La Cour de l’industrie ou le symbole du Paris des créateurs

Rachetée in extremis en 2003 par Paris, la Cour de l’industrie (11e arr.) a fait l’objet d’importants travaux de rénovation. Sa version finale, qui lui permet d’accueillir une cinquantaine d’artisans en son sein a été inaugurée le 24 février 2017. Une opération symbole d’une volonté de maintenir la tradition artisanale de la Capitale.

« Faire le lien entre la création et le patrimoine, c’est aussi cela qui fait le rayonnement de Paris », s’est enthousiasmé Patrick Bloche, député socialiste de Paris, à l’occasion de l’inauguration de la Cour de l’industrie.

La Cour de l'industrie a fait l'objet d'une réhabilitation "dans son jus". © Jgp

La Cour de l’industrie a fait l’objet d’une réhabilitation « dans son jus ». © Jgp

Création et patrimoine

Deux éléments – création et patrimoine – qui sont au coeur du projet mené par la Société d’économie mixte d’aménagement de l’est parisien (Semaest). « Cette cour a été créée en 1850 et une cinquantaine de locaux d’activités l’animait pendant un siècle avant son déclin… Mais le 11e arrondissement ne s’est jamais résolu à abandonner cette histoire qui est inscrite dans sa carte génétique », fait ainsi valoir François Vauglin, le maire (PS) de cet arrondissement.

En 2003, la ville rachète la cour, promise à la vente à la découpe, afin de maintenir un tissu artisanal en son sein. Un volontarisme qualifié de « véritable acte de résistance face à la spéculation immobilière », par Patrick Bloche, désigné parrain du projet par les artisans occupants. Et ce n’est pas Bruno Julliard qui le contredira. Le premier adjoint à la maire de Paris en charge de la culture, du patrimoine et des métiers d’art a largement abondé en ce sens. « Ce qui se joue ici, c’est la vision d’une ville comme Paris, a-t-il ainsi estimé, Paris n’a pas vocation à devenir un gigantesque centre commercial. Les créateurs doivent rester et la puissance publique les accompagner. »

Patrick Bloche voit l'opération comme "un acte de résistance". ©Jgp

Patrick Bloche voit l’opération comme « un acte de résistance ». ©Jgp

« Ce n’est qu’un début », prévient François Vauglin

Egalement arpentée par des riverains qui, pour certains d’entre eux, se rappellent de l’âge d’or de l’artisanat dans le 11e arrondissement, la Cour de l’industrie entre ainsi en phase de renaissance. En son sein, menuisiers, ébénistes, photographes, sculpteurs, plasticiens et autres imprimeurs bénéficient de locaux – pour 6 000 m2 – remis à neuf, fruits de près de cinq ans de travaux. Ils sont aujourd’hui, à nouveau, près d’une cinquantaine autour de la cour. La Semaest, qui a oeuvré tout du long avec les artisans présents, a opté pour une opération « en tiroirs », afin de permettre aux usagers des lieux de poursuivre leur activité.

Inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques, la Cour de l’industrie a été réhabilitée sous la maîtrise d’oeuvre de l’architecte Jacques Menninger. Et si certains bâtiments ont dû être démolis pour être reconstruits, neuf et ancien se côtoient dans une parfaite harmonie. La cour reste « dans son jus », on y retrouve des colombages, des bâtiments de briques et de bois donnant sur une cour pavée.

On aurait tendance à se croire hors du temps si Joëlle Morel, la présidente de la Semaest, n’était pas là pour rappeler que « ce n’est qu’une première étape ». Et François Vauglin d’appuyer le propos : « C’est le début d’une nouvelle vie pour les artisans mais pour nous ce n’est que le début de l’histoire. » Avec, en ligne de mire mais sans plus de précision, le passage Thiéré, au même héritage que la Cour de l’industrie, situé entre les rues de la Roquette et de Charonne.

La Cour de l’industrie a été réhabilitée sous la maîtrise d’oeuvre de l’architecte Jacques Menninger. Une cinquantaine d'artisans occupent les lieux. ©Jgp

La Cour de l’industrie a été réhabilitée sous la maîtrise d’oeuvre de l’architecte Jacques Menninger. Une cinquantaine d’artisans occupent les lieux. ©Jgp

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