Rosny-sous-Bois : une coopération intercommunale « sans précédent » autour de la géothermie

Il aura fallu 30 ans et beaucoup de volonté pour que la géothermie revienne sur le devant de la scène en matière de chauffage. Rosny-sous-Bois accueille l’un des trois forages en cours dans la région Ile-de-France.

Le projet, dont Cofely Réseaux, filiale de Engie (ex-GDF Suez), est le délégataire, vise à alimenter les réseaux de chauffage de quelque 10 000 équivalent logements répartis sur les communes de Montreuil, Noisy-Le-Sec et Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). En terme de coopération intercommunale, c’est donc un chantier d’ampleur qui était présenté par ses acteurs le 6 mai 2015.

« Le forage dure trois mois, sept jours sur sept et 24 heures sur 24 », explique un responsable du chantier. Il s’agit en fait du second forage sur ce site et l’on parle ainsi de « doublet géothermique ». Deux puits sont creusés, un producteur qui assurera l’alimentation de la chaufferie et un injecteur qui gère le retour de l’eau géothermale refroidie dans le sous-sol. Par ce doublet, le caractère naturel et renouvelable de la ressource est assuré.

Une énergie à la fois écologique et économique

Du « dogger », la nappe située à 1,8 km de profondeur, est extraite une eau d’une température de 60°c qui, une fois passée par la chaufferie centrale du site de Rosny-sous-Bois, sera distribuée dans un réseau de 10 km de chauffage. Entreprises comme particuliers en seront les usagers. A l’issue de la visite du 6 mai, Patrice Bessac, maire (FDG) de la ville de Montreuil s’est d’ailleurs félicité du fait que la géothermie allait bénéficier aux catégories les plus vulnérables.

Selon lui, la géothermie est la réponse écologique à la précarité énergétique. Et de reprendre les arguments avancés durant la visite par Fréderic Martin, directeur général adjoint de la branche énergie services en charge du pôle réseaux chez ENGIE. Celui-ci explique en effet que la géothermie est une énergie stable en termes de prix comme d’approvisionnement. De 5 % moins cher que celui issu d’énergies fossiles, le chauffage géothermique est aussi totalement renouvelable. Ce qui assure à la fois un approvisionnement sans aléas mais aussi des aides publiques. Les abonnés du réseaux bénéficient, par exemple, d’une TVA réduite à 5,5 %.

Des compétences techniques « au point »

Ce « nouveau » mode de chauffage, comme l’explique Frédéric Martin, entre dans le cadre de politiques nationales et locales de « verdissement du mix énergétique ». Et pour ce faire, « il n’y a pas 50 solutions ». La géothermie est donc « la possibilité de décarboner un mix énergétique de manière très rapide », poursuit-il, 15 800 tonnes de CO2 par an sont économisées soit l’équivalent de 8 500 voitures. Délégataire de service public pour ce réseau de distribution, Cofely Réseaux y a investi 35 millions d’euros. Le caractère écologique de la géothermie a par ailleurs convaincu la région et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) de participer à cet investissement pour un montant de 6,5 millions d’euros.

Les avis de Patrice Bessac et du cadre d’Engie se retrouvent une nouvelle fois sur un point : ce projet est la preuve que la France détient toutes les compétences techniques pour mener à bien la transition énergétique. Sur le chantier, un responsable affirme que, depuis 30 ans, les choses ont bien évolué. « A l’époque, on appliquait sans distinction la technique des forages pétroliers, mais aujourd’hui tout est au point niveau technique. »

"Un bel exemple de coopération" pour Claude Capillon. A sa gauche Jacques JP Martin et Patrice Bessac.

« Un bel exemple de coopération » pour Claude Capillon. A sa gauche Jacques JP Martin et Patrice Bessac. © GM

« La compétence des réseaux de chaleur doit rester aux communes »

Tout va bien aussi du côté des porteurs du projet, à l’image de Claude Capillon, maire (UMP) de Rosny-sous-bois selon qui « dans la vie des maires, il y a parfois des moments agréables, ce matin en fait partie ». Le ton est pourtant légèrement monté lorsque Jacques JP Martin s’est exprimé à la tribune. Pour le président du Syndicat intercommunal de la périphérie de Paris dédié à l’énergie, l’existence de tels réseaux « pourraient être remis en cause si la loi NOTRe, en cours de discussion au Parlement, transférait la compétence réseau de chaleur à la métropole du Grand Paris ».

Le Sipperec a manifesté son opposition et celle de tous les élus concernés par la géothermie à cette proposition faite sans consultation préalable ni travail préparatoire. Il faudra bien, avant la fin des débats, que l’on s’aperçoive qu’il y a des projets et des compétences qui ne sont efficaces qu’au niveau de la proximité, a-t-il poursuivi.

Selon le président du syndicat, également maire (UMP) de Nogent-sur-Marne, « les grandes orientations peuvent être définies au niveau métropolitain, mais leur mise en oeuvre doivent être respectueuses de la proximité et de l’impact sur la vie quotidienne de nos habitants. Les réseaux de chaleur sont des projets locaux en lien constant avec leurs utilisateurs, cette compétence doit rester aux communes. »

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