La BOM, pour Bibliothèque d’objets de Montreuil, a ouvert ses portes samedi 2 avril 2022 dans les locaux d’un ancien centre de santé municipal. Dans ce lieu dédié au réemploi et au zéro déchet soutenu par la Ville, on peut louer des objets du quotidien, les faire réparer ou encore… régénérer ses piles électriques usagées.
On ne peut pas la rater : dans l’entrée de la BOM, la Bibliothèque d’objets de Montreuil ouverte depuis le 2 avril 2022, la « Regenbox » occupe tout un mur. Mise au point par l’Atelier 21, laboratoire citoyen qui développe des initiatives (programmes de recherche, actions sociales ou encore activités culturelles) pour concevoir et diffuser de nouvelles pratiques en matière d’énergie, elle permet de tester et de régénérer les piles usagées. En effet, en moyenne, sur quatre piles alcalines jetées, une est quasiment neuve, une doit être envoyée au recyclage et deux, sous certaines conditions, peuvent être « régénérées » et réutilisées.
« L’enjeu est à la fois d’ordre économique et écologique car ces piles jetées sont une source de pollution très importante », explique Sylvain Mustaki, président de l’association L’Observatoire du partage qui porte le projet de la BOM. Avant de préciser qu’en raison de sa capacité (200 piles peuvent être régénérées par jour) et le fait que ce service est proposé gratuitement (on peut venir avec ses piles pour les tester, garder celles qui sont bonnes, jeter au recyclage celles qui doivent l’être et échanger celles qui sont régénérables), la Regenbox de la BOM est une « première mondiale ».
Objectifs économique et environnemental
La BOM, dans son concept, n’est elle pas une première mondiale : elle s’inspire d’expériences menées à l’étranger (Etats-Unis, Amérique du Sud, Canada, Asie notamment), tandis que certaines commencent à se développer en France, comme à Toulouse ou à Nantes. « C’est une bibliothèque où l’on n’emprunte pas un livre mais un objet, l’idée étant de répondre à des besoins de la vie quotidienne d’utilisation rare ou ponctuelle », poursuit Sylvain Mustaki, rappelant que le temps moyen d’utilisation d’une perceuse, sur toute sa durée de vie, est de… 12 min. La BOM permet ainsi de répondre à deux objectifs : l’un économique (louer est moins cher qu’acheter) et l’autre environnemental en limitant les déchets inutiles et en favorisant le réemploi, la plupart des objets proposés étant issus de dons de particuliers ou de recycleries.
La BOM ambitionne par ailleurs de porter « un modèle encore inédit, tant dans la diversité de son offre (3 000 objets visés à terme) que dans le lieu lui-même, qui accueillera parallèlement des ateliers d’initiation et de sensibilisation au réemploi et à la réparation ainsi que toutes sortes de manifestations et d’événements divers liés à l’ESS ». En effet, comme le rappelle Sylvain Mustaki, son association avait besoin de 200 m2 pour développer cette bibliothèque d’objets. « Là on en a 600… », glisse-t-il à propos de l’ancien centre municipal de santé que la municipalité de Montreuil a mis à disposition de l’association. « C’est comme cela qu’est venue l’idée d’en faire un lieu globalement dédié au réemploi, à la réparation et au partage, le premier à cette échelle ».
Eviter de créer du déchet
Ainsi, outre des objets à louer, la BOM propose également un atelier de réparation électro-numérique et héberge un atelier bois animé par la Remanufacture. Basé dans le 11e arrondissement de Paris, cet atelier de conception et de menuiserie engagé dans le réemploi et l’économie circulaire a pour principe de valoriser des objets délaissés sans ou hors d’usage pour en créer de nouveaux et éviter de créer du déchet. Au sein de la BOM, la Remanufacture propose trois types d’ateliers : réparation, apprentissage du maniement des outils du bois et co-design (pour transformer soi-même un vieux meuble par exemple).
L’objectif visé est de 1 000 objets fin 2022 et de 3 000 à un horizon de trois ans. Pour accéder à la location d’objets ou participer à des ateliers, une adhésion sera demandée (un, cinq ou dix euros par an). La BOM a notamment démarché les entreprises du secteur pour leur proposer une adhésion pour leurs salariés. « Cela représente un geste social et pour la planète », argue Sylvain Mustaki. La ville de Montreuil a pour sa part offert l’adhésion à la BOM à ses 2 000 agents.
Créé en avril 2018 à Montreuil, l’Observatoire du partage est une association qui souhaite apporter sa contribution à la mise en place de politiques publiques du partage à l’échelle des municipalités, dont celle de Montreuil en tout premier lieu. Outre la BOM, l’une des actions principales de l’Observatoire du partage consiste à être un centre de ressources avec l’objectif de recenser, aussi largement que possible, en France et à l’étranger, toutes les initiatives existantes ou potentielles dans le domaine des politiques publiques du partage au niveau des villes. « Ces éléments seront analysés à travers une grille de lecture destinée à en faciliter l’évaluation et offerts en accès libre aux municipalités, aux associations et à tous les citoyens intéressés. Cela permettra aux décideurs de trouver dans notre base de données les projets pouvant être mis en œuvre dans leur commune. […]. Les habitants pourront également se saisir d’un projet afin d’aller le proposer à leurs élus locaux avec l’appui d’éléments concrets », précise l’association. Cette dernière travaille de façon rapprochée avec la ville de Montreuil qui lui apporte un soutien financier et technique lui permettant de développer ses activités.