C’est autour de la question de l’héritage olympique que s’ouvrait, mardi 27 février, la nouvelle édition des Assises du Grand Paris. Cette première matinée était consacrée à la durabilité des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ainsi qu’aux innovations mises en œuvre par les acteurs publics et privés pour relever ce défi exceptionnel.
Accueillie par la Fnaim dans ses locaux de la rue de Villiers (17e arr.), la nouvelle édition des Assises du Grand Paris a été lancée avec une première matinée consacrée à l’héritage et à la durabilité des JOP, ainsi qu’à ce qu’ils supposent d’innovations juridiques et techniques. A J-150 de la cérémonie d’ouverture, le compte à rebours est bel et bien lancé. Publics comme privés, les acteurs impliqués dans l’événement se sont succédé pour témoigner de leur aventure olympique. « Nous sommes français, donc nous râlons souvent un peu avant, mais nous saurons en tirer le meilleur ! », sourit Olivier Princivalle, hôte de la matinée, en guise d’introduction. Représentant la métropole du Grand Paris, Quentin Gesell, vice-président délégué au développement sportif, déclare pour sa part : « la MGP a à cœur de faire de ces Jeux une réussite pour tous les métropolitains. C’est une expérience historique qui ne se vit qu’une fois ! »
L’impact des jeux continuera quant à lui de se faire ressentir après les épreuves. Raison pour laquelle la candidature de Paris s’articulait notamment autour de la durabilité et de la sobriété environnementale de l’événement. « Les JOP peuvent être plus durables dans la mesure où la Solideo s’est employée à réaliser ces constructions à partir de matériaux biosourcés et à recourir à des énergies plus propres », déclare Marie Delaplace, professeure émérite d’aménagement et d’urbanisme à l’université Gustave Eiffel. Le Comité d’organisation fait en effet valoir que les JOP de Paris 2024 émettront 55 % de gaz à effet de serre en moins que ceux de Londres, en se limitant « seulement » à 1,6 million de tonnes de carbone.
Mais la durabilité revêt aussi une dimension économique et sociale, explique Marie Delaplace, selon qui les dépassements de coûts, l’inclusion et l’emploi constitueraient des indicateurs intéressants en la matière. Et si la création/rénovation d’équipements sportifs tels que les piscines constituent aussi une part importante de l’héritage olympique dans certains territoires mal pourvus comme la Seine-Saint-Denis, l’infrastructure ne fait pas tout. « Elle est indispensable, mais encore faut-il la faire fonctionner après les Jeux, rappelle Marie Delaplace. Or, on le sait, les piscines coûtent très cher en fonctionnement. »
Faire durable sans faire semblant
En matière de conception, le Centre aquatique olympique a été pensé pour durer sur le long terme. « Nous avons tout mis en œuvre pour que cet équipement phare des Jeux de Paris 2024 représente les valeurs de développement durable », indique l’architecte Yves de Pommereau, directeur de projets des Ateliers 2/3/4/. Construit en structure bois biosourcé, l’édifice se distingue notamment par la voûte inversée de sa toiture, conçue comme une immense voile tendue, franchissant les 80 m nécessaires à l’accueil des spectateurs autour du bassin de compétition. Une forme incurvée, épousant les tribunes, qui n’a pas été choisie au hasard : « Le volume chauffé minimum de l’équipement avait cette forme-là. Nous avons donc mis sous vide ce volume afin d’économiser la surface à chauffer », explique Yves de Pommereau.
Comportant plusieurs innovations (dont des ponts flottants et mobiles ainsi qu’une profondeur modulable grâce à un fond monté sur vérins), le bassin a également été conçu suivant la même logique d’économie d’eau. Côté tribunes, les sièges ont été réalisés à partir de déchets plastiques récoltés localement par l’entreprise de l’économie sociale et solidaire francilienne Sas minimum. « Par ailleurs, poursuit l’architecte, les 2 000 places qui constituent les tribunes temporaires se verront converties à l’issue des jeux en plateau sportif, accueillant notamment des terrains de padel. » L’installation de panneaux photovoltaïques en toiture doit en outre faire de cet équipement l’une des plus grandes fermes urbaines solaires de France.
Coup de pression sur le réseau
En vue d’organiser des Jeux plus verts, une des nouveautés apportées par la candidature de Paris 2024 résidait aussi dans l’obligation d’alimenter les sites olympiques en direct par le réseau électrique. « Pas de groupe électrogène ! », résume Thibaud Hedelin, directeur de projet JOP 2024 pour RTE.
« Nous devons ainsi faire en sorte que le réseau soit fiabilisé et disponible au maximum pendant l’événement, ce qui suppose de sécuriser l’ensemble de nos ouvrages électriques. C’est un gros travail : 400 km de lignes à surveiller et 4 500 équipements à vérifier. Mais nous sommes en phase finale, l’essentiel est derrière nous ! » L’une des missions de RTE consistait notamment à l’enfouissement de 15 km de câbles aériens et à la suppression de 27 encombrants pylônes situés entre Villeneuve-la-Garenne et Saint-Denis qui empêchaient des aménagements dans le village des athlètes. Au total, 80 ha de foncier ont été libérés. « Nous sommes fiers de contribuer à cet héritage territorial », se félicite Thibaud Hedelin.
La décarbonation du mix énergétique et la transition des réseaux électriques nécessitent par ailleurs des solutions de stockage adaptées. « Une bonne partie des énergies renouvelables sont variables, à l’instar de l’éolien ou du solaire, observe Jean-François Le Romancer, président de Stolect, invité à présenter l’activité de son entreprise lors de la matinée du 27 février. De nombreux énergéticiens constatent que pour dispatcher convenablement l’énergie solaire photovoltaïque, on a besoin de solutions de stockage de longue durée. C’est ce que nous développons ! » Le procédé de stockage proposé par l’entreprise se base sur la conversion réversible de l’énergie électrique en énergie thermique, s’effectuant au moyen de turbomachines qui font circuler de l’air dans le système. En phase de stockage, l’énergie électrique est convertie en chaleur puis stockée dans des roches naturelles ou des céramiques recyclées. En phase de déstockage, les matériaux cèdent leur énergie à l’air qui circule et entraîne la turbine couplée à un alternateur. L’énergie récupérée est enfin réinjectée sur le réseau électrique. Une solution parfaitement à même de répondre aux besoins énergétiques des équipements sportifs.