Ian Brossat : L’enfant du Parti

Si le PCF est sa seconde famille, Paris restera toujours son foyer principal. De son enfance dans le 19e arrondissement à son bureau de l’hôtel de ville, Ian Brossat est resté fidèle à sa ville comme à ses convictions.

Il n’y aura eu que le goût des lettres et des études pour le conduire hors de Paris. C’est en effet à l’Ecole normale supérieure de Lyon, après une prépa littéraire et un premier cycle de « bon élève » au lycée Henri IV, que Ian Brossat suit sa formation de professeur de lettres. Agrégé de lettres modernes et titulaire d’un DEA en littérature comparée, le jeune diplômé revient à Paris en 2003. Tous les matins, jusqu’à son entrée au Conseil de Paris, il en partira pour aller enseigner à Sarcelles. « Des années passionnantes, considère-t-il, c’est la meilleure école du monde de savoir s’adresser à une classe de 33 élèves, à Sarcelles, quand il n’y a que 32 chaises… » Il y a aussi trouvé la forme « d’utilité immédiate » dont la quête le caractérise tant.

Cette volonté d’être utile qui lui a fait choisir l’enseignement plutôt que la recherche. C’est encore cette volonté d’être utile qui a formé son engagement politique. « Mes parents étaient tous deux militants à la LCR et me traînaient régulièrement dans les manifs. En entrant au Parti communiste, j’ai fait un petit pas à droite de leur point de vue, explique-t-il avec humour. Je partage les mêmes valeurs et la même révolte qu’eux, mais à leur différence, j’assumais le fait d’être dans les institutions car j’avais envie d’être utile. C’est cela qui m’a poussé à adhérer au PCF à 17 ans. »

Ian Brossat

Ian Brossat. © François Van Zon

Ian Brossat y trouve une seconde famille. « Le Parti communiste m’a permis de sortir de mon milieu social, se souvient-il, il m’a ouvert des horizons plus vastes. » Et comme pour sa ville, loin de lui l’idée de lui faire des infidélités. « Je me dis souvent que, si je devais quitter le Parti communiste, j’arrêterais la politique. Je n’ai jamais envisagé de faire de la politique ailleurs qu’au Parti communiste, c’est ma famille et j’y ai trouvé ce que je n’aurais jamais trouvé ailleurs », explique l’enfant du PCF.

« Matin, midi et soir »

Enfant précoce pourrait-on dire, tant il a rapidement gravi les échelons du parti. Après avoir offert ses services à la direction de la fédération de Paris dans les domaines du logement, de la formation et de la communication, Ian Brossat devient conseiller de Paris en 2008 et président du groupe communiste. Enfant modèle aussi, comme sa tenue toujours impeccable pourrait le laisser croire. « Mais c’est aussi une manière de se poser en élu », confesse-t-il. Son visage juvénile, il le sait, tranche avec celui du politicien standard.

Et c’est avec ce qui se cache derrière ce visage que l’élu a su gagner la confiance des plus hautes instances. Bertrand Delanoë lui confie la présidence de la Société d’économie mixte de Paris et, en 2014, Anne Hidalgo le nommera adjoint au logement. Des responsabilités qui l’honorent et pour lesquelles il veut donner de sa personne. « Ce qui caractérise ce mandat, c’est que c’est matin, midi et soir. Mon mandat ne m’abandonne jamais. Je sors assez peu en semaine, je m’efforce d’être assez discipliné pour être en forme le lendemain. »

S’il aime s’étendre l’été sur les plages corses en lisant Bret Easton Ellis, sa véritable satisfaction réside dans le fait d’améliorer le sort des Parisiens. « Le bonheur, c’est la reconnaissance des gens, de rencontrer des personnes qui me disent que leur vie a changé parce qu’ils ont eu accès à un logement digne de ce nom. Le logement, c’est beaucoup de chiffres et de normes mais, au final, c’est changer la vie des gens. C’est un môme qui peut enfin faire ses devoirs dans sa chambre… » L’enfant et le professeur ne sont jamais loin.

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