Paris organisait vendredi 10 février 2023 en fin de journée la restitution de trois mois de concertation avec les habitants, les associations et entreprises en vue du renouvellement de son plan climat air énergie pour la période 2024-2030. Un outil de planification écologique mais aussi sociale, comme l’a rappelé Dan Lert.
Il y avait foule vendredi en fin d’après-midi, dans la salle de fêtes de l’hôtel de ville de Paris, pour assister à la restitution de trois mois de concertation sur le renouvellement du plan climat air énergie pour la période 2024–2030, organisée du 11 octobre au 11 décembre dernier. Agir plus vite, plus juste, plus local. Tels sont en l’espèce les mots d’ordre de la municipalité. « Si c’était suffisant, nous ne serions pas là », a lancé Dan Lert en préambule de la soirée, après avoir rappelé que Paris a déjà consacré 10 milliards d’euros à la transition écologique au cours des 15 dernières années, dont 1 milliard dédié à la transition énergétique.
Durant la période, le nombre de voitures a été divisé par deux, celui des vélos multiplié par cinq dans les rues de la Capitale. « Mais il faut accélérer », a souligné l’adjoint à la maire de Paris en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie, accompagné d’Anouch Toranian, adjointe à la maire de Paris en charge de la vie associative, de la participation citoyenne et du débat public.
« Rompre avec nos dépendances aux énergies fossiles »
L’élu du 19e a rappelé également que la Ville avait consacré 600 millions d’euros à la rénovation thermique de 60 000 logements sociaux. La municipalité va tripler les fonds alloués à la rénovation énergétique des logements privés. « Nous devons rompre avec notre dépendance aux énergies fossiles. Tous nos efforts seront vains si des entreprises continuent massivement à investir dans ce domaine », a martelé l’élu, qui a affirmé par ailleurs sa conviction de la nécessité de respecter les échéances de la zone à faibles émissions (ZFE) relatives à l’interdiction des véhicules diesel.
La municipalité s’inscrit donc dans une course contre la montre, pour « éviter l’ingérable et gérer l’inévitable », selon la formule de Dan Lert. Cela pour contribuer à contenir l’élévation de la température à 2 degrés, conformément aux objectifs de l’Accord de Paris.
Robert Vautard, coordonnateur du Grec francilien (groupe régional d’expertise sur le changement climatique), a évoqué l’intérêt de déclinaisons locales des travaux du Giec (groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), traits d’union entre les travaux des scientifiques internationaux et les politiques publiques locales. Le directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace a rappelé que le combat pour le climat était gagnable.
Jean-François Julliard, directeur général de Greenpeace France, membre de l’Alliance écologique et sociale, ex-« Plus jamais ça », a exprimé pour sa part son adhésion à l’idée qu’une « convergence des luttes écologiques et sociales » serait nécessaire, expliquant notamment son opposition à la réforme des retraites par l’impact négatif de cette dernière sur l’évolution du climat, « parce que reposant sur une vision productiviste de la société ».
La concertation en vue du renouvellement du plan climat, effectuée par l’entremise du site decider.paris.fr mais aussi lors de 140 réunions sous des formes variées (climathon, apéro-climat, soirée climat, etc.), a permis l’expression de quelque 1 223 idées et propositions, consignées dans un livre blanc, ont indiqué Yann Françoise, adjoint au directeur et responsable du pôle climat de la direction de la transition écologique et du climat, et Elsa Meskel, responsable du département démocratie climatique.
La nécessité de protection des plus vulnérables, « qui contribuent le moins au réchauffement climatique mais en subissent le plus les effets », selon les mots de Dan Lert, s’est imposée comme une priorité lors de cette concertation. En ce sens, le plan climat de Paris est présenté aussi comme un plan de lutte contre les inégalités. Des actions contre les vagues de chaleur ou pour la qualité de l’air, la multiplication des îlots de fraîcheur, la renaturation, la végétalisation, la piétonisation ou la défense de la biodiversité figurent parmi les mesures attendues par les participants à cette concertation.