Foudroyage réussi dimanche 27 octobre à 11h15 pour les trois dernières tours du quartier de Chantereine, près de la Seine à Alfortville. Une étape forte vers la création d’un nouvel écoquartier dans le cadre de l’Anru 2.
En quelques instants, des décennies d’histoire se sont effondrées dimanche en fin de matinée, lors du foudroyage des trois dernières tours du quartier de Chantereine à Alfortville (Val-de-Marne). 440 kilos d’explosifs, reliés à 2 150 détonateurs ont été utilisés par la société 4D démolition, sous le regard ému des habitants de ces immeubles bâtis dans les années 1960 dans un quartier dont la mutation est engagée depuis 2009 et l’Anru 1. Une opération minutieusement préparée et orchestrée, parfaitement réussie, qui a nécessité l’évacuation temporaire de 2 000 Alfortvillais.
600 résidents, restés sur place jusqu’à ce dimanche, ont été accueillis par la ville d’Alfortville et les équipes de Logial-Coop dans le Palais des sports municipal, transformé en centre d’accueil temporaire.
Les trois tours, de 15 à 18 étages, culminant à 54 m de haut, abritaient 351 logements. Le foudroyage a été préféré à l’écrêtage et au grignotage choisis pour la démolition des deux premières tours de la rue Olympe de Gouges, pour sa rapidité d’exécution, réduisant notamment les nuisances sonores et celles liées aux émissions de poussières. De qualité de vie des habitants il a été beaucoup question lors de la cérémonie qui a suivi ce foudroyage, Luc Carvounas, le maire (PS) d’Alfortville, tout comme l’ensemble des intervenants insistant sur l’objectif cardinal de la rénovation urbaine : embellir la ville et donc la vie des habitants, et introduire davantage de mixité sociale.
Evacuation des gravats par la Seine
Jessica Chiaroni, directrice générale de Logial-Coop, bailleur de ces tours, a souligné l’attention portée au réemploi des matériaux, qui auront une seconde vie ou seront recyclés. Portes, radiateurs, boites aux lettres, électroménager, fenêtres, prises électriques, une première phase d’identification a été menée en lien avec les sociétés Cycle zéro et Upcycléa, deux plateformes de l’économie circulaire spécialisées dans le réemploi.
Dès lundi, des poids lourds achemineront les 15 000 t de bétons concassés issus de la démolition vers des barges amarrées sur la Seine, à quelques centaines de mètres des tours. Le recours au transport fluvial divise par six le bilan carbone de l’opération (une tonne de béton évacuée par camion émet 76 grammes de CO2 contre 12 avec un bateau). Ces gravats seront acheminés jusqu’à des plateformes de valorisation de déchets implantées à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et Bonneuil-sur-Marne (Val-de-Marne).
A la place des trois tours démolies, 82 logements locatifs sociaux, 92 logements intermédiaires ainsi que 180 logements en accession à la propriété verront le jour, de même que des nouveaux commerces, une médiathèque de 450 m2 et un poste de police municipale (livraison annoncée pour 2027). Les mobilités douces seront favorisées grâce à des infrastructures dédiées. Le quartier laissera une place accrue à la verdure et à la convivialité, grâce à des points destinés à favoriser la rencontre entre les habitants. 1 321 logements ont déjà été reconstruits à Chantereine, quartier situé à proximité de la gare RER D Vert-de-Maisons, qui va bénéficier de l’ouverture de la ligne 15 sud du Grand Paris express.
A l’issue du foudroyage, Luc Carvounas, tout comme Françoise Lecoufle, maire (LR) de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne), qui représentait Laurent Cathala, président de Grand Paris Sud-Est avenir, a exprimé son émotion après ce moment historique, reflet de la transformation profonde de la commune. « J’assume de construire des logements », a souligné le maire (PS) d’Alfortville, qui promeut une « densité harmonieuse », même dans la perspective des élections municipales, « qui pousse certains maires à mettre les demandes de permis de construire sous le tapis ».
« Un Anru 3 est nécessaire »
Laurent Jeanne, le maire (Libres !) de Champigny, qui représentait la présidente du conseil régional Valérie Pécresse, a salué « la volonté politique de bâtir du maire d’Alfortville, face à ceux qui veulent que les quartiers ne bougent pas ».
« Un Anru 3 est nécessaire », a estimé Métin Yavuz, le maire (LR) de Valenton, qui représentait le président du conseil départemental du Val-de-Marne Olivier Capitanio, notamment pour transformer les quartiers n’ayant pas bénéficié des deux premières générations du dispositif. Enfin Marie-Noëlle Lienemann, ancienne ministre du Logement, ancienne sénatrice, présidente de la fédération nationale des coopératives HLM, a fixé pour sa part les conditions de réussite de cet Anru 3 pour lequel les discussions avec le gouvernement devraient se poursuivre : reconstituer l’offre de logements, prendre en compte les impératifs de la transition écologique et veiller au confort d’été des habitants.