8 jeunes de Seine-Saint-Denis, recrutés par Métropop’ ! en service civique au sein d’un « bureau d’études éphémères », ont mené une enquête sur les opportunités économiques du Grand Paris. Résultat, une plateforme de propositions disruptives pour tenter d’aplanir une route vers l’emploi qui s’apparente bien souvent à un parcours d’obstacles pour les jeunes des cités.
Certaines vérités sont bonnes à dire. La liste des obstacles qui jalonnent le parcours des jeunes des cités à la recherche d’un emploi a été rappelée jeudi 9 mai 2019 par Julien Neiertz. Cette enquête inédite a été réalisée par huit jeunes recrutés en service civique par Métropop’! pendant six mois, auprès de 129 jeunes du quartier des 4 Chemins à Aubervilliers et Pantin et 64 professionnels du champ associatif, de l’insertion, du développement économique des territoires.
Dix ateliers collectifs mobilisant 54 intervenants ont également été organisés dans ce cadre. L’enquête rappelle « à quel point les questions des facteurs sociaux sont une cause de discrimination », a souligné le délégué général de Métropop’ !. « On peut créer tous les emplois que l’on veut dans le Grand Paris, cela ne suffit pas si les questions de logements, de santé, d’accès aux droits, de casier judiciaire ne sont pas résolues », a-t-il poursuivi.
« Au terme de cette enquête, notre diagnostic soulève plusieurs questions », soulignent ses auteurs :
- la prégnance des difficultés sociales comme freins à l’employabilité et à la formation (justice, santé, logement, famille, comportement)
- la défiance profonde vis-à-vis du monde institutionnel et de ses dispositifs
- la représentation de ces métiers ou de ces entreprises qui recrutent certes mais qui n’ont pas une bonne image
- les écarts entre les modes de conduite de cette nouvelle génération et les attendus implicites du monde professionnel
Le diagnostic met également en évidence la nécessité d’adapter les outils d’information. « Ce sont aussi les modes de communication, d’information et d’action de cette jeunesse, proches de la génération « millenium », où tout doit aller vite, obtenir des résultats rapidement, qui doivent être réinterrogés », indiquent les enquêteurs.
Sur la base des témoignages recueillis, le bureau d’études éphémères formule 10 propositions clés (voir ci-dessous). Il s’agit, pied à pied de lutter contre la ségrégation sociale que cette étude a permis de caractériser : des jeunes sans réseaux, souffrant de leur manque de maîtrise des codes sociaux, souvent peu formés, peu informés aussi. Julien Neiertz a souligné que, contrairement à une idée reçue selon laquelle tout le monde connaîtrait à présent les projets du Grand Paris, « 80 % des jeunes des quartiers de l’enquête n’en n’ont jamais entendu parler, et 50 % de ces jeunes seulement savent que Paris accueillera les Jeux olympiques de 2024 ».
Les 10 propositions du bureau d’études éphémères de Métropop’ !–
– Expérimenter des Cités éducatives chargées de l’organisation de la découverte des métiers dès l’école élémentaire jusqu’à la recherche de stages en 3° et la décision d’orientation
– Etablir un diagnostic et un stage de coaching social et citoyen à la sortie de l’école
– Faciliter l’effacement du casier judiciaire, en cas de délits mineurs, par l’engagement dans une action bénévole ou la reprise de ses études
– Prévoir une programmation de logements mixtes pour les jeunes dans les aménagements du Grand Paris
– Créer un réseau social professionnel dédié au recrutement des jeunes
– Créer une agence de communication et de formation du Grand Paris, dédiée aux jeunes du quartier
– Créer des brigades d’information du Grand Paris dans les quartiers
– Créer des lieux emblématiques, à la fois pôle d’entrepreneuriat et tiers-lieu connectés au territoire
– Créer une association de « mentoring » pour soutenir les jeunes créateurs
– Réserver des budgets participatifs pour la création d’activité des jeunes
Les partenaires de Métropop’ ! sur cette enquête : villes de Pantin et d’Aubervilliers, Est-Ensemble, Plaine Commune, conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Investir l’avenir, Anru, Société du Grand Paris, préfecture de Seine-Saint-Denis, Direccte Ile-de-France, CAF, Commissariat général à l’égalité des territoires. Le projet est accompagné par une Assistance à maîtrise d’ouvrage financée notamment par l’Anru et le programme investissement d’avenir (PIA). Il s’agit d’un groupement composé des cabinets Terre d’avance, Hank, le Phares et d’un étudiant au laboratoire CEET du Cnam-CNRS.