Campus hospitalier Grand Paris Nord : le protocole est signé

Au terme d’âpres négociations entre Saint-Ouen et l’AP-HP, un protocole d’accord en vue de l’installation du campus hospitalo-universitaire Grand Paris Nord à l’horizon 2025 a été signé lundi 19 décembre 2016.

C’est un beau cadeau de Noël pour Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis), et le fruit de deux ans de négociations entre les différents partenaires du projet (*). Le protocole signé lundi 19 décembre 2016 dans la joie et la bonne humeur, dans une salle des fêtes de la mairie de Saint-Ouen comble, scelle l’accord en vue de la construction du Campus hospitalo-universitaire Grand Paris Nord. Une nouvelle polarité d’un Grand Paris polycentrique qui regroupera, sur un site unique, au sein de la ZAC des Docks, une structure hospitalière abritant les activités médico-chirurgicales des hôpitaux Bichat (Paris 18e) et Beaujon (Clichy).

Et ce n’est pas tout : le site comprendra également une université réunissant les activités d’enseignement des deux sites universitaires de médecine actuels Villemin (Paris 10e) et Bichat (Paris 18e), un site universitaire d’odontologie (Garancière Paris 6e) et les activités de recherche d’excellence des unités mixtes portées par l’université Paris Diderot et l’Inserm dans le domaine de la santé.

saint-ouen-2

Signature du protocole relatif au campus hospitalo-universitaire Grand Paris Nord, à Saint-Ouen, lundi 19 décembre 2016. © Jgp

Soit 5 400 emplois, 1 200 médecins et 7 000 étudiants, comme l’a rappelé Patrick Ollier. Si la métropole ne participe pas au financement du projet, trop jeune pour y être associée, le président du Grand Paris s’est engagé, le 19 décembre, à contribuer à son développement futur, se félicitant à son tour de cette nouvelle polarité du Grand Paris.

Casques bleus

Les uns à la suite des autres, les orateurs ont rivalisé de sous-entendus pour évoquer la ténacité avec laquelle chacune des parties a, dans ce dossier, défendu son point de vue. Mais en marge de la cérémonie, d’aucuns résumaient les termes de la négociation : le projet initial du campus hospitalo-universitaire aurait conduit à la suppression de 1 200 logements prévus dans la ZAC des Docks. Soit une perte de recette de 80 millions d’euros de droits à construire pour la ville, sans lesquels l’équilibre financier de la ZAC était compromis. Au final, le financement par l’Etat d’un pont routier a permis de dénouer le dossier, facilitant la liaison entre le campus et la ligne 14 du métro et permettant de déplacer légèrement l’emprise du projet et de préserver 1 100 logements sur les 1 200 prévus.

saint-ouen

Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP a indiqué qu’il n’avait jamais douté que les négociations aboutiraient. © Jgp

L’ensemble des intervenants ont souligné l’importance majeure de ce campus pour Saint-Ouen, dans une ZAC où sera transféré également le futur siège de la région Ile-de-France. Cet hôpital du futur, « qui devra accueillir davantage de patients avec moins de lits », comme l’a résumé Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP, génèrera tout un écosystème de start-up de la santé. Il sera, en outre, relié à la médecine de ville pour que l’ensemble des habitants puissent en profiter. Une maternité figure dans le projet, amenant William Delannoy à citer le renforcement des services de l’Etat-civil de sa commune, de même que les effectifs de sécurité comme un des points restant à résoudre.

Sequano aménagement concessionnaire

Sequano aménagement est l’aménageur de ce projet comme de l’ensemble de la ZAC des Docks, bénéficiant, en l’espèce, d’un traité de concession jusqu’en 2025. Trois concours d’architectes sont prévus, deux pour l’université, en lien avec l’université de Paris Diderot – un pour le centre de formation, un pour la recherche – ainsi qu’un concours pour l’hôpital, en lien avec l’AP-HP. Trois concours dont les dates ne sont pas connues pour l’heure. Les élus locaux, Patrick Braouezec et Stéphane Troussel en tête, respectivement président de Plaine Commune et du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, mais aussi Farida Adlani, vice-présidente de la Région chargée de l’action sociale, de la santé et de la famille se sont félicité, à cette occasion, du dynamisme décidément retrouvé de la Seine-Saint-Denis.

« Ce protocole constitue une étape décisive pour la réussite du projet », faisaient valoir ses signataires, insistant sur son caractère désormais irréversible, « au moment où l’Etat a confirmé son soutien financier dans le cadre de la décision du Comité interministériel de performance et de la modernisation de l’offre de soins (Copermo) ».

Le détail du protocole

Le protocole signé le 19 décembre a pour effet :

  • de fixer un schéma d’implantation partagé par les différentes parties ;
  • d’organiser la modification des documents d’urbanisme correspondant à ce schéma ;
  • d’établir une gouvernance partagée qui permettra un pilotage en commun des études nécessaires à l’implantation du Campus et à son insertion urbaine (études de mobilité, de circulation, de stationnement, des sols, des besoins de santé des audoniens…) ;
  • d’assurer la réunion par l’Etat des financements nécessaires à la construction d’un pont routier permettant un accès direct au campus.

Un statu quo inenvisageable

« La réalisation du campus ne peut attendre. Elle répond à l’urgence d’apporter une solution durable à la vétusté des sites des hôpitaux Bichat et Beaujon, des sites universitaires Villemin et Bichat et à la charge des coûts associés à leur rénovation tant pour l’AP-HP que pour l’université, font également valoir les partenaires du projet. Plusieurs études ont été réalisées depuis 2009 qui ont démontré que les contraintes des immeubles de grande hauteur engendraient des coûts minimum de remise à niveau technique des deux bâtiments dépassant 600 millions d’euros. Au-delà des considérations techniques, les structures des bâtiments sont devenues inadaptées pour faire face durablement aux transformations que connaissent les hôpitaux. Leur capacité d’évolution n’est plus suffisante. Le statu quo n’est pas envisageable. »

Un rôle d’avant-garde pour la santé d’Ile-de-France

La vocation du futur campus hospitalo-universitaire est celle d’un établissement d’excellence à l’échelle nationale et internationale. L’hôpital disposera de 989 lits et places de médecine, chirurgie ou obstétrique, dont 816 lits d’hospitalisation. « Cette réduction des capacités de l’hôpital en nombre de lits (de l’ordre de 30 %) a pour contrepartie un quasi-doublement de ses capacités ambulatoires, une transformation des processus de programmation des séjours et une réelle capacité d’extension en cas de pic d’activité (chambres dédoublables) », souligne l’AP-HP.

Le volet universitaire du projet se déploiera sur une surface de 70 000 m2, avec des surfaces dédiées à la recherche (unité mixtes de recherche, plateformes transversales, etc.), des surfaces dédiées à la formation (complexe d’accueil des étudiants 1er, 2e, 3e cycles y compris les enseignements paramédicaux, centre de séminaire, espace d’hébergement temporaire pour chercheurs et étudiants…) et des surfaces dédiées à l’administration et aux locaux techniques. Le campus anticipe également le déploiement à proximité immédiate et très articulée avec l’hôpital et les structures de recherche d’incubateurs d’entreprises ou plus généralement de structures de recherche et développement portées par des industriels.

Le maillage des transports en commun va considérablement se densifier avec en particulier, à proximité du site, deux nouvelles stations où se rejoindront les lignes 13 et 14 et la ligne C du RER. Un peu plus de 900 millions d’euros seront investis dans le cadre de ce projet. Ce financement du projet sera assuré par les deux maîtres d’ouvrage, l’AP-HP et l’université Paris-Diderot.

Calendrier prévisionnel de l’opération

  • Programme technique détaillé définitif : décembre 2016
  • Débat public : 27 janvier 2017-17 mars 2017
  • Lancement du concours concepteurs : 2017
  • Maîtrise foncière : 2019
  • Démarrage travaux : 2020
  • Mise en service du bâtiment : 2025

 

* Les signataires de ce protocole sont : L’Assistance publique-hôpitaux de Paris, l’université Paris-Diderot, la mairie de Saint-Ouen, la préfecture de la région d’Ile-de-France – préfecture de Paris, l’établissement public territorial Plaine Commune et Sequano, le concessionnaire de la zone d’aménagement concerté des Docks

Sur le même sujet

Top