateforme de cartographie

KelFoncier de son côté a mis au point en 2016 une application pour aider les promoteurs à trouver des fonciers disponibles. « Nous superposons 2 000 paramètres issus des cadastres, PLU et autres zonages réglementaires de manière à s’assurer qu’un foncier potentiel est constructible », explique Sabrinne Molina, ingénieur foncier chez KelFoncier qui a été créé par la société parisienne KelQuartier, un fournisseur de contenus de sites web pour les professionnels de l’immobilier. « Nous sommes les seuls à proposer ce service à l’échelle de la France, et même des DOM-TOM », ajoute Sabrinne Molina.

En mesure de gérer des projets à l’échelle d’une ville entière, Vectuel présente quant à lui sa technologie permettant de réaliser des maquettes 3D de villes et de territoires, qui intéressent tant les aménageurs que les promoteurs. Créé en 2004, Vectuel n’a rien d’une start-up, « nous sommes une entreprise innovante », précise Teïlo François, directeur grand comptes de la société parisienne qui vient de lancer une plateforme de cartographie.

Teïlo François, directeur grand comptes de la société parisienne Vectuel.©JGP

« Nous nous situons entre Google map et les outils de cartographie techniques, indique Teïlo François, nos cartes sont interactives et esthétiques. » De quoi séduire les professionnels de l’immobilier pour positionner leurs références.

« Immersion totale »

Côté commercialisation, FPX, filiale du promoteur Quartus, propose en avant-première une expérience inédite de visite virtuelle d’un appartement, technologie qui sera commercialisée fin 2018. « Il s’agit d’un véritable outil d’aide à la vente », explique Cyril Villalonga, directeur général de FPX. « L’espace de commercialisation classique disparaît et est remplacé par une maquette virtuelle dans lequel le client est en immersion totale ». Tout l’avantage tient aussi à la possibilité de s’affranchir totalement du lieu physique pour présenter des programmes dans la France entière et de concevoir l’appartement de ses rêves en temps réel.

Sur la cinquantaine d’exposants au Mipim PropTech, figurent des start-ups, des sociétés de technologies innovantes et de capital investissement. ©JGP

« La présence au Mipim Proptech permet d’échanger avec des start-up et des promoteurs d’horizon très variés », fait valoir Sandrine Lesperat, directrice de la communication de Quartus qui annonçait dès le début d’après-midi le 20 juin avoir eu des contacts avec des start-up présentant de nouvelles technologies. « Nous rencontrons d’autres sociétés qui cherchent à nouer des partenariats », renchérit Sabrinne Molina de KelFoncier, « c’est un salon hyper spécialisé auquel nous devions participer ». De quoi réjouir Sarah Rozenfard, « c’est tout l’objet de notre démarche ».

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