J.-M. Daquin : « La rémunération des architectes doit commencer au moment où ils dessinent »

Jean-Michel Daquin, président du conseil régional de l’ordre des architectes se félicite qu’ »Inventons la métropole » exige des concurrents qu’ils détaillent les modalités d’indemnisation de leurs équipes, permettant ainsi aux jurys « de choisir les groupements qui se donnent les moyens de l’innovation ».

Vous avez souhaité que le Grand Paris tire les leçons de « Réinventer Paris » dans le cadre de la préparation d’« Inventons la métropole » ?

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Jean-Michel Daquin, président du conseil régional de l’ordre des architectes. © Jgp

Je ne vais pas opposer les différentes collectivités. Les appels à projets constituent une procédure en passe de devenir monnaie courante. Après la première édition de « Réinventer Paris » il y a « Réinventer la Seine », « Dessine-moi le Grand Paris » ou « Inventons la métropole ». L’innovation, c’est quelque chose que l’on prend très au sérieux. Ce que l’on veut dire à la puissance publique, c’est qu’elle ne peut pas se faire sur un coin de table. Cela nécessite réellement une montée en compétence très forte de l’ensemble des professionnels. Les architectes possèdent déjà ce savoir-faire, mais l’innovation ne se limite pas à la réalisation d’un dessin. Elle se prolonge par un vrai travail d’expérimentation, de retour sur l’expérimentation, c’est ce qui se passe dans tous les secteurs de recherche, prenez les nanotechnologies, la médecine ou la construction. Les échanges que l’on a eus avec la métropole du Grand Paris nous ont permis de faire passer ce message.

Vous regrettez la multiplication des appels à projets ?

Un appel à projet tel qu’ « Inventons la métropole » peut provoquer une dynamique, faire participer, à raison de trois par site, environ 180 architectes et donc stimuler la profession. Mais il faut aller plus loin et faire en sorte que l’innovation s’inscrive dans la constitution de l’identité métropolitaine.

Qu’avez-vous obtenu des organisateurs d’« Inventons la métropole du Grand Paris » ?

Le cahier des charges remis aux équipes qui concourront à « Inventons la métropole » exigera que leur dossier comprenne une fiche détaillant les modalités d’indemnisation des équipes. Chaque concurrent devra l’expliciter, et le jury aura cet élément en main. Il y aura donc plus de transparence, d’équité, même si une réelle équité consisterait à pouvoir évaluer cette innovation, comme le fait la loi MOP (1), qui se réfère à des critères de complexité et à une échelle de rendu. Si l’on n’en est pas là, je pense que cette transparence permettra aux jurys de choisir les équipes qui se donnent les moyens de l’innovation. C’est là l’essentiel. Notre démarche ne consiste pas à essayer de grappiller çà et là des honoraires.

Vous avez souhaité également défendre les jeunes architectes ?

Nous avons proposé, en effet, que le choix des équipes puisse se faire sur des références mais aussi que des expériences puissent être valorisées. Il existe une volonté de faire travailler au concours de jeunes équipes qui, par définition, ne possèdent pas de références fournies. « Inventons la métropole » pourra donc valoriser des expériences réalisées dans le cadre personnel ou associatif.

Quelle évolution dans le séquençage du projet par rapport à « Réinventer Paris » ?

Sur le séquençage, nous avons demandé que le premier choix des équipes s’effectue sur la base d’une note de méthodologie, à l’image de la loi MOP, qui autorise que des telles notes de motivation ne soient pas rémunérées. En revanche, dès que vous introduisez la notion de croquis, d’esquisses, c’est différent. Mon souhait, c’est que la rémunération des architectes commence dès lors qu’ils dessinent. Dès la note de méthodologie, il faut un accord entre les partenaires pour que les promoteurs et investisseurs indemnisent les architectes. Un croquis, cela peut nécessiter beaucoup de temps et d’énergie.

Le nombre de concurrents sera également revu à la baisse ?

La deuxième phase du concours ne comprendra que quatre ou cinq équipes maximum par site, et il n’y aura que deux phases. On ne se retrouvera donc pas avec 600 équipes, dont la moitié travaillent pour rien avec une surenchère de documents à rendre. Je crois que c’est un souhait de tout le monde, y compris de la mairie de Paris dans les prochaines procédures de ce type qu’elle va mettre en œuvre. On n’est pas une corporation. On est là pour tirer le concours vers le haut, et que l’innovation ne soit pas seulement un argument marketing pour céder des terrains.

 

  1. : Loi relative à la maîtrise d’ouvrage publique

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