Face à un afflux sans précédent de migrants, Anne Hidalgo a annoncé mardi 31 mai 2016 la création à Paris « d’un camp humanitaire aux normes de l’ONU, qui sera dédié aux migrants ». Situé dans le nord de la capitale, il prendra la forme de bâtiments modulaires, rapides à installer, pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes.

Depuis début 2015, plus de 8 000 migrants présents sur le territoire parisien ont été mis à l’abri, grâce à la mobilisation conjointe des associations, de la préfecture de région Ile-de-France et de la Ville, rappellent les services de la Capitale. « Si des efforts importants ont été faits par les services déconcentrés de l’Etat, avec le soutien et à la demande des collectivités locales et des associations, les moyens mis en place par le gouvernement restent insuffisants, comme en témoigne la succession de campements sur l’espace public », ajoute Paris.

« La réponse se fait attendre. Paris va donc agir », a annoncé mardi 31 mai 2016 Anne Hidalgo, lors d’une conférence de presse à l’Hôtel de Ville. © jgp

« Le dernier en date, installé depuis quelques jours aux abords du jardin d’Eole (18e arr.), compte aujourd’hui près de 800 personnes, qui dorment à même le sol, dans des conditions météorologiques et sanitaires particulièrement déplorables. Face à cette situation, indigne de Paris et de la France, Anne Hidalgo a plusieurs fois alerté l’Etat, qui a parmi ses compétences et ses responsabilités la prise en charge des personnes à la rue », indique-t-on dans l’entourage de la maire. Le 2 mai, elle a appelé à un « changement de méthode », « pour que les campements ne soient plus une étape obligée du parcours migratoire » et « que des accueils de jours soient mis en place ».

« La réponse se fait attendre. Paris va donc agir », a annoncé mardi Anne Hidalgo, lors d’une conférence de presse à l’Hôtel de Ville. « J’ai demandé aux services municipaux d’examiner les sites disponibles, à Paris intra-muros, pour installer dans les prochaines semaines un camp humanitaire aux normes de l’ONU, qui hébergera les réfugiés », a-t-elle expliqué.

Bâtiments modulaires

Ce centre de transit sera composé de bâtiments modulaires, pouvant accueillir plusieurs centaines de personnes. Il s’accompagnera d’un accueil de jour, qui permettra une prise en charge des migrants au fil de l’eau et donc de prévenir l’apparition de campements sur l’espace public.

Bruno Julliard, maire adjoint, et Sophie Brocas, préfète, au centre d’hébergement pour migrants ouvert en août dernier au 47 rue Raymond Losserand à Paris. © jgp

« Nous travaillerons main dans la main avec les associations et, nous l’espérons, les services de l’Ofii. Nous appelons l’Etat à participer à ce projet. C’est pour mon équipe et moi une responsabilité humanitaire et morale », a expliqué Anne Hidalgo. Le terrain précis sera annoncé dans quelques jours, pour un début des travaux courant juin et une ouverture dans l’été.

« En 18 mois, la Ville de Paris a consacré 14 millions d’euros à la prise en charge des migrants, bien au-delà de ses compétences obligatoires, et en plus des 80 millions d’euros déjà alloués à l’aide aux mineurs étrangers isolés, rappelle la ville. Elle a également proposé à l’Etat la mise à disposition gracieuse d’une série de bâtiments, qui ont permis d’ouvrir 1 500 places d’hébergements. Une unité d’agents municipaux dédiés aux personnes à la rue assure quotidiennement des maraudes, aux côtés des associations, pour repérer les publics les plus fragiles et les mettre le jour-même à l’abri. »