L’avenir du Grand Paris face au club Ville hybride

Jean-Louis Missika, Patrick Braouezec et Julien Sage ont débattu, mercredi 10 mai 2017, face aux membres du club Ville hybride – Grand Paris de l’avenir métropolitain au lendemain de l’élection présidentielle.

Michaël Silly a ouvert les débats, tenus dans un loft du 11° arrondissement de Paris, en décrivant l’évolution de la position des gouvernements qui se sont succédé au cours de la dernière décennie face au projet du Grand Paris. « Il existe à mon sens une nécessité d’inventer un nouveau modèle économique des projets hybridant économie du partage et économie traditionnelle, pour mieux répartir la création de valeur des opérations », estime le président du club Ville hybride – Grand Paris.

Il a rappelé les ambitions affichées lors de la campagne qui vient de s’achever par les leaders d’En Marche ! : étendre le périmètre de la métropole, supprimer les départements de petite couronne, généraliser l’évaluation des politiques publiques locales pour moduler, sur cette base, le montant des dotations d’Etat accordées aux collectivités territoriales. Michaël Silly a rappelé « la nécessité d’une gouvernance institutionnelle qui converge avec les nouveaux modes de fabrique urbaine, davantage guidés par le contrat que par la loi ».

Jean-Louis Missika (Paris), Julien Sage (Nanterre), Patrick Braouezec (Plaine Commune) et Michaël Silly (Ville hybride Grand Paris), mercredi 10 mai 2017. © Jgp

Patrick Braouezec a plaidé pour une métropole tournée en priorité vers ses habitants, regrettant que, sur plus d’un point, l’organisation actuelle résultant des dernières lois de décentralisation n’ait pas tranché. « Souhaite-t-on une métropole qui ne soit que le fruit d’une expansion parisienne, radioconcentrique ou bien polycentrique, tenant compte des histoires, des cultures, des désirs propres à ses différents pôles ? », s’est-il interrogé. Le président de Plaine Commune souhaite que le prochain gouvernement réponde à cette question, revoie le périmètre de la métropole, en l’étendant, et se positionne également plus clairement « sur la question de savoir quelle métropole on veut : attractive ou rayonnante ? »

L’ancien maire de Saint-Denis a rappelé les engagements collectifs pris à Quito lors de la conférence onusienne Habitat 3 en faveur du droit à la ville pour tous, même pour les plus précaires. Pour Patrick Braouezec, la métropole doit être institutionnellement « un EPCI* d’EPCI », c’est-à-dire une structure fédérative coordonnant les politiques publiques et les projets des actuels établissements publics territoriaux, EPT dont il souhaite voir l’autonomie fiscale et juridique renforcée.

Soft law

Jean-Louis Missika s’est livré pour sa part à un plaidoyer pour la « soft law », dans un pays où l’on ne croit qu’à la « hard law ». L’adjoint à la maire de Paris, chargé de l’urbanisme, de l’architecture, des projets du Grand Paris, du développement économique et de l’attractivité, a loué au passage les organes tels que le Forum métropolitain du Grand Paris (ex-Paris métropole), bon exemple, selon lui, des structures informelles de réflexion et de coopération qu’il appelle de ses vœux.

L’inventeur de « Réinventer Paris » a défendu le droit à l’expérimentation pour les territoires, la possibilité de politiques publiques à géométrie variable, la suprématie de la culture du projet. « Une ville c’est une âme, une histoire, une population qui a le sentiment de partager une même communauté de destins. Evidemment, le Grand Paris ne réunit pas toutes ces conditions, mais il n’y a pas de construction institutionnelle idéale », estime Jean-Louis Missika. Selon lui, la MGP a l’immense mérite de réunir les maires de la zone dense qui apprennent ainsi à se connaître et règlent, dans les couloirs des séances plénières, les questions qu’ils souhaitent avec une efficacité nouvelle. En mode soft law, donc.

Les membres du club Ville hybride – Grand Paris ont débattu de l’avenir métropolitain. © Jgp

Citant les travaux récents ou en cours d’élaboration de cartes interactives des implantations hôtelières dans la métropole parisienne, ou des lieux d’innovation, Dominique Alba, directrice générale de l’Atelier parisien d’urbanisme (Apur), a décrit comment la digitalisation de la société et la généralisation du smartphone changeaient la donne. Y compris pour les agences d’urbanisme invitées, elles aussi, à naviguer sur des territoires nouveaux et souvent expérimentaux. Benoît Quignon, directeur général de SNCF immobilier, ancien directeur général des services de Lyon métropole, a explicité la recette du succès rhodanien : un profond sentiment d’appartenance à une même communauté, reliant les maires et les acteurs économiques, qu’ils soient de droite ou de gauche…

 

* établissement public de coopération intercommunale

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