City Life : l’urgence climatique exige une gouvernance mieux coordonnée

A toutes les tables rondes du colloque City Life, organisé par La Tribune à la mairie de Paris, s’est affirmée la nécessité de mieux coordonner la gouvernance publique et d’unir l’ensemble des parties prenantes de la fabrique de la ville face à l’urgence climatique.

Face à l’urgence climatique, alors que plusieurs speakers ont rappelé que les cinq à dix années à venir constituent pour l’humanité la dernière chance de réduire encore le réchauffement climatique, la mobilité constitue un parfait exemple pour démontrer la caducité de la gouvernance actuelle, en silos et chapelles, comme l’ont montré les débats de City Life. « Les travaux menés dans le cadre de la consultation internationale sur les routes du futur ont mis au jour le magma de tronçons produits par des institutions qui ne partageaient pas leur stratégies », a indiqué Jean-Yves Le Bouillonnec, lors du forum organisé par La Tribune à la mairie de Paris.

City Life, forum organisé par La Tribune, dans les salons de la mairie de Paris. © Jgp

Jean-Yves Lebouillonnec, vice-président du Forum métropolitain du Grand Paris. © Jgp

City Life, organisé par la Tribune, s’est déroulé les 27 et 28 novembre à la mairie de Paris. © Jgp

Le vice-président du Forum métropolitain du Grand Paris, à l’origine, avec l’Association des maires d’Ile-de-France (Amif), de cette consultation, a rappelé qu’elle avait justement réussi le tour de force de rassembler tout le monde autour de la table, de l’État à la Région en passant par la métropole, et plusieurs de ses territoires.

Madeleine Masse, responsable études urbaines de l’Arep ville, a insisté sur l’opportunité de connecter le réseau de 1 250 km de voiries structurantes franciliennes avec les autres modes, notamment doux, ce qui passe en particulier par une limitation des vitesses maximales, aux abords des zones urbaines.

Lors d’une autre table ronde, Dominique Alba (Apur), Jean-Louis Missika (mairie de Paris) et Sandrine Gourlet (SGP) ont affirmé l’importance de la dimension urbaine du Grand Paris express, et des réseaux de rabattement vers ses gares, forcément évolutifs, alors que les micro-mobilités et le free floating n’existaient pas il y a quelques mois encore. Là encore est ressortie la nécessité d’une gouvernance plus partagée de ces questions.

Des JO démonstrateurs de la transition écologique

Joana Ungureanu, responsable « Bougez plus » de Paris 2024, a montré à quel point l’ambition des organisateurs des prochains JOP est d’en faire un démonstrateur de la transition écologique. Au-delà du sport, tout l’intérêt de l’événement provient de la capacité qu’il aura à permettre une massification, une industrialisation de méthodes constructives zéro carbone.

Madeleine Masse, responsable études urbaines de l’Arep ville. © Jgp

Michel Gioria, directeur régional de l’Ademe Ile-de-France. © Jgp

Michel Gioria directeur régional Ile-de-France de l’Ademe, travaille actuellement à la préfiguration du réseau d’alimentation en réseaux de chaleur et de froid des Villages olympique et des médias, réseaux dont l’énergie devra être entièrement d’origine renouvelable. L’Ademe Ile-de-France étudie également la transposition aux installations olympiques du programme de lutte contre le gaspillage alimentaire mis en place à Paris La Défense.

Structurer les filières du réemploi

Fabrice Bonnifet directeur développement durable & qualité, sécurité, environnement du groupe Bouygues a lancé un appel aux maîtres d’ouvrages, notamment publics, afin que ces derniers imposent dans leurs commandes le recours à du réemploi. Constatant que le passage du moteur thermique au moteur électrique, beaucoup plus simple à construire, allait réduire drastiquement le nombre des salariés de l’industrie automobile, il a dessiné un avenir où les chaînes de l’industrie automobile seraient reconverties dans la production de matériaux pour la construction préfabriquée.

Ce mode constructif, pourtant plus sobre et rapide, pâtit d’une mauvaise réputation persistante, issue de la baisse de qualité qu’il produisit dans les années 1970. Fabrice Bonnifet a cité un programme réalisé par Bouygues à Stains, dérogeant à certaines normes pour construire à très bas coûts, appelant à la reproduction de ce type de démarche face à la crise du logement.

« Coût carbone complet »

Le directeur développement durable du groupe Bouygues a préconisé également la systématisation de la référence à un « coût carbone complet », prenant en compte l’empreinte carbone d’un programme de l’énergie grise nécessaire à la production de ses matériaux à ses usages en phase d’exploitation.

Il a également appelé de ses vœux une standardisation accrue de l’architecture : « les huisseries sont toutes de tailles différentes, rendant impossible le fait que les produits de sortie deviennent des produits d’entrée », a-t-il résumé, s’attirant les foudres de Christine Leconte. « La standardisation, on l’a suffisamment subie au cours des dernières années », s’est inscrit en faux la présidente du conseil régional de l’ordre des architectes d’Ile-de-France, appelant, pour sa part, « à revenir, sur de nombreux sujets, au simple bon sens ». « A quoi bon construire un Village olympique en bois si ce dernier provient des antipodes », a-t-elle dit en substance. Christine Leconte déplore le temps perdu pour structurer les filières professionnelles, condition de la mise en œuvre des circuits courts.

Agir ensemble

Pour Frank Hovorka, directeur technique et innovation de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), le problème face à l’urgence climatique provient du fait qu’il suffit qu’un des maillons d’une chaîne soit défaillant pour ruiner les efforts des autres. « Il faut que le législateur, les bureaux de contrôles, d’études, les maitres d’ouvrages, les architectes, les constructeurs, les filières professionnelles avancent ensemble », estime la FPI. « Faire différemment avec 50 % de surcoût, tout le monde sait faire. Mais construire plus, moins cher et mieux, comme nous l’enjoint Julien Denormandie, c’est plus compliqué », a-t-il souligné.

Frank Hovorka, directeur technique et innovation de la FPI. © Jgp

Nicolas Machtou, directeur délégué d’Enedis Ile-de-France. © Jgp

Christine Leconte. © Jgp

Nicolas Machtou, directeur délégué d’Enedis pour la région Ile-de-France a décrit comment le distributeur accompagne ces mutations, notamment grâce à sa capacité à analyser les données de consommation, avec une granulométrie nouvelle, grâce aux compteurs Linky. « Nous soutenons les mutations en cours vers de nouveaux usages, qu’il s’agisse, par exemple, de mobilité électrique, mais aussi pour réduire l’impact des concessionnaires de réseaux en milieu urbain », a-t-il souligné. L’enjeu réside notamment dans la limitation des appels de puissance, qui exigent de surdimensionner les réseaux.

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