Emmanuelle Pierre-Marie – Une sociologue en politique

La nouvelle maire (EELV) du 12e arrondissement décrit sa volonté d’exercer son mandat différemment, sous le signe de l’exemplarité, au plus près de ses administrés, pour défendre les plus fragiles mais aussi la ville et ses espaces verts.

« Je n’ai jamais rêvé de faire de la politique », confie Emmanuelle Pierre-Marie, bien calée dans son fauteuil, dans son vaste bureau, le regard aimable, profond. Car la maire écolo du 12e a toujours souhaité être sociologue, ce qu’elle fut jusqu’à son élection en 2020. Professeur de sociologie à Paris VIII (Saint-Denis), puis à l’Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS) et au Havre, elle appartient au laboratoire de Pierre Bourdieu sur la sociologie du quotidien. Le téléphone (fixe) comme cordon ombilical de substitution, vecteur de liens familiaux, fut son sujet de thèse.

Ecoféministe, Emmanuelle Pierre-Marie a néanmoins opté non pas pour Sandrine Rousseau mais pour Yannick Jadot lors de la primaire des écologistes. « J’aime beaucoup Sandrine, mais j’ai toujours soutenu Yannick et c’est bien réciproque », indique-t-elle. Son adhésion aux idées de l’écologie puise ses sources dans l’irradiation accidentelle de son père, qui œuvrait au début des années 1960 dans une centrale nucléaire, près de Chinon. Sa mère, issue d’une famille de vignerons, à Saint-Nicolas de Bourgueil, travaille à la Poste, d’où son souci du service public.

Emmanuelle Pierre-Marie. © Jgp

Naturel et authenticité

La maire du 12e, qui œuvra les dix dernières années de sa carrière à l’Atelier parisien d’urbanisme, est l’ainée de sa fratrie, avec laquelle elle part, accompagnée de ses parents, en vacances chaque hiver dans les Alpes, en tribu, en train. « Mon côté un peu trop maternel vient peut-être du fait que je suis l’ainée », dit-elle avec cet air sérieux, sinon grave, que vient régulièrement éclairer un large et généreux sourire.

Emmanuelle Pierre-Marie est de ces gens dont le naturel et l’authenticité, la simplicité aussi, mettent à l’aise. « Le fait d’être l’ainée explique aussi peut-être pourquoi j’ose de nombreuses choses », poursuit-elle. Son père souhaitait qu’elle devienne physicienne ? Elle sera sociologue. Mère à 22 ans et provinciale, on lui signifie que ce sont deux obstacles infranchissables à sa réussite universitaire. Elle décrochera brillamment sa thèse.

Cette mère de trois enfants, qui a déjà deux petits-enfants, est fière de faire de la politique autrement, sans trop se soucier des us et coutumes d’un milieu qu’elle a rejoint tardivement. « Pour défendre la veuve et l’orphelin, ce que j’ai toujours souhaité faire ». C’est au Havre qu’elle commence sa carrière de sociologue urbaniste, « une ville incroyable », dit celle qui apprécie de vivre en bord de mer, dans une ville qui possède notamment le Volcan, une scène de théâtre nationale. Puis elle intégrera l’Atelier parisien d’urbanisme, pour travailler d’abord aux côtés de Francis Rol-Tanguy puis de Dominique Alba. A l’Apur, Emmanuelle Pierre-Marie orchestre la mise en place de deux observatoires, du handicap et de l’inclusion d’une part et de la lutte contre l’exclusion d’autre part. Elle fait partie par ailleurs de l’équipe qui prépare et documente la Nuit de la solidarité, « une aventure formidable ».

Des journées sous haute tension pour « transformer Paris »

C’est son admiration pour Eva Joly, lors de la présidentielle de 2012, et l’ignominie des arguments de ces contempteurs, qui la convainc d’entrer en politique. Christophe Najdovksi la repère rapidement au sein de la section EELV du 12e et lui propose d’intégrer sa liste, en 2013. Elle s’engage notamment dans les combats pour les luttes pour l’égalité femmes-hommes. Son travail de sensibilisation, avec les associations, des policiers du commissariat du 12e à l’accueil des femmes victimes de violences figure parmi ses motifs de fierté. « Désormais, le commissariat du 12e accueille une assistante sociale et une psychologue », indique-t-elle.

Elle contribue également à la généralisation des stages de 3e, grâce à une charte signée entre la mairie du 12e, le rectorat, les acteurs associatifs et les entreprises. Un engagement qui lui vaudra de se voir proposer la tête de liste L’Écologie pour Paris dans son arrondissement lors des dernières élections. Elle décrit des journées sous haute tension, pour « transformer Paris », de 9h à 22h sept jours sur sept, entre une conférence de partage pour permettre un dialogue interreligieux et laïc, un comité citoyen sur Bercy-Charenton, la visite d’un projet d’aménagement ou une interview télé sur la future vélorue de Charenton. « Le 12e, c’est 140 000 habitants, 64 crèches, 42 écoles, sept collèges, six lycées et une université », rappelle-t-elle à l’intention de ceux qui pensent que les maires d’arrondissement font de la figuration.

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