Emmanuelle Hoss – Aux singuliers

Emmanuelle Hoss est aujourd’hui directrice générale par intérim de la Semaest, société d’économie mixte spécialisée dans l’animation économique des quartiers. Un poste qui lui permet de rendre concrète sa quête du vivre ensemble.

Singularité. Le mot revient sans cesse dans le propos d’Emmanuelle Hoss. Un collaborateur qui passe par son bureau la taquine même sur ce point. En coupant bien les syllabes du nom fétiche. « Je ne supporte pas d’entendre que tout le monde est remplaçable, bien au contraire tout le monde est irremplaçable ! », martèle l’ancienne avocate. Flanquée de lunettes à écailles, elle livre une plaidoirie pour le vivre ensemble et l’échange, pour l’intérêt général et l’individu. Une utopie qu’elle s’attelle à rendre concrète, avec l’énergie et l’enthousiasme des convaincus et des faiseurs. Il faut ainsi une bonne dose d’imagination pour se représenter la directrice de la Semaest de méchante humeur. « On s’amuse bien ici, plaisante-t-elle à la sortie de son collaborateur, j’aime bien les gens un peu fous… »

Emmanuelle Hoss

Emmanuelle Hoss. © DR

On sent bien, surtout, qu’elle aime ce qu’elle fait. Soit faire vivre le commerce pour faire vivre les villes. Cela passe par des expérimentations, des innovations… On est en plein dans cette époque du digital, de la nouvelle économie, du disruptif… Mais sans jamais perdre de vue l’essentiel : tisser du lien social. « C’est politique, tout est politique à partir du moment où l’on parle du vivre ensemble », résume-t-elle. La directrice de la Semaest ne manquera jamais d’argument pour défendre la nouvelle économie de proximité, à rebours des centres commerciaux et des enseignes uniformisatrices « qui ne payent même pas leurs impôts en France ». De la santé à la sécurité, elle assène les preuves du bien fondé de son action. Elle est passionnée, à tel point que sa famille se refuse à faire les courses en sa compagnie. « Je peux discuter des heures avec les commerçants ! », explique-t-elle en riant.

« Sénégauloise »

Coïncidence ou non, si le Sénégal est la terre de Felwinn Sarr, dont l’ouvrage « Afrotopia » l’a profondément marquée, ce fut également pendant des années celle d’Emmanuelle Hoss. C’est en Afrique que la jeune Emmanuelle est élevée. Et très vite confrontée aux notions d’intérêt général et de vivre ensemble. Par la force des choses, puisque son père collaborait avec Léopold Sédar Senghor puis Abdou Diouf. « Sénégauloise », se définit-elle même sur Twitter. En 6e, l’arrivée à Paris est un choc. Mais cela ne l’empêche pas de réussir avec brio ses études, son « seul patrimoine » comme le lui répètent ses parents. A 21 ans, Emmanuel Hoss est avocate. Et s’oriente vers le droit des affaires. A cette même époque, la jeune femme décide de partir plusieurs mois pour s’occuper des enfants des rues de Manille. « L’humanitaire questionne beaucoup le rôle que l’on veut jouer dans la société », résume-t-elle. En 1997, elle entrevoit ainsi un rôle qu’elle voudrait jouer dans la société à travers la politique. C’est la dissolution de l’assemblée nationale. « J’ai fait une lettre de candidature pour être l’assistante parlementaire d’un député PS, j’avais envie de voir la fabrique de la loi », explique-t-elle.

La jeune assistante parlementaire rencontre Christian Sautter, qui s’occupe alors de la campagne de Bertrand Delanoë. Elle s’engouffre dans ce mouvement jusqu’à la victoire. « C’était un vrai, beau et grand moment. » En 2007, elle intègre le cabinet du maire en tant que conseillère économique. « Sous la présidence Sarkozy, nous formions un petit village gaulois, nous avons tissé des liens très forts et de véritables amitiés. » Un village singulier, donc.

Sur le même sujet

Top