Forum des projets urbains : Carmen Santana et Franck Boutté prônent l’action face à l’éco-anxiété

Le pire serait de ne rien faire, chacun étant tétanisé par l’éco-anxiété créée par la succession des discours alarmistes sur le changement climatique. Accélérons la transition dans la joie, la bonne humeur et la concertation, ont plaidé les grand prix de l’urbanisme français et espagnol 2022 Franck Boutté et Carmen Santana.

« Il faut descendre dans l’arène », a lancé l’architecte Carmen Santana (Archikubik), lors de la table ronde d’ouverture de la 22e édition du Forum des projets urbains (FPU) qui se tenait lundi 14 novembre 2022 au Palais des congrès de la Porte Maillot. Cela pour mettre en œuvre un « urbanisme humaniste », « embarquant les habitants dans sa conception et concevoir des espaces publics comme le premier bien commun, ainsi que des bâtiments relationnels ».

Carmen Santana (Archikubik). © Jgp

Franck Boutté (Franck Boutté consultants). © Jgp

Franck Boutté a rappelé pour sa part que les derniers chiffres indiquaient que l’objectif de maintien d’une élévation de la température d’1,5° C serait dépassé, et que la trajectoire actuelle aboutissait déjà à une perspective d’élévation à moyen terme de 2,8° C en France. Le président de Franck Boutté consultants a souhaité ne pas contribuer, pour autant, à l’éco-anxiété ambiante, celle-ci pouvant conduire à un fatalisme impropre à l’action.

Le consultant a rappelé que l’Europe avait réduit ses émissions de 28 % depuis 1990, la France de 20 %. Il a dénoncé « une forme de climato-scepticisme, qui pousserait les gens à ne rien faire, parce que la France représente seulement 1 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre ». Sauf que les Français émettent en moyenne 10 tonnes de CO2 par personne et que pour atteindre les objectifs fixés par le Giec, il faut diviser cette quantité par cinq, a-t-il également fait valoir. Franck Boutté a appelé « à de nouvelles coopérations territoriales et sociales, alors que les habitants des pays les plus pauvres subissent aujourd’hui les effets des émissions des pays les plus riches ».

La nécessité du ZAN

Il a rappelé la nécessité du zéro artificialisation nette (ZAN) des sols, les capacités naturelles d’absorption du carbone se révélant moins élevées qu’anticipées. Selon le consultant, la conjonction actuelle des crises joue l’effet d’une alerte grandeur nature, « d’un futur au présent », démontrant la réalité des scénarios dessinés par le Giec ou l’Ademe.

Pour Franck Boutté, les stratégies d’adaptation aux effets du climat, aussi nécessaires que celles visant leur atténuation, ont la vertu de nous conduire à nous projeter dans le futur, à ne plus nous contenter de dessiner la ville en fonction des perspectives enseignées par l’expérience mais d’une prospective tentant d’anticiper des données à venir, par nature inconnues. L’ingénieur a déploré qu’en l’occurrence, le recours aux outils de la science « soit encore hélas insuffisant chez les acteurs de la fabrique de la ville ».

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