Fonds Résilience : la Région bloquée par Bercy

« Nous ne pouvons le comprendre », résume Alexandra Dublanche, face aux difficultés que rencontre le conseil régional d’Ile-de-France pour obtenir la reconduction du fonds Résilience, mis en place pour venir en aide aux petites entreprises victimes des conséquences de la Covid-19.

L’incompréhension, teintée d’une sourde colère, domine à la région Ile-de-France, face au refus du ministère des Finances, de l’Économie et de la Relance, de donner son feu vert à la reconduction du fonds Résilience, mis en place en juin dernier pour venir en aide aux TPE-PME en difficulté en raison de la crise sanitaire. En cause, le dispositif original monté par le conseil régional pour distribuer la manne de 100 millions d’euros réunie pour soutenir les entreprises franciliennes, le secteur de la restauration-hôtellerie en particulier, qui a bénéficié d’un quart de cette aide.

Alexandra Dublanche. © Jgp

« Pour aller vite, nous avons décidé de passer par les réseaux de France active, d’Initiatives, de l’Adie ou du réseau Entreprendre, qui versent eux-mêmes les fonds que nous leur allouons dans ce cadre, la CCI, le Medef, la CPME, la CMA, l’U2P, l’Umih ou GNI (*) en assurant la promotion », explique Alexandra Dublanche. Des réseaux préférés lors de la constitution de ce fonds Résilience à celui de la BPI, jugé trop parisien. « Ce dispositif a prouvé son efficacité », souligne la vice-présidente en charge du développement économique et de l’attractivité : les 100 millions d’euros réunis (25 en provenance du conseil régional, 25 fournis par la Banque des territoires, le reste par les collectivités franciliennes, dont Paris et la métropole du Grand Paris, à hauteur de 15 millions d’euros pour cette dernière), ont été dépensés en totalité depuis mi-décembre, indique l’élue régionale.

L’idée est aujourd’hui d’obtenir la reconduction de ce dispositif dérogatoire, pour ouvrir une nouvelle enveloppe d’aides. Mais les cabinets de Bruno Le Maire et d’Alain Griset, son ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, n’ont toujours pas donné leur feu vert. En l’absence de validation du dispositif, qui déroge aux règles habituelles puisque les fonds publics sont distribués par des opérateurs privés, tout est bloqué, les 700 dossiers de demande d’aide réceptionnés chaque semaine devant être mis en attente.

Des aides allant de 3 000 à 100 000 euros

Compte tenu de la persistance de la crise et de la fermeture d’un grand nombre d’établissements, ces avances remboursables à taux zéro, constituant des quasi-fonds propres, seraient pourtant les bienvenues. « Nous avons soutenu ainsi 6 000 entreprises, sauvé 20 000 emplois, bénéficiant d’avances allant de 3 000 à 100 000 euros, et la bureaucratie nous bloque au prétexte que le dispositif est dérogatoire, poursuit Alexandra Dublanche. Mais la crise, elle, continue ».

Dans le cadre de cette reconduction, la Région est prête à accorder une nouvelle aide de 12,5 millions d’euros, la Banque des territoires allouant le même montant, complété par les fonds provenant des collectivités franciliennes, quelque 70 d’entre elles s’étant, en l’espèce, mobilisées. Aujourd’hui, Bercy demande à la Région de passer un marché public ou de mettre en place elle-même un système de règlement internalisé.

« La crise continue », souligne Alexandra Dublanche. © Jgp

« Nous avons montré notre agilité », poursuit la vice-présidente du conseil régional, soulignant, par exemple, que « le plafond de nombre d’employés a été relevé, de 20 à 50, à la demande des entreprises ». Un rendez-vous avec Bercy, fixé jeudi 14 janvier 2021, pourrait permettre de sortir de cette situation effectivement ubuesque.

 

(*) Chambre de commerce et d’industrie (CCI), Mouvement des entreprises de France (Medef), Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME), Chambre de métiers et de l’artisanat (CMA), Union des entreprises de proximité (U2P), Union des métiers et de l’industrie de l’hôtellerie (Umih) ou Groupement national des indépendants (GNI).

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