Le gouvernement décide de l’abandon d’EuropaCity

L’Elysée a confirmé, le 8 novembre 2019, que l’abandon du projet EuropaCity dans le Triangle de Gonesse (Val d’Oise) devait être annoncé lors du conseil de défense écologique organisé le même jour.

C’est la fin du feuilleton pour le projet de parc de loisirs, et sans doute le début d’un nouveau chapitre pour l’aménagement de la ZAC du Triangle de Gonesse. Après avoir connu plusieurs rebondissements (annulation de la ZAC, décalage de l’arrivée du métro), l’opération portée par Ceetrus et Wanda – au travers de la société Alliages & territoires – ne verra donc pas le jour. Après avoir entendu les différentes parties – qui s’étaient largement mobilisées début octobre – à la rentrée, la ministre de la Transition écologique et solidaire Elisabeth Borne devait intervenir sur le sujet lors du conseil de défense écologique du 8 novembre pour faire cette annonce.

L’impressionnant parc de loisirs envisagés dans le Val d’Oise ne verra pas le jour. © EuropaCity

Soutenu par de nombreux élus et habitants, tout en connaissant une forte opposition, EuropaCity devait voir le jour à l’horizon 2027 sur 80 des 700 ha de la ZAC du Triangle de Gonesse pilotée par Grand Paris aménagement. Après une ultime révision de la programmation, les 2/3 de la surface devait être dédiés aux activités de loisirs et de culture, entre 20 et 25 % pour les activités agricoles et paysagères et entre 10 et 15 % pour le commerce. Un investissement de plus de 3 milliards d’euros était annoncé et plus de 10 000 emplois en phase d’exploitation.

Projet « daté et dépassé »

Selon l’AFP, Emmanuel Macron jugerait le projet « daté et dépassé » et le chef de l’Etat entend « réfléchir à un projet alternatif » qui serait « plus mixte, plus moderne, sans créer un pôle démesuré de consommation, de loisirs et d’objets ».

La maire de Gonesse a réagi promptement à cette décision, manifestant sa « colère » : « C’est pour les élus et les habitants du territoire une décision incompréhensible et inacceptable, déclare Jean-Pierre Blazy. Le gouvernement sacrifie notre territoire au nom d’une vision uniquement symbolique de l’écologie. » L’élu prendra la parole le 9 novembre avec Marie-Christine Cavecchi, présidente du Département, et Patrick Renaud, président de Roissy-Pays de France, pour manifester son désaccord. « Je reste déterminé à me battre pour répondre aux besoins d’une population sacrifiée par l’Etat en termes de transport propre, d’emploi, de culture, d’attractivité », ajoute-t-il.

Marie-Christine Cavecchi, elle, s’interroge : « Peut-on réellement se fier aux annonces de l’Etat sur la poursuite de l’aménagement de la ZAC du Triangle de Gonesse ? Si c’est le cas, j’attends de toute urgence une réponse à ces trois questions : avec qui, quand, et pour quoi faire ? »

Valérie Pécresse demande un plan d’urgence pour le Val d’Oise

« Face aux conséquences sociales de l’abandon de ce projet, qui se voulait créateur de milliers d’emplois à l’horizon 2027, Valérie Pécresse en appelle solennellement au gouvernement pour définir, en partenariat avec la Région et le Département, un plan d’urgence pour le Val d’Oise », rapporte le conseil régional d’Ile-de-France. La présidente la Région indique que la collectivité est « prête à porter et s’engager sur tout nouveau projet qui permettra de concilier création d’emploi et enjeux écologiques pour l’est » du département.

La future gare de la ligne 17 du Grand Paris express Triangle de Gonesse ne serait pas remise en cause par ce choix. Les études socio-économiques avaient en effet prévu l’hypothèse de l’absence du parc de loisirs et de ses 30 millions de visiteurs annuels. Quant au financement de la gare, la participation de Ceetrus et de Wanda n’était pas finalisée et la Société du Grand Paris pourrait le porter seule.

Projet alternatif

Une situation qui relance le projet « Carma Gonesse », défendu comme une alternative à EuropaCity. Candidat malheureux à l’appel à projets « Inventons la métropole du Grand Paris », celui-ci – porté par Terre de liens Ile-de-France, Ferme d’avenir, Biocoop, Commerçants de France, France nature environnement, le réseau des Amap, Les Champs des possibles, Fair et l’Atelier d’architecture autogérée et quelques indépendants – développe une ambition agricole et écologique sur le secteur.

« Je me réjouis de l’abandon d’EuropaCity, nous allons maintenant pouvoir ouvrir une discussion saine et argumentée sur l’avenir de ce territoire », réagit Robert Spizzichino, un des porteurs de « Carma Gonesse ». L’équipe constituée autour de ce projet réfléchit toutefois au-delà du périmètre de la ZAC, souhaitant imaginer un modèle de développement plus large. « Le Val d’Oise peut être un département pilote en matière de transition écologique », estime Robert Spizzichino.

Sur le reste de la ZAC, Grand Paris aménagement prévoit un quartier d’affaires international d’environ 128 ha. 400 ha de ce secteur doivent par ailleurs rester des surfaces agricoles.

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