Dans une tribune, Jérôme Descamps, président de Selectirente, foncière cotée spécialisée dans les murs de commerce de proximité, estime que même s’ils engendreront des perturbations, les Jeux olympiques et paralympiques devraient aussi agir comme un catalyseur pour de nombreux secteurs d’activité et en particulier doper la fréquentation des commerces de proximité.

Jérôme Descamps, président de Selectirente. © DR
Omniprésents à Paris – l’Apur (Atelier parisien d’urbanisme) en a recensé 14 700 à fin avril 2023 –, les commerces de proximité font preuve d’une belle résilience dans un contexte immobilier pour le moins tumultueux. La crise sanitaire a de toute évidence suscité une prise de conscience générale et la perspective de fermetures de commerces dans lesquels les Parisiens ont leurs habitudes a effrayé nombre d’entre eux. Très français, l’attachement collectif aux commerces de proximité n’a rien d’une chimère puisque selon une étude Opinion Way parue en septembre 2022, 75 % de nos compatriotes essaient de privilégier les achats dans les commerces physiques plutôt que sur Internet. L’échec retentissant de Getir, qui a quitté l’Hexagone en juin, a également démontré que le modèle de vente en ligne « pure » n’était pas encore mûr en France, du fait d’une défiance culturelle et d’une réglementation contraignante.
Soutenues par les consommateurs parisiens, les enseignes de proximité sont également perçues, à juste titre, comme un élément prépondérant de l’attractivité et du dynamisme de la Capitale par la mairie. Forte de ce constat, et afin de perpétuer, voire d’optimiser ce rayonnement, cette dernière a importé la « Ville du quart d’heure ».
Paris continue de faire rêver les touristes internationaux
Aux côtés de mesures destinées à favoriser le recours aux mobilités douces, ce concept international participe à la généralisation de la piétonisation et au renforcement du maillage des commerces et services de proximité, tout en favorisant la production locale et les circuits courts. Ainsi, Paris n’est-elle pas, à la différence de nombreuses villes moyennes, confrontée au phénomène de désertification commerciale, en raison d’atouts qui sont propres au phénomène de métropolisation (richesse culturelle, historique et sportive, densité des écoles et universités, pôle politique, cité administrative, diversité des enseignes commerciales) et de la forte présence de commerces premium qui attirent eux aussi une clientèle internationale.
Des millions de touristes de toutes les nationalités y convergeront cet été lors des Jeux olympiques. Ils y découvriront de nouvelles enseignes de luxe (l’agence de conseil en immobilier Knight Frank anticipe 27 nouvelles ouvertures en 2024), mais également des commerces de bouche toujours plus nombreux (l’Apur a fait état d’une augmentation de 4 % de ces commerces entre 2020 et 2023) et qui font eux aussi la renommée de la Capitale. Dans l’immédiat, le rebond de la fréquentation touristique est déjà une réalité puisque 6,6 millions de touristes internationaux ont convergé à Paris pendant l’été 2023, soit une augmentation de 8 % sur un an, avec un retour tonitruant des Chinois (+ 150 %), à la faveur de la levée des interdictions de déplacements consécutives à la pandémie de Covid-19. Gageons que ces derniers afflueront massivement vers le Triangle d’or, qui a enregistré pas moins de 13 ouvertures l’an passé, et plus particulièrement les Champs-Elysées, sur lesquelles les LVMH et Kering continuent de tisser leur toile.
Taux de vacance moyen des 12 grandes artères en repli
Également une cible majeure pour les marques et grands distributeurs d’articles de sportswear, la plus belle avenue du monde leur offrira une forte visibilité qui sera amplifiée par la tenue des Jeux olympiques. Autre signal encourageant, à une échelle plus large : le taux de vacance moyen des 12 grandes artères parisiennes suivies par Knight Frank est en repli à 5,2 % au 31 décembre, 1,6 point de moins qu’un an auparavant. L’heure n’est donc pas, loin de là, à une désaffection massive et à des grands axes clairsemés.
Indéniablement, les commerces de proximité résistent et répondent de mieux en mieux aux mutations des habitudes de consommation, en évoluant de plus en plus vers le modèle « phygital », qui offre aux clients la possibilité d’acheter en ligne dans un point de vente physique. Dans le même temps, le besoin de nouveaux lieux d’accueil et de convivialité (bars, restaurants) va, lui, crescendo. Et si les contraintes liées à la réorganisation des transports ne sauraient être mésestimées, il ne fait guère de doute que les organisateurs des Jeux olympiques mettront tout en œuvre pour fluidifier au maximum l’accès à et dans Paris.