Pénurie de foncier pour la logistique : une prise de conscience des pouvoirs publics encore insuffisante

A l’issue de la première conférence régionale de la logistique organisée à l’initiative du préfet d’Ile-de-France et avec le concours de la Région le lundi 20 décembre 2021, les acteurs du secteur pointent une prise de conscience encore insuffisante de la part des pouvoirs publics face à la pénurie de fonciers disponibles en Ile-de-France pour cette activité.

La déception était palpable chez certains acteurs à l’issue de la première conférence régionale de la logistique en Ile-de-France, qui s’est tenue lundi 20 décembre 2021. Ces conférences ont notamment pour vocation de renforcer la dynamique public-privé et d’ouvrir la voie, en application de la loi climat & résilience, à une planification des implantations logistiques. Cela passe par l’identification de fonciers disponibles pour les activités logistiques, frappées par une pénurie croissante et une augmentation des loyers inédite.

« Or les horizons sont bien sombres en termes de foncier clairement planifié et dédié à la logistique », déplore Diana Diziain, directrice déléguée d’Afilog, qui fédère, au plan national, les professionnels du secteur. « Comme on connaît la crise du logement des particuliers, nous sommes au début d’une crise du « logement des entreprises logistiques », avec un taux de vacance d’environ 2 % sur les surfaces prime et par voie de conséquence des loyers qui ne cessent d’augmenter », poursuit-elle.

Diana Diziain, directrice déléguée d’Afilog. © DR

Entrepôt logistique de La Poste, à Montereau-sur-le-Jard. © Jgp

Salvi Cals, managing director de Panattoni, membre d’Afilog. © DR

Ainsi, avec des loyers qui pourraient excéder largement les valeurs très stables depuis plus de 20 ans, les PME, TPE et ETI risquent de ne plus pouvoir louer les entrepôts nécessaires à leurs activités. Tenir compte des besoins exprimés par les clients est essentiel pour continuer à faire tourner à un régime correct la machine économique de la Région Capitale, comme l’a fait remarquer lors d’une des tables rondes de cette première conférence francilienne Salvi Cals, directeur général de Panattoni, membre d’Afilog.

Un fléchage attendu

Les professionnels du secteur attendent des pouvoirs publics un fléchage de fonciers réservés à la logistique, afin de maîtriser la hausse des prix et de pouvoir répondre aux besoins des activités industrielles et de services qui souhaiteraient se localiser, se relocaliser ou simplement se maintenir en se développant en Ile-de-France. « Certes, les enjeux de multimodalité sont essentiels, mais il nous semble qu’ils sont surpondérés par rapport à ceux, vitaux pour nos entreprises, liés à cette absence de fonciers disponibles, ajoute Diana Diziain. La géographie des flux induite par la localisation d’une plateforme logistique a un impact tout aussi important que les modes de transport utilisés. Un entrepôt véritablement vertueux sur la plan environnemental doit être bien localisé par rapport au barycentre des flux qu’il optimise ».

Afilog salue la prise de conscience de l’importance de la logistique urbaine, du dernier kilomètre, mais estime que les capacités logistiques des activités productives, artisanales et de services de deuxième couronne sont également essentielles. « La nécessité d’un rééquilibrage Est-Ouest des implantations logistiques est aussi à améliorer », poursuit Diana Diziain, l’Est demeurant encore souvent le lieu d’où est desservi l’ouest de l’Ile-de-France où les capacités foncières manquent à l’appel.

La tenue de cette première conférence avait été annoncée lors du comité interministériel à la logistique (Cilog), réuni le 21 octobre dernier. Elle regroupe les représentants de l’Etat, de la Région, des intercommunalités et des professionnels du secteur. Une conférence semblable s’était tenue en Bourgogne Franche-Comté, il y a quelques jours, pour expérimenter également ce type de réunion.

Ces conférences doivent aussi assurer un suivi de la charte d’engagement réciproques adoptée entre l’Etat et les professionnels du secteur le 28 juillet dernier, et favoriser la création d’un observatoire régional de la logistique.

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