A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Jean-Charles Adolphe Alphand, l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France dédie une exposition au père des jardins parisiens, et complice d’Haussmann.
Paris lui doit le Bois de Boulogne, le parc Montsouris ou encore celui des Buttes-Chaumont. Si le nom d’Alphand est moins évocateur que celui de son complice Haussmann, il décède pourtant en 1891 comme le « roi de Paris ». Après une exposition dans les murs de l’IAU, un livre sortira au printemps 2018 auxquels ont contribué historiens, urbanistes, architectes…
« Pourquoi une telle exposition à l’heure du Grand Paris, si ce n’est pour retrouver cette qualité, ce projet issu d’une volonté politique, et une vision à grande échelle comme celle de l’Haussmannien, où l’on avait réussi à faire un lien profond entre les infrastructures, la géographie et l’écologique de l’époque », plaide Bénédicte Leclerc, architecte et historienne, coauteure du livre à paraître sur le Paris d’Alphand.
Intitulée « Le Paris d’Alphand, des jardins à la ville durable », l’exposition veut rendre ses lettres de noblesse à celui qui poursuivit l’héritage d’Haussmann, malgré la chute du Second Empire.
L’autre préfet de Paris
« Dans ses mémoires, Haussmann disait que c’était lui (Alphand – ndlr) le vrai préfet de Paris. Haussmann essaie de le présenter comme un homme fort mais c’était surtout un homme courtois, travailleur, aimable, diplomate. Il a mené sa barque dans un océan de tempêtes et a su nager avec habileté », raconte Bénédicte Leclerc, architecte et historienne de l’architecture et de l’urbanisme.
Avant Paris, les deux hommes se sont connus et ont travaillé ensemble en Gironde, alors que Jean-Charles Adolphe Alphand était l’architecte du port et des chemins de fer de Bordeaux. Lorsque Haussmann est nommé préfet à Paris, ce dernier invite son ancien compagnon dans son équipe d’aménageurs qui fera de Paris la Capitale telle qu’on la voit aujourd’hui.
« En quoi Alphand marque l’espace, c’est à travers tous ces détails de la grande échelle à la plus petite, une maîtrise très intéressante et qu’il serait bien de retrouver de temps en temps », estime l’historienne spécialiste de l’aménageur parisien.
L’héritage Alphand
« Toutes ces percées, ces voies ouvertes à l’intérieur de Paris pour transporter des marchandises, les fluidités de commerces, des banques, ça a pris des dizaines d’années. Quand le gouvernement du Second Empire est tombé, rien n’était terminé, La seconde partie de la vie d’Alphand a été consacrée à cela, permettre la continuité », ajoute-t-elle.
Au delà des grands jardins parisiens pour lesquels il est connu, Alphand a surtout permis, au lendemain de la chute de Napoléon III, de poursuivre les grands travaux parisiens voulus par ce dernier et engagés par Haussmann. Malgré cela, l’homme semble être tombé dans l’oubli : « il y a un chef, qui était Haussmann, et un chef encore plus fort, qui était Napoléon III. Il fallait une tête de locomotive et, derrière, un grand nombre d’architectes, Alphand n’est pas plus oublié qu’un autre », plaide Bénédicte Leclerc, en rappelant la présence d’un monument dédié à l’urbaniste sur l’avenue Foch.
Une notice nécrologique datant du 6 décembre 1891, date de décès d’Alphand, titre la mort du « roi de Paris » : « C’est à cause de l’Exposition universelle », précise Bénédicte Leclerc, « un projet commercial mais très politique. C’est Alphand qui a reçu tous les chefs d’Etat. La Ville de Paris a fait en sorte de montrer à quel point il était un héros, mais elle avait aussi hâte de se dégager de tous ses projets et de passer à autre chose, en commençant pas la dissolution de son service ».
L’exposition est accessible jusqu’au 22 décembre 2017. Elle est en libre accès du lundi au vendredi de 10h à 17h à l’IAU, 15, rue Falguière, 75015.