La communication de la Cour des comptes sur la Société du Grand Paris (SGP), d’une sévérité inhabituelle dans sa rédaction, plutôt que de mettre en cause l’établissement public chargé de la réalisation du Grand Paris express, pointe surtout les responsabilités sur l’Etat.
L’absence de prise en compte par les gouvernement successifs, et surtout celui de Manuel Valls, de la mesure du chantier en cours et des besoins de son maître d’ouvrage semble en effet à l’origine de la plupart des critiques.
D’une part, les yeux rivés sur la réduction du déficit public, l’Etat n’a pas accordé les moyens nécessaires au projet. Différents élus et la SGP elle-même ont réclamé chaque année des effectifs supplémentaires. Un tableau en annexe du document de la juridiction financière rapporte d’ailleurs le décalage entre la demande de l’établissement chaque année et les efforts au compte-goutte réalisés par Bercy. Ceci a notamment entraîné un recours important à des prestataires externes, participé à la dérive des coûts et des délais, font valoir les magistrats.
D’autre part, la gouvernance aurait dû être revue avec le lancement des chantiers. Si la Cour des comptes souligne la qualité du travail réalisé en amont des travaux pour établir un schéma consensuel avec les élus, elle critique le manque de technicité d’une structure gérée par un directoire et un conseil de surveillance.
Manque de transparence
Sans vouloir décharger de ses responsabilités le maître d’ouvrage du Grand Paris express – qui a manqué de transparence sur les coûts et le calendrier –, les défauts de pilotage de l’Etat sont le plus largement soulignés et toutes les recommandations de la communication lui sont d’ailleurs adressées. Celui-ci ne devra donc pas seulement revoir le calendrier, mais procéder à d’autres ajustements afin de reprendre en main un projet dont les coûts ont largement dérivés, en raison notamment du financement, confié à la SGP sous la précédente législature, de 3,4 milliards d’euros de projets de transport hors de son périmètre.
Le gouvernement d’Edouard Philippe a rappelé cette semaine son engagement de réaliser l’intégralité du réseau d’ici à 2030, et des annonces pourraient intervenir le 23 janvier. Le conseil du surveillance se réunira ensuite le 26 janvier notamment pour lancer en urgence le premier marché de la ligne 16… afin de ne pas accroître les retards d’une ligne attendue pour les JO de 2024. Comme d’habitude, avant même que le départ de Philippe Yvin soit confirmé par une source officielle, le jeu des pronostics sur son succèsseur va bon train. Les noms de Jacques Rapoport (ancien président de SNCF réseau), Didier Bense, qui l’a remplacé à ce poste, Sophie Mougard, directrice de l’Ecole des ponts ParisTech (ex-DG du Stif), et François Philizot, délégué interministériel au développement de la Vallée de la Seine, circulent comme possibles futurs présidents du directoire de la SGP.

Tableau des besoins en ressources humaines de la SGP extrait des annexes de la communication de la Cour des comptes.