La première usine de lavage industriel de contenants réutilisables d’Aquarys accompagne les restaurateurs vers le réemploi, tout en s’inscrivant dans l’économie sociale et solidaire. Une visite guidée par les professionnels et par Florentin Letissier, adjoint à la maire de Paris en charge de l’économie sociale, solidaire et circulaire, était organisée lundi 20 mars 2023.
Dans les antres de La Défense, une machine longue de 14 m avale des bols en plastique, en verre ou en inox sales, avant de les recracher propres et secs neuf minutes plus tard. Disposé dans un local qui se rapproche des exigences d’une salle blanche, cet équipement dispose d’une capacité de lavage de 30 000 contenants réutilisables par jour. C’est la toute première usine de lavage industriel d’Aquarys, filiale du groupe Tri-O greenwishes créée en juillet 2022, qui ambitionne d’accompagner les acteurs de la restauration rapide dans le respect d’une de leurs obligations légales induites par la loi anti-gaspillage et pour une économie circulaire (Agec) : recourir, à partir du 1er janvier 2023, à de la vaisselle réutilisable pour le service en salle.
Le choix de la proximité
Aquarys a souhaité installer sa première usine à La Défense, à proximité de nombreux acteurs de la restauration, afin de limiter l’impact logistique de la collecte. Le premier client est un groupe de restauration, avec ses 40 restaurants et ses 1,5 million de contenants utilisés chaque année. Dans un avenir très proche, les contenants sales seront collectés par des opérateurs d’Aquarys se déplaçant à pied, en vélo-cargo électrique ou en véhicule électrique.
« Nous sommes en discussion avec la mairie de Paris car nous aimerions ouvrir une autre usine à Châtelet, en plein cœur de Paris », explique Constance Bachoud, directrice de l’innovation circulaire de Tri-O greenwishes. « Le gros sujet, c’est le foncier, répond Florentin Letissier, adjoint à la maire de Paris en charge de l’économie sociale, solidaire et circulaire. Nous pouvons imaginer l’accès à des locaux d’activité en sous-sol des bailleurs sociaux. » L’autre idée serait d’installer de telles usines sous les gares parisiennes, grands pourvoyeurs de déchets liés à la restauration rapide.
Performance technique, écologique et sociale
« Nous sommes très performants, notamment dans le séchage, qui est très important pour éviter toute contamination bactérienne », poursuit Constance Bachoud. A la prouesse technique s’ajoute le souci de préserver l’environnement. Ainsi, la machine consomme peu d’électricité – environ 50 % de moins que d’autres techniques de lavage. La parcimonie dicte également l’utilisation de l’eau. L’eau propre est injectée dans la partie « rinçage » avant de retourner dans la partie « lavage », puis en « pré-lavage ». Ainsi, 35 % d’eau sont économisés par rapport à une plonge classique.
Enfin, l’entreprise est en train de recruter les premiers opérateurs issus des publics éloignés de l’emploi, dans un esprit d’insertion par l’activité économique. La boucle vertueuse est ainsi bouclée.
Lancement d’un appel à projets
L’investissement s’élève à un million d’euros, dont 35 % ont été financés par la région Ile-de-France et l’Ademe Ile-de-France. Le modèle économique repose sur le pari suivant : les commerçants achètent un contenant jetable entre 30 et 45 centimes l’unité. L’idée est donc de rapprocher le coût du lavage de ce montant. Cependant, selon Constance Bachoud, les restaurateurs sont encore frileux car le réemploi implique tout un changement de l’organisation du traitement des contenants.
C’est pour répondre à cette problématique que la ville de Paris propose aux clients potentiels de profiter des services d’Aquarys gratuitement pendant trois mois. « Nous disposons d’une enveloppe de 500 000 euros pour accompagner des acteurs comme Aquarys, qui sont environ cinq sur le marché actuellement », précise Florentin Letissier. Et d’annoncer le lancement d’un appel à projets à destination des entreprises de l’événementiel qui recourent au réemploi.