E. Rodrigues : « Il y a un effet d’attraction évident pour le Val-de-Marne »

L’Agence de développement du Val-de-Marne, créée en 2003, est une association à conseil d’orientation et de surveillance dont la gouvernance est assurée à la fois par des dirigeants d’entreprise, des élus et des personnalités qualifiées dans le territoire. Elle contribue au développement de l’activité économique dans le Val-de-Marne, en lien avec les institutions et les acteurs de terrain. Entretien avec Elizabeth Rodrigues, sa directrice générale.

Quelles sont les missions de l’Agence de développement ?

Elizabeth Rodrigues

Elizabeth Rodrigues.

Elizabeth Rodrigues : Nous avons deux missions principales. La première est de promouvoir l’ensemble des acteurs économiques du Val-de-Marne, au sens large. Cela ne se limite pas aux entreprises mais cela concerne tout l’écosystème propice au développement économique (l’enseignement supérieur, les activités de recherche etc.). A l’international, nous valorisons Paris Val-de-Marne, l’image économique que nous donnons pour mieux faire connaître le territoire, sa vitalité en termes d’entreprises et de dynamiques de développement. La deuxième mission porte sur la prospection et l’accompagnement d’entreprises, avec des services apportés plus particulièrement aux entreprises innovantes et aux porteurs de projets innovants. Cette offre répond à un ensemble de besoins, à différentes étapes d’une entreprise, soit au stade de la création, soit au stade de l’installation, jusqu’à son développement endogène. Cette mission se déploie en direction de plusieurs pays, selon des cibles distinctes que nous avons définies au moment de la création de l’Agence de développement. Ces cibles-pays correspondent à l’Europe du Sud, du fait notamment de leur desserte par l’aéroport d’Orly (Espagne, Portugal et Italie). Nous avons élargi le choix de ces pays à l’Asie et, depuis plus de cinq ans maintenant, nous développons notre prospection en Chine avec des succès avérés.

Avec qui travaillez-vous au quotidien ?

Nous nous appuyons sur un multiréseau de partenaires, aussi bien à l’échelle de Paris et de l’Ile-de-France qu’à l’international (Business France ou les chambres de commerce nationales, bilatérales, les conseils et experts en réseau qui constituent autant de prescripteurs auprès de prospects potentiels, etc.). Outre les principaux fondateurs de l’Agence de développement (conseil départemental, chambre de métiers et de l’artisanat, chambre de commerce et d’industrie départementale), nous sommes en relation avec l’ensemble des professionnels de l’immobilier, de l’aménagement, du financement d’entreprise…

La particularité de l’Agence de développement porte aussi sur une gouvernance constituée en grande partie de dirigeants d’entreprise. Une vingtaine de personnalités sont élues au sein de notre conseil d’orientation et de surveillance, qui se réunit quatre fois par an. Parmi elles, dans le Val-de-Marne, on peut citer L’Oréal, Sanofi, Icade, ADP mais aussi de jeunes entreprises innovantes comme eyeBrain, ou encore des PME ou ETI comme D8, Sodern, Septodont, etc.

Quels types d’entreprises recherchez-vous prioritairement, et sur quelles zones ?

Nous tirons parti des domaines d’excellence du Val-de-Marne. Il s’agit en premier lieu de la santé, du fait de la présence d’établissements importants en matière de santé dans le Val-de-Marne : l’institut Gustave-Roussy, l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif, l’hôpital Henri-Mondor à Créteil… Nous bénéficions également d’une offre abondante dans l’enseignement supérieur avec un réseau d’écoles d’ingénieurs, l’université Paris-Est par exemple.

Nous considérons aussi la place des écoactivités et leur impact en réponse aux besoins urbains, compte tenu également de pôles multimodaux (port de Bonneuil-sur-Marne, cœur d’Orly, plateforme logistique de Rungis, etc.) et de la présence des opérateurs urbains et des entreprises leaders dans l’ingénierie (le site Aquafutura).
Un secteur très dynamique également est celui de l’image, avec notamment l’INA à Bry-sur-Marne et l’IGN à Saint-Mandé, mais aussi les écoles supérieures comme l’Institut Méliès à Orly, par exemple. Autres secteurs : l’agroalimentaire, avec la présence du marché international de Rungis et une cité de la gastronomie, projet labellisé par l’Unesco ; différentes compagnies d’assurance et de grandes banques : le siège de LCL à Villejuif, la Société Générale à Fontenay-sous-Bois, avec son nouveau campus tertiaire à l’horizon 2016 au Val-de-Fontenay, où Axa s’est déjà installé.

Cette stratégie ne freine-t-elle pas l’implantation d’entreprises d’autres secteurs ?

La stratégie d’approche tient compte des filières en plein essor dans le Val-de-Marne et en Ile-de-France, des marchés émergents – comme la « silver économie » et son rayonnement autour de Silver Valley –, mais ce n’est pas exclusif. Nous favorisons les conditions d’ancrage des activités existantes quels que soient les secteurs. On entend cultiver une approche multisectorielle avec des activités très diversifiées, afin de favoriser à la fois la création d’emplois, et des emplois pérennes tout au long des parcours résidentiels des entreprises.

Dans un autre environnement économique, il s’agit de valoriser tout ce qui participe au dynamisme du MIN de Rungis, 1er marché mondial de produits frais. On trouve aussi des enseignes de la grande distribution qui se sont installées en Val-de-Marne, grâce à une offre substantielle en logistique et dans les parcs d’activités. On y retrouve certains sièges sociaux de la grande distribution, comme ceux de Leclerc à Ivry-sur-Seine, de Système U et de Lidl dans le parc Icade Paris-Orly-Rungis, également les plateformes d’achat du groupe Casino à Vitry-sur-Seine, ou encore Carrefour en territoire limitrophe à Massy-Palaiseau. Le tissu économique est si dense qu’il y a un effet d’attraction évident pour le Val-de-Marne.

Avez-vous une volonté de rééquilibrage en termes de préservation de zones d’activités ? 

C’est effectivement un vrai sujet qui retient l’attention constamment. Dans le cadre des travaux du Grand Paris express, la mission d’aide à la relocalisation des entreprises que nous effectuons pour la Société du Grand Paris participe, de fait, au maintien des entreprises déjà présentes sur le territoire. Souvent, cela concerne des activités industrielles, situées dans les emprises impactées par les travaux des gares et des infrastructures ferroviaires du Grand Paris express – lignes 14 et 15.

Tout l’enjeu consiste à maintenir certaines activités productives à 15 minutes de Paris, centre névralgique de décision. C’est vrai que, dans le Val-de-Marne, ces activités côtoient d’autres acteurs de la croissance économique par l’innovation, la recherche & développement. Voyez le site historique de Sanofi à Vitry-sur-Seine et son nouveau campus à Gentilly. Tous ces grands territoires, très moteurs dans le Val-de-Marne, entendent faire valoir un développement en ce sens.

Quels types de rapports entretenez-vous avec l’EPA Orly Rungis-Seine Amont ?

Nous travaillons avec l’EPA en étroite proximité, de différentes façons. En amont, on peut détecter des investisseurs et des utilisateurs ayant des demandes à longue échéance. Face à ce type de demandes, particulièrement qualifiées, nous créons les conditions de la rencontre avec les différents aménageurs et opérateurs. Ensuite, sur des zones d’aménagement comme Les Ardoines, nous intervenons dans le processus d’accompagnement des entreprises présentes pour essayer de les maintenir – car elles vont être obligées de se déplacer ou d’opter pour une solution transitoire. Nous contribuons également à promouvoir les projets d’aménagement urbain, économiques ou résidentiels portés par l’EPA avec les territoires.

Quels sont les handicaps du Val-de-Marne ?

Une offre immobilière en tension, peut-être concernant certains produits de grande et moyenne surfaces. Nous disposons de réserves foncières pour de grands projets d’aménagement qui vont se réaliser à moyenne échéance… et en même temps, nous nous trouvons aussi dans un tissu urbain extrêmement contraint. Nous avons des exemples vécus par des dirigeants d’entreprise, pour lesquels nous essayons de reloger leurs activités dans le Val-de-Marne. Nous y contribuons avec un ensemble de partenaires tout autant attachés à ces objectifs, avec quelquefois des risques d’évasion avérés vers d’autres destinations. Enfin, je souhaite souligner un élément fondamental : vu de New York, Pékin, Berlin, Barcelone, Londres ou Milan… « Paris Val-de-Marne » prend une tout autre dimension… à l’heure du Grand Paris qui se construit avec nous.

Sur le même sujet

Top