Le Grand Paris express, c’est « 100 à 200 milliards d’euros de PIB supplémentaire » (et pas que)

La Société du Grand Paris vient de publier un ouvrage, « Le Grand Paris express, investissements pour le XXIe siècle » (*), qui recense les principaux résultats des études réalisées depuis le début du projet. Résumé en cinq grandes lignes.

 

Le plan du Grand Paris Express © Société du Grand Paris

Le plan du Grand Paris Express © Société du Grand Paris

 

On sait que Paris est une ville-monde, au PIB qui rivalise avec New-York et Londres. En construisant un réseau de transport autour de Paris, on répond à l’impérieuse nécessité de bâtir néanmoins une métropole, afin d’unir les territoires stratégiques pour réduire les déséquilibres sociaux, territoriaux et fiscaux, tout en développant l’économie.

Telle est l’ambition que poursuit la Société du Grand Paris (SGP) en construisant le Grand Paris express (GPE). En cinq points, résumé du contenu d’un ouvrage prospectif qui contient chiffres, projets et ambitions.

Le Grand Paris express veut être le « point d’appui de la métropole »

Pour 25 milliards d’euros d’investissement (incluant le prolongement de la ligne 14 vers la mairie de Saint-Ouen), le GPE va construire 200 km de nouvelles lignes de métro automatique et 68 nouvelles gares. De surcroit, le GPE va concerner 12 millions d’habitants, et permettre notamment de relier les banlieues entre elles afin de « soutenir la compétitivité économique des territoires », est-il rappelé en préambule.

Selon la SGP, plus de 115 000 emplois seront créés grâce au premier métro en rocade de France : « des salariés mieux transportés grâce à des liaisons de banlieue à banlieue, des territoires mieux desservis au profit d’un rééquilibrage sensible des activités », lit-on également dans cet ouvrage richement illustré.

Le GPE apportera de nombreuses possibilités d’investissement autour des gares et de « nouvelles offres de services d’hyperproximité » : aide à la mobilité, aide à la vie quotidienne, accessibilité… « Notre ambition est de démultiplier les possibilités offertes aux innovateurs et aux créateurs qui voudront créer des contenus ou des services », résume le rapport.

Construire tout en protégeant l’environnement

@ Société du grand Paris

@ Société du grand Paris

Pour la SGP, il s’agit de construire le GPE « tout en limitant au maximum les nuisances » d’un tel chantier. Au cœur d’une volonté d’« écoconception » du nouveau métro, les tunnels vont être creusés très profondément, à 20 voire 30 mètres de profondeur, de manière à réduire naturellement la transmission au sol des vibrations d’un train. Le parcours sera, dans le même but, le plus linéaire possible.

Problème majeur du chantier, les déblais, qui représenteront quelque 40 millions de tonnes en une dizaine d’années seront évacués grâce à la construction de quatre plateformes fluviales, faisant l’objet d’une convention de partenariat signée en décembre 2013 avec Ports de Paris : à Sèvres, Gennevilliers, Aubervilliers et Vitry-sur-Seine. Des projets sont aussi à l’étude pour optimiser l’usage de la voie ferrée.

Côté environnemental encore, les recherches se poursuivent avec le consortium Efficacity pour « optimiser l’efficacité énergétique du réseau : récupération et valorisation de l’énergie géothermique de moyenne profondeur ou bien de l’énergie dissipée dans les gares et par les trains ».

Créer le « métro le plus digital au monde »

La SGP fait également part dans cet ouvrage de sa volonté d’équiper les gares et les tunnels des dernières générations de réseaux d’accès l’Internet mobile. En plus de l’installation d’une réseau sans fil très haut débit, dont le flux de données sera « décuplé tous les cinq ans », la SGP prévoit l’installation de « tiers-lieux », des endroits de travail collaboratif ou à distance, de visioconférence et de fabrication 3D.

Le projet du GPE prévoit également, grâce à l’installation de la fibre optique dans les tunnels, l’implantation de « datacenters de proximité » dans les entreprises souterraines des gares ou le long du tracé du métro. Ces centres de données seront « mis à disposition des activités innovantes des PME et des collectivités pour accompagner leur transformation numérique ».

Relier les « territoires d’excellence » de la métropole

L’ambition du GPE est de relier les pôles majeurs du développement économique du Grand Paris. La Défense, quartier d’affaires de 160 000 salariés, accueillera une gare desservie par la partie nord-ouest de la ligne 15 et le prolongement du RER E, qui permettront de rapprocher le quartier des aéroports de Roissy et d’Orly. Actuellement occupé par des friches ferroviaires, le quartier de Nanterre La Boule, où se trouvera la future gare, représente la plus importante réserve foncière disponible à proximité de la capitale. Selon la SGP, il est notamment prévu d’y bâtir 4500 logements.

Il en va de même pour plusieurs « clusters », ces pôles au rayonnement mondial combinant la formation, la recherche l’innovation et l’économie. Pour celui de Saclay, qui fédèrera à terme 48 000 étudiants et 10 500 chercheurs, la ligne 18 du GPE viendra désenclaver un plateau aujourd’hui accessible uniquement en bus. D’ici la mise en service en 2024 du tronçon de la ligne entre Orly et Saclay, le campus sera alors à seulement 15 minutes de l’aéroport contre près d’une heure actuellement.

La cité Descartes, dont le bassin accueille quelque 19 500 entreprises (dont Disney, Nestlé, Axa…), accueillera en son cœur la gare GPE de Noisy-Champs. Celle-ci connectera le territoire de Marne-la-Vallée à la rocade constituée par la ligne 15 reliant Noisy-Champs à Pont de Sèvres. La liaison avec la ligne 16 mettra également le cluster Descartes à 25 minutes de Saint-Denis Pleyel, contre 50 minutes aujourd’hui, et à 35 minutes des aéroports Roissy et Orly (contre plus d’une heure aujourd’hui).

Construire des gares et libérer du foncier

« La construction des gares du GPE augmentera l’offre foncière, puisque ces gares donneront de la valeur à des terrains aujourd’hui sous-utilisés et mal desservis », rappelle la SGP.

L’établissement public prend pour exemple « l’effet de catalyse » de la construction de la future gare souterraine de la ligne 15 dans le quartier de Créteil-L’Échat. Dans ce quartier, les différentes collectivités publiques qui y possédaient des parcelles inutilisées ont « libéré » des terrains pour permettre à la SGP, à des promoteurs privés et à des bailleurs sociaux de lancer un programme d’habitat.

Résultats prévisionnels : quelque 2 200 logements (dont une résidence étudiante) et 18 000 m2 de bureaux devraient sortir prochainement de terre. Une véritable ruée vers le logement en comparaison des 50 logements construits par an depuis 2006. D’autres quartiers qui accueilleront une gare font l’objet d’une ré-évaluation de libération du foncier. C’est le cas de Villejuif, autour de l’Institut Gustave, où une ZAC de 82 m2 est créée.

S’il reste à « évaluer précisément le potentiel parfois méconnu de ces quartiers à réinventer », la SGP fait part d’une analyse prospective à l’horizon 2040. Selon cette dernière, la réalisation du métro associée à une politique volontariste de densification urbaine permettrait de déclencher la construction dans un rayon de 800 mètres aux abords des gares, de 250 000 à 400 000 logements (10 000 à 15 000 logements par an), soit 14 % à 21 % des 70 000 logements programmés d’ici à 2030… et 22,5 millions de m2 de plancher pour les locaux d’activités économiques.

 

* Consulter l’ouvrage en intégralité sur le site de la Société du Grand Paris.

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