Poumon économique du Grand Paris, l’Etablissement public territorial Paris Ouest La Défense bénéficie de l’attractivité du quartier d’affaires, du dynamisme des grands groupes qui y sont implantés, et d’une offre de déplacements exceptionnelle. Tout l’enjeu désormais va consister à savoir capitaliser sur ces atouts pour donner un nouvel élan à ce territoire.
Fin 2016, l’ouverture de l’Arena Nanterre, la plus grande salle de spectacles indoor de France signée par Christian de Portzamparc, sera un signal fort de l’ouverture de La Défense. Une étape incontournable pour ce quartier exclusivement d’affaires depuis son origine, qui a atteint ses limites tant économiques que foncières. Pour la première fois, un projet stratégique à dix ans (2016/2026) a été élaboré pour pérenniser La Défense avec, comme priorité, l’ouverture du plateau d’affaires sur son territoire environnant, afin d’en favoriser le « rayonnement local » et rompre son isolement. « La Défense et ses prolongements séduisent autant, voire davantage, les investisseurs étrangers que le quartier d’affaires lui-même, surtout quand il s’agit de fonds souverains capables d’investir dans des macro-lots mixtes de 200 000 m2 », fait valoir Hugues Parant, directeur de l’Epadesa. La fusion des deux structures d’aménagement, l’Epadesa et Defacto, en 2017, doit contribuer à simplifier la gestion de La Défense et lui redonner de l’oxygène financier.
qui vient d’être publié (plus d’info).
Dans ce contexte, la création de la métropole du Grand Paris (MGP) et, par voie de fait, de l’établissement public territorial (EPT) Paris Ouest La Défense, se présente comme une opportunité pour accompagner cette mutation. Chacune des communes qui le composent espère bien pouvoir profiter de la locomotive économique francilienne, forte notamment de la présence des grands groupes du CAC 40. A condition toutefois que son attractivité et son leadership en matière d’accueil des entreprises soient préservés, ce qui est fortement contraint par le manque de disponibilité foncière. Tout en étant exceptionnelle, l’offre de transports en commun ne peut suffire, même si elle va être enrichie par Eole, le prolongement du RER vers l’ouest, et la future ligne 15 du Grand Paris express qui assurera une liaison directe vers les aéroports et présente un potentiel de développement autour des six gares de Courbevoie, La Défense, Nanterre (2), Rueil-Malmaison et Saint-Cloud.
Mutualiser l’offre
« Notre priorité doit être l’aménagement, de façon à rester attractifs pour accueillir les entrepreneurs et notamment les entreprises innovantes », annonce Philippe Juvin, maire de La Garenne-Colombes et vice-président de Paris Ouest La Défense en charge de l’aménagement. Si des zones économiques importantes existent dans la plupart des villes du territoire : Courbevoie, Nanterre, Levallois, Puteaux et Rueil-Malmaison, l’offre immobilière manque de complémentarité. L’EPT peut contribuer à mutualiser cette offre et ainsi créer plus de valeur. « L’ouverture est engagée sur Nanterre avec l’Epadesa, mais elle doit s’accentuer sur les autres villes pour répondre à toutes les demandes, tant en sièges sociaux qu’en services de proximité et fonctions de back-office », constate Alain Cluzet, directeur général des services de la ville de Courbevoie. L’EPT pourrait même se positionner comme l’interlocuteur principal des dirigeants d’entreprises sur son territoire, de manière à renforcer sa visibilité.
Toutefois, Philippe Juvin veut éviter de recréer des zones spécialisées et souhaite favoriser des territoires mixant les activités professionnelles, culturelles et sportives. Le challenge sera de faire en sorte que les maires, peu habitués à travailler ensemble, s’approprient les projets de leurs voisins et partagent une vision commune du territoire. « Les maires ne doivent pas se retirer sur leur Aventin », prévient l’élu qui compte créer avant l’été, au sein de Paris Ouest La Défense, une commission d’aménagement composée des élus municipaux en charge de l’aménagement et de l’urbanisme.
Mais l’essentiel, à court terme, est surtout d’éviter que la création de l’EPT ne pénalise ou retarde les projets en cours, dont les aménagements du site des Papeteries de la Seine, de la ZAC des Champs Philippe à La Garenne-Colombes et de celle des Groues à Nanterre. Créée au printemps 2016, celle-ci développera, d’ici à 2025, 630 000 m2 de constructions nouvelles dont 5 000 logements et 200 000 m2 de bureaux. Sans oublier l’écoquartier de l’Arsenal (14 ha) à Rueil-Malmaison et celui du Village Delage à Courbevoie. Des projets « fondamentaux dans la mesure où ils articulent le territoire avec la Seine », assure le maire de La Garenne-Colombes, qui est favorable « à une gestion locale de l’aménagement du territoire plutôt qu’à la volonté de trop pousser l’intérêt métropolitain » ou, autrement dit, une mainmise trop forte de la métropole.