Les financeurs de la culture à la rencontre des projets communaux

Elus et principaux financeurs de la culture en Ile-de-France se sont réunis jeudi 25 mai 2023 à l’hôtel Heidelbach dans le 16e arrondissement de Paris pour échanger sur les dispositifs d’aide aux communes dans le domaine de la restauration du patrimoine et du soutien à l’action culturelle. Des échanges précieux, à l’heure où le secteur culturel porte encore les stigmates de la crise sanitaire.

« Les écrans c’est bien, mais il est temps de revenir au réel ! » Après l’impact catastrophique de la pandémie de Covid sur le secteur de la culture, les collectivités franciliennes ont engagé un travail pour valoriser leur patrimoine et reconquérir les publics. Lors du colloque organisé autour de cette thématique jeudi 25 mai par l’Amif à l’hôtel Heidelbach, dépendant du musée Guimet (Paris 16e arr.), Arnaud Péricard, maire de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines), explique : « La préservation du patrimoine et le développement culturel font partie des problématiques propres au territoire francilien. Or, les dispositifs de soutien relatifs à ces problématiques sont méconnus. C’est pourquoi il nous faut travailler de plus en plus en partenariat avec l’ensemble des acteurs de la culture. » Et redéfinir collectivement ces coopérations.

L’Amif organisait, jeudi 25 mai, une « Conférence des financeurs de la culture en Ile-de-France », réunissant élus et principaux financeurs. © Jgp

C’était précisément tout le propos de la matinée divisée en deux tables-rondes, l’une portant sur la conception et le financement des projets de restauration des patrimoines locaux, l’autre sur l’effet levier de la contractualisation dans le développement des projets culturels. « Nous sommes heureux de ce dialogue qui nous permet d’agir avec méthode, en bonne intelligence dans le respect des prérogatives de chacun », s’est réjoui Laurent Roturier, directeur régional des affaires culturelles (Drac).

Restaurer le patrimoine local : les bons outils

De fait, les spécificités diffèrent selon les territoires. Dans les Yvelines, où villes denses et communes rurales cohabitent, le Département investit dans les projets de restauration patrimoniale au moyen de contrats de développement dans les villes de plus de 15 000 habitants (à l’instar de Saint-Germain-en-Laye où 2 millions d’euros ont été consacrés à la réhabilitation du grand bassin royal des jardins du château), mais également de contrats ruraux, bénéficiant aujourd’hui à 55 communes de moins de 3 000 habitants. Le contrat de proximité Yvelines+ aidant au financement des opérations d’aménagement d’espaces publics, ou encore les carnets d’entretien destinés à la restauration des patrimoines historiques et dont l’aide est plafonnée à 8 000 euros, constituent d’autres dispositifs de soutien financier développés par le département.

Côté technique, la structure Ingenier’Y, mise en place en 2014, accompagne les collectivités dans le montage des dossiers d’opérations de sauvegarde et de mise en valeur du patrimoine local. Elle peut aussi assurer une maîtrise d’ouvrage déléguée et une maîtrise d’œuvre à la fois technique et d’exécution. « Ingenier’Y suit plus de 176 communes sur le département, avec 400 projets environ. Et c’est complètement gratuit ! », souligne Joséphine Kollmannsberger, vice-présidente du département des Yvelines déléguée à la culture.

Joséphine Kollmannsberger, vice-présidente du département des Yvelines déléguée à la culture, et Olivier Peyratout, directeur régional adjoint des affaires culturelles délégué aux patrimoines. © Jgp

Pour les particuliers rénovant leur bâtiment à valeur patrimoniale et historique mais non protégés au titre des Monuments historiques, la labellisation fiscale effectuée par la Fondation du patrimoine permet de bénéficier d’une déduction au titre de l’impôt sur le revenu pour les travaux effectués, ou d’une subvention versée par la Fondation. Si elle s’inscrit dans un projet global, cette labellisation délivrée à environ 80 opérations privées en moyenne par an s’obtient à condition que les travaux aient été examinés par l’Architecte des bâtiments de France et soient en conformité avec l’intérêt patrimonial du bien, souligne Hervé Lancelot, délégué Ile-de-France de la Fondation du patrimoine.

Cités-jardins, fermes, moulins…, le label d’intérêt régional, délivré par la Région à 187 sites et ensembles à ce jour, donne pour sa part accès à des aides pour la restauration ou l’aménagement facilitant l’accueil du public. L’enjeu, indique Sophie de Moustier, cheffe du service patrimoine de la région Ile-de-France : « identifier puis valoriser le patrimoine non protégé et peu connu. »

Sophie de Moustier, cheffe du service patrimoine de la région Ile-de-France, et Hervé Lancelot, délégué Ile-de-France de la Fondation du patrimoine. © Jgp

Développer et financer un projet culturel : l’effet levier de la contractualisation

La valorisation du patrimoine de proximité a en effet un rôle à jouer dans le tourisme en Ile-de-France. Pour Carole Spada, directrice régionale adjointe des affaires culturelles, les démarches de rénovation du patrimoine culturel gagnent à s’inscrire dans des projets globaux s’appuyant sur des ressources locales et pouvant aussi bénéficier de l’apport de différents partenaires, notamment dans le cadre d’opérations de médiation culturelle.

A cette fin, la contractualisation entre collectivités, Drac et Départements peut représenter un véritable levier pour accompagner les territoires dans leur projet global sur le plan culturel et patrimonial, tout en s’adaptant aux spécificités locales. L’objectif ? Faire vivre le patrimoine bâti et naturel de proximité, souvent méconnu. Créé par le département seine-et-marnais, le festival « Emmenez-moi », qui en est à sa 5e édition, organise de nombreux événements durant trois week-ends pour animer les lieux patrimoniaux. Privés ou publics, les parcs et jardins remarquables du département se voient attribuer la labellisation « Incroyables jardins ». De quoi mettre en lumière la richesse et la diversité de l’est francilien.

De g. à dr. : Dominique Lefebvre, vice-président de la communauté de communes des 2 Morin, Véronique Veau, vice-présidente du département de la Seine-et-Marne, Carole Spada, directrice régionale adjointe des affaires culturelles, et Thierry Blouet, directeur général adjoint de Grand Paris Sud-Est Avenir. © Jgp

Le rayonnement des territoires importe aussi aux établissements publics, tels que Grand Paris Sud-Est Avenir, qui affirme son identité et développe son image en soutenant des événements culturels comme le concert symphonique donné au Domaine d’Ormesson le 17 juin prochain, les concerts de l’orchestre philharmonique de Créteil, ou la balade poétique et artistique « Pépites en paysage (un patrimoine naturel à portée de pieds) ».

« La contractualisation permet de découvrir nos patrimoines remarquables », note Thierry Blouet, directeur général adjoint de GPSEA. En particulier dans les territoires très ruraux de la région Capitale où les habitants attendent beaucoup de la culture et où les capacités de financement ne suivent pas toujours. Dominique Lefebvre, vice-président de la communauté de communes des 2 Morin (Seine-et-Marne), l’assure : la convention nouée entre Drac, Département et collectivité nourrit une volonté de dynamisme culturel et un esprit de rapprochement avec la population.

Sur le même sujet

Top