Journée nationale des réfugiés : Les Verts de Paris mobilisés

« La crise des migrants est une crise de l’égoïsme », a indiqué Eva Joly, députée européenne EELV, en visite au centre d’accueil des migrants de la Porte de la Chapelle, à Paris.

« Nous sommes très fiers d’avoir été à l’origine de la construction du centre de migrants de La Chapelle », indiquait David Belliard, coprésident du groupe écologiste de Paris mardi 20 juin 2017, lors d’une visite du site. Mais les Verts souhaitent que l’on aille beaucoup plus loin, l’Etat en particulier. « Il faut attribuer plus de titres de séjour, créer plus de places d’hébergement », a martelé Aurélie Solans, conseillère de Paris élue du 19° arrondissement. « La crise des migrants est une crise de l’égoïsme », a déclaré Eva Joly. La députée européenne EELV a rappelé que l’accord fixant le détail de la répartition des migrants entre pays de l’Union européenne, était en cours de renégociation au sein du Conseil de l’Europe.

« La crise des migrants est une crise de l’égoïsme », a indiqué Eva Joly, députée européenne EELV, en visite au centre d’accueil des migrants de la Porte de la Chapelle, à Paris, avec Esther Benbassa, Galla Bridier et David Belliard. © Jgp

Une Union européenne qu’elle a appelé à un sursaut de générosité, chiffres à l’appui. Comme l’a souligné également Esther Benbassa, sénatrice écologiste du Val-de-Marne, la Turquie accueille actuellement trois millions de réfugiés, le Liban et la Jordanie plusieurs millions. « Et l’Europe se bloque parce qu’elle ne parvient pas à s’accorder sur le cas de quelques milliers de personnes », déplorent les écologistes.

L’exemple allemand

Eva Joly a rappelé que les Allemands, en 1946, dans un pays détruit et ruiné, avait pu accueillir 11 millions de réfugiés. Que la France, sous Valéry Giscard d’Estaing, avait su intégrer 174 000 boat people… La députée européenne a décrit l’histoire de Klaus Vogel, capitaine au long cours germanique, qui a affrété un navire, l’Aquarius, pour mener en mer Méditerranée des missions de sauvetage, « et qui est en train de devenir un héros ». Klaus Vogel a su réunir les 700 000 euros nécessaires pour ce projet, après que l’Union européenne eut refusé de prendre en charge les 15 millions d’euros réclamés par l’Italie pour financer une telle mission maritime.

Des migrants manifestent leur mécontentement face au traitement qui leur est réservé, mardi 20 juin 2017 Porte de la Chapelle. © Jgp

Le groupe écologiste de Paris demande également l’ouverture d’une seconde permanence d’accueil des demandeurs d’asile (Pada), pour désaturer celle de Jaurès, boulevard de la Villette, aux interminables files d’attente et aux campements sauvages.

Ils demandent également un rééquilibrage des structures existantes, actuellement concentrées dans le nord-est de Paris, les 18° et 19° arrondissements en particulier. « Nous nous félicitons de la volonté de Paris de construire un autre centre d’accueil, en plus de ceux de La Chapelle et d’Ivry », indique Galla Bridier, conseillère EELV de Paris et conseillère métropolitaine. EELV déplore l’engorgement du centre d’accueil de La Chapelle, aux abords duquel vivent entre 500 et 1 000 migrants. Les écologistes notent, au passage, que la municipalité supplée ce qu’elle estime être les insuffisances de l’Etat, citant, par exemple, le point d’eau récemment installé Porte de la Chapelle. Un équipement salutaire en ces temps caniculaires.

« Depuis deux ans maintenant, la ville de Paris a beaucoup fait pour aider l’Etat à remplir ses missions d’hébergement, notamment en mettant son domaine intercalaire à disposition pour la création d’un centre d’hébergement d’urgence, indiquent les écologistes. D’autres communes doivent désormais accepter de suivre l’exemple de Grande Synthe et de Paris en accueillant sur leur territoire un centre de premier accueil sur le modèle de Paris », demandent-ils également.

La crainte du durcissement français

Les Verts s’inquiètent, par ailleurs, de certaines déclarations ministérielles récentes évoquant un durcissement de la politique française en matière de renvoi des migrants dits « Dublinés » dans le pays où ils ont été accueillis lors de leur arrivée en Europe. 75 000 migrants sont parvenus sur le territoire de l’Union européenne depuis le début de l’année, contre 198 000 en 2016 et un million en 2015. Entre 80 et 90 réfugiés arrivent quotidiennement dans la Capitale.

Eva Joly aux abords du centre d’accueil parisien de la Porte de la Chapelle. © Jgp

Mettre fin au règlement de Dublin

85 000 demandes d’asile ont été enregistrées par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) en 2016, 26 351 aboutissant à un accord, soit une hausse de 35 % par rapport à 2015, selon les écologistes. Ces derniers estiment, plus généralement, « qu’il faut mettre fin au règlement de Dublin, car il porte atteinte aux droits des demandeurs d’asile et provoque l’engorgement des structures dans les pays situés en première ligne de leur arrivée sur le continent ».

Ils proposent notamment « un mécanisme permanent de relocalisation des réfugiés à travers l’Union européenne, qui soit équitable et fondé sur la solidarité, prenant également en compte les liens existants et les préférences des demandeurs d’asile vis-vis d’un Etat membre en particulier ».

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