Les élus écologistes franciliens et normands ont réagi d’une seule voix mardi 24 septembre au choix de Valérie Pécresse de s’opposer au projet de Ligne nouvelle Paris-Normandie. Un renoncement qui conduirait à « faire le choix du routier ».
Après la tribune publiée vendredi 20 septembre par les élus communistes et apparentés des régions Normandie et Ile-de-France, c’est au tour des écologistes de leur emboiter le pas pour dénoncer la prise de position hostile prise par l’exécutif francilien le 11 septembre dernier au sujet de la Ligne nouvelle Paris-Normandie. Dans un communiqué commun, ils affirment que la LNPN « ne peut pas être mise au ban pour des raisons politiciennes », décrivant un projet qui serait « un véritable levier de décarbonation des mobilités » pour les deux régions, a fortiori l’Ile-de-France. Refuser ce projet, « c’est faire le choix du routier » sur un axe « déjà saturé et émetteur de 94 % des gaz à effet de serre du secteur des transports ». Un choix qualifié d’« irresponsable », ajoutent-ils.
Autre argument mis en avant par les élus écologistes, le fait que « cette voie ferrée supplémentaire entre Paris et Mantes, dédiée à la Normandie, met fin à la concurrence qui règne actuellement entre les trains des deux régions ». Le projet apparaît donc comme « un préalable impératif à l’amélioration des conditions de transport sur la ligne J du Transilien et à l’arrivée du RER E jusqu’à Mantes-la-Jolie ». Quant à l’argument du foncier, il est battu en brèche par les écologistes eux-mêmes qui reconnaissent que, « en l’état, ajouter une voie ferrée entre des voies ferrées déjà existantes et une autoroute ne constitue pas une menace pour la souveraineté alimentaire ». Sur ce point, la sénatrice des Yvelines Ghislaine Senée regrette « une confusion des genres », avec des maires ruraux qui se disent favorables à la liaison Paris-Mantes mais opposés à celle entre Mantes et Evreux qui n’est, à ce stade, pas à l’ordre du jour. « On était justement au stade de la concertation qui doit permettre aux élus de pointer les points noirs et de tracer des lignes rouges ».
« Le projet de LNPN n’est pas une priorité pour Valérie Pécresse »
En toile de fond, observe la sénatrice des Yvelines, « il y a beaucoup d’enjeux politiques derrière ce revirement », qui viserait autant à rassurer certains élus franciliens qui s’interrogent sur le Sdrif-e qu’à s’opposer frontalement à l’ancien Premier ministre et maire du Havre, Edouard Philippe. Pourtant, le sujet est « d’intérêt général pur ! » Elu normand et député européen, David Cormand abonde et dénonce « un changement de pied plus que cavalier » de la présidente de la région Ile-de-France, alors qu’un accord semblait, il y a quelques semaines encore, à portée de main. « Il s’agit d’une rupture de consensus par la région Ile-de-France, qui par ailleurs a bénéficié de financements de la part de l’Etat pour ses propres projets ». Clairement, « le projet de LNPN n’est pas une priorité pour Valérie Pécresse et la droite dans son ensemble », résume David Cormand.
Quant à l’argument financier, Ghislaine Senée s’en amuse : « les Normands sont complètement dépendants des sillons franciliens et pourtant on leur a rajouté le RER E, soit 6 milliards d’euros pour gagner si peu de minutes et seulement trois trains supplémentaires par heure alors que tout le monde imaginait un train toutes les dix minutes… »
Cet article est issu du Journal de l’Axe Seine